Le Bonhomme Carnaval : fierté québécoise ou roi du marketing ?

L’origine du Bonhomme Carnaval : entre mythe et marketing

Au Québec, difficile de dissocier l’hiver du Bonhomme Carnaval. Ce grand personnage tout de blanc vêtu, coiffé d’un bonnet rouge et ceint d’une ceinture fléchée, est bien plus qu’une mascotte.

Mais d’où vient-il exactement ? Est-ce une invention marketing pour attirer les foules ou une figure profondément enracinée dans notre culture ?

Pour répondre à ces questions, faisons un petit voyage dans le temps pour éclaircir le mystère du Bonhomme Carnaval.

Un mythe québécois ou une adaptation moderne ?

Le Bonhomme Carnaval s’inspire d’une figure folklorique répandue dans les cultures où l’hiver règne en maître : le bonhomme de neige. Mais contrairement à son cousin européen, souvent représenté comme un personnage joyeux mais éphémère, le Bonhomme québécois est bien plus chargé de symboles.

Certains y voient une incarnation des festivités hivernales d’autrefois, où l’on célébrait la fin de l’hiver avec des festins, des feux de joie et des danses. D’autres soulignent des influences païennes, où des figures anthropomorphiques (avec des caractéristiques humaines) étaient créées pour défier la rudesse de l’hiver. Ce folklore se mêle à une volonté de réinventer les traditions au fil des époques.

Le marketing entre en scène : naissance du Bonhomme moderne

C’est en 1954, avec la relance du Carnaval de Québec, que le Bonhomme Carnaval tel qu’on le connaît aujourd’hui voit le jour. L’idée est simple : le Carnaval a besoin d’un ambassadeur emblématique capable de rallier la population et d’attirer des touristes.

Inspirés par les mascottes populaires d’autres grands événements, les organisateurs imaginent un personnage chaleureux, accueillant et typiquement québécois. Sa première apparition publique a eu lieu le 9 janvier 1955 devant la porte Saint-Louis. À ce moment, le Bonhomme Carnaval a invité la population à fêter les trois semaines précédant le Carnaval.

Le succès est immédiat. Avec son sourire éclatant et son attitude bon enfant, Bonhomme devient rapidement le visage de l’hiver à Québec.

Mais il ne s’agit pas seulement d’une figure symbolique. Derrière le bonnet rouge et la ceinture fléchée se cache une stratégie marketing bien huilée. Au fil des ans, il est devenu bien plus qu’une simple mascotte ! Le Bonhomme est présent sur les affiches, les publicités et même les produits dérivés. Sa notoriété est impressionnante : reconnu par 93 % des Québécois et 61 % des Canadiens, il est plus célèbre que bien des politiciens et est accueilli partout comme une vedette rock. Il participe également à des campagnes publicitaires, comme celles des restaurants Saint-Hubert, renforçant ainsi sa présence médiatique.

Cette popularité contribue directement au succès du Carnaval de Québec, qui attire chaque année des centaines de milliers de visiteurs, générant des retombées économiques significatives pour la région. En effet, le Carnaval de Québec est considéré comme le 3ᵉ plus grand carnaval au monde après celui de Rio et celui de la Nouvelle-Orléans : ce n’est pas rien ! Notre Bonhomme incarne donc un symbole fort et un ambassadeur du Québec, tant au Canada qu’à l’internationale.

Quand la culture et le marketing se rencontrent

Le Bonhomme Carnaval est-il un pur produit marketing ? Pas tout à fait. Même si son rôle a été amplifié par les besoins commerciaux du Carnaval, il représente tout de même vaillamment des valeurs profondément enracinées dans la culture québécoise : la chaleur humaine, la résilience face à l’hiver et le plaisir de se rassembler pour célébrer.

Ses accessoires, eux aussi, racontent une histoire.

En effet, impossible d’imaginer le Bonhomme Carnaval sans son bonnet rouge distinctif. Présent depuis sa création en 1954, ce bonnet rappelle les tuques traditionnelles que les Canadiens français utilisaient pour affronter le froid hivernal. Symbole vestimentaire du Carnaval, il arbore la couleur rouge, vibrante et chaleureuse, invitant tous les participants à en faire autant pour se plonger dans l’esprit festif.

Le bonnet s’accompagne de la célèbre ceinture fléchée, un accessoire aussi esthétique que symbolique. Cette ceinture, profondément ancrée dans l’histoire québécoise, évoque les influences françaises, anglaises et autochtones qui ont façonné l’identité de la province. Portée autrefois par les habitants de la Nouvelle-France et les coureurs des bois, elle incarne aussi le savoir-faire artisanal et traditionnel de la province.

Avec son bonnet et sa ceinture, le Bonhomme Carnaval ne se contente pas d’être une mascotte : il devient un véritable ambassadeur de l’histoire québécoise et de sa culture, tout en portant haut l’esprit festif du Carnaval.

Bonhomme, roi incontesté de la fête

Le rôle central de Bonhomme se manifeste dès la cérémonie d’ouverture du Carnaval. Lors de cet événement, le maire de Québec lui remet symboliquement les clés de la ville, marquant ainsi le début officiel des festivités. Ce geste fait de Bonhomme le « maître incontesté des réjouissances » et le « roi de la fête ».

Pendant toute la durée du Carnaval, Bonhomme conserve ces clés, symbolisant son règne festif sur la ville. La fête se termine par une cérémonie de clôture où Bonhomme remet les clés aux autorités municipales, marquant la fin des célébrations et son départ jusqu’à l’année suivante.

Le Bonhomme Carnaval, d’hier à aujourd’hui

Depuis sa création en 1954, Bonhomme Carnaval a connu une évolution significative tout en conservant son essence et son importance pour le Carnaval de Québec.

Si son apparence a été légèrement retouchée au fil des ans pour le rendre encore plus attrayant, Bonhomme reste fidèle à son essence. Son costume initial a été modernisé, mais il conserve ses accessoires emblématiques qui racontent une histoire et rassemblent une communauté.

Aujourd’hui, Bonhomme ne se contente plus de régner sur les festivités : il a aussi un horaire bien rempli ! Entre les apparitions lors des événements du Carnaval, il visite les écoles, les hôpitaux et les résidences pour personnes âgées, apportant sourires et chaleur partout où il passe.

D’une simple mascotte créée pour accompagner la vente d’effigies, Bonhomme est devenu un véritable symbole vivant, représentatif de l’esprit du Carnaval et de la joie québécoise, rayonnant autant au niveau local qu’international.

Et vous, que représente le Bonhomme pour vous ?

Qu’on le considère comme un héros folklorique ou un génie du branding, le Bonhomme Carnaval continue de nous rassembler et de réchauffer nos hivers. La prochaine fois que vous le verrez danser lors des festivités, vous saurez que derrière ce sourire se cache peut-être un petit coup de marketing, mais surtout une histoire riche en couleurs !

Alors, êtes-vous prêt à enfiler votre ceinture fléchée et à rejoindre la fête ? 🎉