C’est bien connu, les Québécois aiment rire, et aujourd’hui, l’humour est une véritable industrie dans la Belle province. On compte même une école formant les humoristes de demain! Pourtant, le milieu de l’humour ne serait pas le même sans l’énorme apport des artistes suivants, dont l’influence se fait encore sentir.
Jean-Guy Moreau

Surnommé « l’homme aux mille voix », Jean-Guy Moreau, le tout premier imitateur du Québec, a carrément inventé ce métier. Parmi ses imitations les plus célèbres, on compte celle du maire de Montréal Jean Drapeau, ainsi que René Lévesque, à qui il consacrera un spectacle complet. Contrairement à la plupart des imitateurs d’aujourd’hui, Moreau ne se contentait pas de reproduire la voix et les gestes de ses victimes, il leur faisait aussi dire des choses drôles. Sans lui, il n’y aurait pas eu André-Philippe Gagnon, Pierre Verville, Véronique Dicaire ou Marc Dupré (quoi que, honnêtement, ça ne serait pas si grave que ça si on n’avait pas Marc Dupré).
Robert Gravel

En plus ses nombreux rôles dramatiques, le comédien Robert Gravel fondera (avec Yvon Leduc) la Ligue nationale d’improvisation en 1977, ainsi que le concept de match d’improvisation inspiré du sport national québécois, le hockey, opposant deux équipes qui marquent des points selon le vote des spectateurs. Chaque improvisation a un thème, un nombre de joueurs établis aléatoirement, et une durée allant de 30 secondes à 20 minutes. La LNI a rencontré tellement de succès qu’elle comprend des équipes en France, en Belgique, en Suisse et en Italie, et des championnats se déroulent chaque année entre ces pays dans le cadre du Mondial d’impro.
Pierre Légaré

Doté d’un incroyable sens de l’observation et doué pour poser des questions existentielles faisant autant rire que réfléchir, Pierre Légaré s’est tourné vers l’humour dans les années 1970, d’abord à titre de scripteur pour des émissions de radio et de télévision, ensuite comme auteur pour divers artistes, avant de fouler lui-même les planches de 1989 à 2000. Il a développé un style unique en son genre avec ses aphorismes teintés d’absurdités. Parmi ses citations célèbres, on compte « Il y a beaucoup de remèdes pour lesquels on ne connaît pas de maladie », ou « Si tu parles à ton eau de Javel pendant que tu fais ta lessive, elle est moins concentrée ».
Le Festival de l’humour québécois

Bien avant À la semaine prochaine, en 1974, quelques 200 000 auditeurs syntonisaient CKAC chaque samedi matin pour écouter Le Festival de l’humour québécois, une revue humoristique de l’actualité québécoise se moquant des artistes, des politiciens, et même des autres stations radiophoniques. Animée par Pierre Labelle, Tex Lecor, Louis-Paul Allard et Roger Joubert, l’émission était enregistrée en direct devant un auditoire à l’intérieur du salon O’Keefe, rue Peel, où la bière gratuite coulait à flots, ce qui contribuait à délier les rires du public. Très populaire, l’émission restera en ondes pendant plus de 20 ans, et aura droit à plusieurs livres et disques.
Clémence Desrochers

Dans les années 1970, alors que le domaine de l’humour était presque exclusivement masculin, Clémence Desrochers devient l’une des premières femmes au Québec à faire du stand-up, ouvrant la voie aux Lise Dion, Cathy Gauthier et Mariana Mazza de ce monde. Avec sa plume à la fois tendre et corrosive et son humour oscillant entre le comique et le mélancolique, Clémence a été l’un des miroirs les moins complaisants de notre société, depuis la grande noirceur des années 1950, où elle a fait ses débuts, jusqu’aux années 1990, où elle transgresse encore des tabous en faisant un monologue sur la ménopause.
Les Cyniques

Si la chose était plus courante aux États-Unis, peu d’humoristes produisaient des disques au Québec avant Les Cyniques. En pleine révolution tranquille, le groupe composé de Marc Laurendeau, Serge Grenier, Marcel Saint-Germain et André Dubois n’avait pas peur de faire un humour grinçant, qui contestait ouvertement la société et prenait pour cible tous ceux qui détenaient le pouvoir, des politiciens au clergé en passant par les juges, la police, ou les Canadiens anglais. À travers leurs huit albums, ils ont su prouver que l’humour pouvait aussi être engagé, et pas seulement drôle.
Marc Favreau

Avec son personnage de Sol, le clown clochard ayant fait ses débuts dans les émissions pour enfants La Boîte à Surprise et Sol et Gobelet, Marc Favreau a livré un genre unique d’humour teinté de poésie et de philosophie. Ce maître du jeu de mot, à qui nous devons des formules comme « Si tous les poètes voulaient se donner la main, ils toucheraient enfin des doigts d’auteur! » ou « Si vous donnez à un pirate de l’air, il ne faut pas vous attendre à ce qu’il vous rende la pareille », a su faire chanter la langue française comme nul autre. Depuis sa mort en 2005, on n’a encore jamais vu un autre humoriste comme lui.
Olivier Guimond

Pour plusieurs, Olivier Guimond a été le Charlie Chaplin du Québec, et le père de l’humour québécois. Cet artiste burlesque au jeu très physique et au visage immensément expressif a d’abord connu le succès sur les planches, avant d’entamer une longue carrière à la télévision dans les années 1960, ce qui le fera connaître auprès du grand public. Son sketch où il jouait un soldat surveillant une maison cossue de Westmount durant la crise d’Octobre au Bye Bye de 1970 est l’un des plus célèbres de cette revue humoristique annuelle. L’importance de Guimond est telle que le trophée remis aux meilleurs humoristes de la province porte son prénom.
Rock & Belles Oreilles

Profitant au maximum de la liberté que leur offrait la toute nouvelle chaîne Télévision Quatre Saisons, Guy A. Lepage, André Ducharme, Bruno Landry, Yves P. Pelletier, Richard Z. Sirois et Chantal Francke ont marqué les annales avec leur humour cinglant (et parfois vulgaire) qui ne reculait devant aucune controverse. Parodies de publicités et d’émissions de télévision, personnages succulents comme Monsieur Caron ou la famille Slomo, toute une génération a appris par cœur les sketches de RBO, et à leur suite, plusieurs groupes d’humoristes prendront d’assaut le petit écran, des Bleu Poudre aux Chick’N’ Swell en passant par les Appendices.
Yvon Deschamps

Demandez à un humoriste qui est sa plus grande influence, et 90% d’entre eux vous répondront « Yvon Deschamps ». C’est en 1968, alors qu’il fait partie de L’Osstidcho aux côtés de Mouffe et de Robert Charlebois qu’il livre son tout premier monologue, Les unions, qu’ossa donne. Il en créera plus d’une centaine entre 1978 et 2010, dans lesquels il dénonce le racisme, l’exploitation de la classe ouvrière, le sexisme ou l’homophobie. De la révolution tranquille au début du 21ème siècle, Deschamps a été le reflet de l’évolution de la société québécoise, et sans sa présence, le milieu de l’humour serait bien différent aujourd’hui.
L’humour québécois a évolué au fil des décennies… grâce à ces artistes incontournables !Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!