Accueil » Geek » Nature et vie sauvage » Les 10 indices du passage d’un animal en hiver

Les 10 indices du passage d’un animal en hiver

Voici 10 astuces pour trouver des animaux du Québec pendant hiver!

J’entends souvent dire que l’hiver au Québec, il n’y a pas de vie. Que tous les animaux sont partis ou endormis. En tant que biologiste, je vous assure que c’est faux! Beaucoup d’animaux restent actifs en hiver, mais ils doivent trouver des moyens de se cacher des prédateurs et du froid, ce qui explique qu’ils soient moins visibles.

Je vous propose d’ouvrir l’oeil autrement cet hiver: au lieu de chercher les animaux, cherchez plutôt… les traces de leur présence. Je ne parle pas uniquement des traces dans la neige; ça, vous connaissez. Je veux vous parler des autres indices de la présence animale. Prêt? C’est partit!

Empreinte de Pékan dans la neige

1. Les excréments

Sans doute le plus facile des indices à repérer; Un beau tas brun sur le blanc immaculé de la neige: ça saute aux yeux! Ça peut paraître anodin, mais les excréments peuvent nous en apprendre beaucoup sur l’animal qui est passé par là. Saurez-vous identifier ces crottes sans lire la légende? Sauriez-vous au moins me dire ce que mange l’animal qui les a déposées là?

Les herbivores font généralement des cacas en petites boulettes dures et sèches. La grosseur, la forme des boules et même leur couleur varie selon l’espèce.

Les carnivores laisseront des crottes plutôt molles et d’aspect collantes: n’y touchez pas, vous allez vous beurrer les doigts!

2. Les trous dans la neige

Plusieurs de nos petits mammifères creusent des trous dans la neige. C’est le cas des souris, des musaraignes, des écureuils, et de bien d’autres. Quand le trou est sur un sol plat, il y a souvent des toutes petites traces qui s’y rendent. On voit rarement la forme des pattes pour les plus petits trous car les souris ou musaraignes ont le ventre qui frotte dans la neige dès qu’elle est un peu trop molle; on verra donc une trace continue comme si on dessinait avec un doigt dans la neige.

Mulot rayé

Là où c’est plus difficile à voir, c’est quand le trou est sur le côté d’un banc de neige. Ayant de la pelouse de chaque côté de mon entrée, il n’est pas rare de voir ces trous sur les bords des monticules laissés par mon déneigeur. Il n’y a évidemment pas de traces de pas, et parfois, après une bordée de neige, le trou n’est plus visible. Mais à un moment, la petite musaraigne repasse par là et déneige cette porte verticale qui est l’entrée de son royaume souterrain.

3. Les odeurs musquées

Bien qu’on cherche beaucoup avec les yeux, nos autres sens peuvent aussi nous indiquer la présence d’un animal. Les renards, pékans, hermines, et bien d’autres dégagent une odeur musquée qui peut s’apparenter à de la sueur. Et non, il n’y a pas que la moufette qui pue! Même les ours peuvent laisser une odeur derrière eux, bien qu’il soit plus rare de passer assez près pour la sentir. Ces odeurs proviennent de l’urine et des glandes des animaux. À la fin de l’hiver, quand les mâles marquent leur territoire et se préparent à la reproduction, les odeurs deviennent particulièrement fortes.


4. Les bouts de branches mangés

Plusieurs animaux jeûnent l’hiver, mais ils ne sont pas tous endormis! Les cerfs sont un bon exemple: ils sont herbivores et, je ne vous apprend rien, il n’y a pas beaucoup de feuilles à manger l’hiver. Toutefois, ils deviennent opportunistes: ça veut dire que si un arbre a des nouvelles branches délicates, ou mieux, des bons bourgeons dodus, ils ne résisteront pas longtemps au passage d’un cerf affamé. Imaginez un jeune arbre de deux ou trois ans face à un orignal…!

5. Les traces de bois… sur le bois

L’écorce peut aussi être une collation de choix pour nos cervidés (cerfs, orignaux, wapiti…) durant la saison de la disette. Toutefois, si vous observez des traces sur les arbres qui ressemblent à des coups de pinceau, c’est le frottement de leurs bois qui les a produits. Ceux-ci, bien qu’ils adviennent plus durant l’été, sont plus visibles l’hiver car les arbres sont dépouillés. Les mâles frottent leurs jeunes bois contre les arbres pour retirer la peau qui les recouvrent. Une fois le panache bien poussé, les mâles les utilisent pour se battre entre eux afin de démontrer leur force et leur vigueur aux femelles. Il arrive aussi qu’un surplus d’énergie virile les pousse à se défouler contre les arbres, créant de nouvelles marques sur l’écorce. Ah, messieurs…

Il faut savoir que les cerfs et les orignaux perdent leurs bois à chaque hiver, et que ceux-ci doivent repousser à chaque printemps. Si vous êtes chanceux, vous pourriez trouver leurs bois par terre en forêt, ou encore coincés à l’aisselle d’une branche: définitivement, les arbres sont bien utiles pour les problèmes de panache!

Frottis d’un orignal tentant de faire tomber ses bois. Cette perte de bois hivernale s’appelle la mue, au même titre que la perte de poils saisonnière de votre animal. Photo: WillyHeeler

6. Les trous de pic dans les troncs

Encore une fois, il est possible que ces trous ne soient pas récents. Observez l’état du bois dans le trou, ça vous donnera un indice sur le temps écoulé depuis le repas de l’oiseau. Les pics sont actifs l’hiver et se nourrissent des insectes qui hibernent dans les arbres morts, vieillissants ou malades. Les arbres sains sont moins attrayants pour les insectes, et donc pour les pics affamés. Vous n’iriez pas dans une épicerie aux comptoirs pratiquement vides, eh bien les oiseaux non plus!

Grand pic. Photo: Aaron J Hill

7. Les trous-maison dans les arbres

Les vieux trous sont généralement utilisés comme maison. Par qui? Oiseaux, écureuils, ratons laveurs, chauves-souris, alouette – bien que l’alouette hausse-col que nous avons au Québec niche au sol! Ces trous peuvent être le résultat d’un animal ayant creusé, d’un dommage causé par un champignon ou par la météo, ou même être la forme naturelle de l’arbre suite à une blessure durant sa croissance. Bien qu’on ne voit pas vraiment qui se trouve dedans, regardez autour: du poil pris dans l’écorce, des traces de pas ou des crottes dans la neige au pied de l’arbre, ou même les réserves de cocottes d’un écureuil au pied de celui-ci sont de bons indices pour deviner qui occupe le mystérieux trou.

Effraie des clochers. Photo: Robert Stokoe

8. Les branches déneigées

Ne voulant pas trébucher, nous regardons souvent le sol quand nous marchons… ou notre téléphone, c’est selon! Mais lever les yeux peut nous révéler la présence de bien des animaux. Observez les branches des arbres et les fils électriques. La neige s’est-elle accumulée partout de manière égale? Je parie qu’un jour ou deux après une bordée de neige (et s’il n’a pas trop venté), vous pourrez constater le déneigement de certaines branches. C’est le signe qu’un oiseau, un écureuil, un porc-épic, ou peut-être un pékan, est passé par là.

9. Les oiseaux de proies sur les fils et cimes des arbre

Encore une fois, levez les yeux. Ce n’est pas une trace d’animal, mais bien l’animal même que vous pourriez voir. Les oiseaux de proie (en particulier les buses et les hiboux) sont faciles à observer en hiver si on sait où regarder. Ils se perchent lors de journées calmes sur les fils électriques et la cime des arbres offrant une vue dégagée sur un vaste espace plat. Quand je fais la route Granby-Montréal, je peux facilement observer 4 ou 5 buses à queue rousse le long de l’autoroute!

Qu’est-ce qu’ils font là? Ils chassent, évidemment! Ils guettent les souris dans les champs ou encore une mouffette qui sortirait de son hibernation une journée de beau temps, pour le plus grand régal d’un grand duc affamé. (Notons quand même que ces oiseaux n’ont pas un très bon odorat!) Bon appétit!

Buse à queue rousse
Buse à queue rousse. Photo : Shaffer 56

10. Les bruits d’oiseaux

Finalement, un autre sens qu’on sous-estime l’hiver: l’ouïe. Les oiseaux résidents (qui ne migrent pas) sont vraiment nombreux, même s’ils se blottissent souvent dans un arbre à l’abri du vent.

Janvier, février: ouvrez vos oreilles pour entendre leurs piaillements et leurs chants d’amour. Les geais bleus, les mésanges à tête noire, les cardinaux sont particulièrement vocaux et si vous installez une mangeoire, vous aurez même le plaisir d’observer leurs couleurs encore plus franches qu’en été.

Mars, avril : redoublez d’attention car c’est le retour des mâles migrateurs. Ils veulent trouver un bon territoire et être le premier à chanter pour charmer les demoiselles. Pour peu que vous soyez attentif (et que vous n’habitiez pas sur Jean-Talon à Montréal), je vous promets que vous entendrez un nouveau chant chaque semaine. Personnellement, c’est mon plaisir coupable le matin en sortant mes chiens, de tendre l’oreille à cette arrivée, lente mais certaine, du printemps.

Bonne chance, chers détectives animaliers !

Voilà! Avec ces quelques dix indices, vous en avez pour des heures de plaisir et de recherche. Pour peu que vous tendiez l’oreille, que vous ouvriez l’oeil et que vous dilatiez vos narines, vous devriez être en mesure d’identifier la présence de notre magnifique faune québécoise. Plongez dans l’hiver!



Vous vous demandez où se cachent les animaux pendant le long hiver québécois? Je vous propose d’ouvrir l’œil autrement cet hiver... Voici 10 indices pour reconnaître leur présence ... 🦊🐺🐻🦔
Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!
Moyenne de 5 sur 12 votes

Photo de profil de Audrey Martel

Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

On veut votre avis sur ce contenu québécois