Enfance et études
Lionel Groulx naît le 13 janvier 1878 dans un milieu rural à Vaudreuil, un village situé dans la région de Montérégie. Il est le quatrième enfant de l’agriculteur Léon Groulx et de Philomène Pilon. Il ne connaîtra jamais son père qui est emporté par une épidémie de variole alors que Lionel n’est âgé que de six semaines. Sa mère se retrouve seule et doit assumer la responsabilité de la ferme et de la famille. Elle se remarie un an plus tard en 1879 avec Guillaume Émond. Ensemble ils ont seize enfants. Les enfants du premier mariage, dont Lionel, conservent le nom « Groulx » et le second mari de Philomène les élève tout de même comme les siens. En 1882, une autre épidémie, de diphtérie celle-là, prend trois autres enfants à la famille reconstituée. Lionel qui a survécu aux deux épidémies sera accablé d’une santé fragile tout au long de sa vie.
Très tôt, il montre un intérêt marqué pour l’apprentissage et la lecture, encouragé par sa famille. Sa scolarité commence au Collège Saint-Michel de Vaudreuil de 1884 à 1891, puis se poursuit au Séminaire de Sainte-Thérèse, où il obtient son baccalauréat en 1899. Durant ses études, Lionel Groulx qui s’intéresse notamment à la politique, hésite entre une carrière en journalisme et la prêtrise.
En 1900, il entre au Grand Séminaire de Montréal, où il se consacre à des études de théologie et de philosophie. Dans cette nouvelle institution, il est confronté à des idéologies politiques nouvelles. Les Sulpiciens qui dirigent l’institution se méfie du nationalisme qui était louangé par ses anciens professeurs. Ce contraste idéologique indispose le jeune Lionel Groulx qui demande à l’évêque de Valleyfield Mgr Joseph-Médard Émard de le transférer de Montréal à Valleyfield pour terminer ses études en enseignement. Cependant, il sera contraint de retourner au Grand Séminaire de Montréal après qu’il eu outrepassé son autorité en tant qu’assistant-professeur de Rhétorique, en créant une sorte d’apostolat laïc pour ses élèves.
La vocation de l’enseignement
Le 28 juin 1903, Lionel Groulx est ordonné prêtre à Valleyfield. Jouissant dorénavant d’une plus grande liberté, il se joint à un mouvement de collégiens et de professeurs du séminaire de Saint-Hyancinthe qui militent pour l’édification d’une nation canadienne-française distincte en Amérique du Nord. Le groupe travaille notamment sur le projet de l’adoption d’un drapeau officiel pour la province de Québec.
Maurice Duplessis leur permettra de concrétiser ce rêve en faisant adopter le Fleurdelisé par l’Assemblée nationale en 1948. Le drapeau est dépouillé du sacré-cœur mais demeure essentiellement le même qu’imaginé par Lionel Groulx et ses collègues. Le chanoine Groulx couronne ses études de trois doctorats : l’un en philosophie, le deuxième en théologie et le troisième en lettres françaises à l’université de Fribourg en Suisse.
À son retour d’Europe, son engagement éducatif le conduit au poste d’enseignant de français, de latin et d’histoire du Canada au Collège Valleyfield en 1909. Durant cette période, il se distingue par sa passion pour l’histoire et ses méthodes pédagogiques novatrices. Il s’implique aussi dans le domaine politique et use de son influence lors de sermon qui appuient les politiques progressistes et en faveur de la langue française. Il est inspiré par le nationalisme d’Henri Bourrassa qui commence à se faire remarquer sur la scène politique avec un nouveau parti politique : La ligue nationaliste canadienne. En 1915, il devient le premier professeur d’histoire du Canada à l’Université de Montréal, où il fonde le département d’histoire en 1916. Groulx y enseigne jusqu’à sa retraite en 1949, formant de nombreux historiens québécois de renom.
Œuvre littéraire et travaux historiques
Lionel Groulx est également un auteur très prolifique. Son œuvre littéraire comprend des essais, des romans historiques et des articles académiques. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on trouve des ouvrages qui retracent l’histoire des Canadiens français depuis les débuts de la colonie. Il écrit aussi des romans historiques, tels que « L’Appel de la race » (1922), où il explore les thèmes de l’identité et de la survivance culturelle des Canadiens français.
Ses travaux historiques sont marqués par une vision nationaliste et une volonté de valoriser l’histoire et la culture québécoises. Groulx insiste sur l’importance de la langue française, de la foi catholique et de la culture canadienne-française comme piliers de l’identité québécoise. Ses écrits ont une influence profonde sur la pensée nationaliste au Québec et continuent de susciter des débats parmi les historiens contemporains.
Implication politique
Lionel Groulx n’est pas seulement un historien et un enseignant ; il est aussi un acteur politique engagé. Bien que jamais impliqué directement dans la politique partisane, ses idées et écrits ont un impact considérable sur le mouvement nationaliste québécois.
Il est un ardent défenseur de l’autonomie provinciale et milite pour la reconnaissance des droits des Canadiens français. Il collabore avec plusieurs journaux et revues, dont « L’Action française » et « L’Action nationale », où il publie des articles et des essais sur des questions politiques et sociales.
Un grand voyageur
Tout au long de sa carrière, Lionel Groulx voyage beaucoup, visitant l’Europe à plusieurs reprises. Ces voyages lui permettent de comparer la situation des Canadiens français avec celle des autres minorités francophones et catholiques en Europe. Ses observations nourrissent ses réflexions sur l’identité et la survivance culturelle des Canadiens français.
Fin de carrière
Après une carrière riche et influente, Lionel Groulx prend sa retraite en 1949. Il continue cependant d’écrire et de participer aux débats intellectuels jusqu’à sa mort.
Le 23 mai 1967, Lionel Groulx s’éteint à l’âge de 89 ans, laissant derrière lui un héritage immense. Sa contribution à l’histoire, à l’éducation et à la culture québécoise est commémorée de nombreuses façons, notamment par la création de la Fondation Lionel-Groulx, dédiée à la promotion de l’histoire du Québec.
Prix et Honneurs
De son enfance et jusque après sa mort, Lionel Groulx reçoit de nombreux prix et honneurs en reconnaissance de ses contributions. Il est notamment nommé compagnon de l’Ordre du Canada en 1967, une distinction honorifique parmi les plus prestigieuses au pays. Plusieurs institutions portent son nom, dont le Collège Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse et une station de métro à Montréal, soulignant son importance dans la mémoire collective québécoise.
Lionel Groulx est une figure centrale de l’histoire et de la culture québécoise. Son engagement pour la préservation et la promotion de l’identité canadienne-française, son travail d’enseignant et d’historien, ainsi que son influence politique font de lui un personnage incontournable. Son héritage perdure à travers ses écrits, les institutions qui portent son nom et l’impact durable de ses idées sur la société québécoise. Groulx incarne une époque de transformation et de revendication culturelle qui a forgé le Québec d’aujourd’hui.
Lionel Groulx est reconnu comme le pionnier de l’histoire québécoise. Cet article explore sa vie, ses œuvres et son impact sur le Québec.Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!