Considéré pendant trop longtemps comme une forme d’expression artistique mineure s’adressant principalement aux plus jeunes, la bande dessinée a enfin toute la reconnaissance qu’elle mérite au Québec depuis quelques décennies, et parmi les nombreux albums de qualité sur lesquels les lecteurs peuvent mettre la main, voici assurément les 10 meilleurs.
Hiver Nucléaire – L’intégrale

Suite à un accident à la centrale nucléaire de Gentilly-3, l’hiver règne sans répit depuis maintenant six ans. Des quartiers complets de Montréal au nord de Jean-Talon, dont Parc-Extension, sont désormais ensevelis sous un manteau blanc, et complètement inaccessibles. Travaillant pour la compagnie Livraison Blizzard, Flavie Beaumont transporte des produits plus ou moins essentiels à bord de son fidèle ski-doo, mais en raison des radiations, son sang se met littéralement à chauffer et elle fait preuve d’une force surhumaine lorsqu’elle se choque, dans cette amusante bande dessinée de Cab où tous les Québécois se reconnaîtront.
Vogue la valise – L’intégrale

Siris n’a pas eu une enfance facile. Père alcoolique, mère bien intentionnée mais impuissante à empêcher les travailleurs sociaux de lui retirer la garde de ses enfants, frères et sœurs qui, comme lui, furent barouettés d’un bord et de l’autre dans toutes sortes de familles d’accueil plus intéressées par les chèques gouvernementaux que par le bien-être des tout-petits dont ils avaient la charge, le bédéiste se livre avec beaucoup de générosité dans Vogue la valise. Il aborde aussi la manière dont est née sa passion pour la bande dessinée. Le récit est donc porteur d’espoir, un aspect renforcé par ses dessins sympathiques et très colorés.
Baptiste le clochard

Tandis que Diogène vivait dans un tonneau, Baptiste, le héros du dessinateur et caricaturiste du journal Le Soleil André-Philippe Côté, habite une poubelle de tôle, et cet homme, qui n’est ni à gauche ni à droite mais en-dessous, rêve d’un monde où il n’y aurait pas de job. Avec un humour intelligent invitant à la réflexion, le sans-abri observe la société qui l’entoure, et qui l’a mis à l’écart. Qu’il s’agisse de la guerre, du chômage, de la condition de la femme, du gaspillage alimentaire, de la bureaucratie, du racisme, des impôts, de la mort, et même de Dieu, aucun sujet n’est épargné par ce philosophe en herbe.
Les Nombrils : Un couple d’enfer

Même si la série créée par Delaf et Maryse Dubuc tourne autour de trois adolescentes, tous les lecteurs, peu importe leur âge ou leur sexe, peuvent apprécier Les Nombrils. Tandis que les premiers albums se limitaient à des gags en une page, l’histoire globale évolue au fil du temps, et finit par adopter un ton (et des thèmes) un peu plus sérieux. Intitulé Un couple d’enfer, le cinquième tome marque un point tournant puisque Karine, la souffre-douleur de ses deux « amies » Vicky et Jenny, adopte un look gothique, se met à chanter dans un groupe, et s’assume, devenant moins réceptive aux abus dont elle était auparavant victime.
La cité oblique

Saviez-vous que le maître de l’horreur H.P. Lovecraft a visité la ville de Québec à trois reprises dans les années 1930, et que ses voyages lui ont inspiré un livre intitulé To Quebec and the Stars? C’est le point de départ de La cité oblique, un roman graphique proposant une version déformée et alternative de l’Histoire de notre province, peuplée par une légion de monstres lovecraftiens et une ancienne tribu maléfique qui habitait le continent bien avant l’arrivée des colons. Grâce aux splendides illustrations de Christian Quesnel, plus proches de la peinture que du dessin, cet album est un pur régal pour les yeux.
Les rescapés de l’éternité

Bien qu’il compte parmi les bédéistes les plus accomplis, Grégoire Bouchard est malheureusement peu connu du public. Son héros, le capitaine Bob Leclerc, a repoussé l’invasion du Canada par les Martiens dans les années 1950, et grâce aux bienfaits d’un fluide extraterrestre, il est âgé de 157 ans lorsque débute Les rescapés de l’éternité, sa plus étrange aventure à ce jour. Dépeignant le Québec de 2059, l’artiste crée de la science-fiction de série B aux accents rétro, et ses dessins incroyablement riches et minutieux méritent que l’on s’attarde à chaque case pour en déguster toutes les subtilités.
Maxiplotte

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, à une époque où la bande dessinée n’avait pas encore acquis ses lettres de noblesse au Québec, Julie Doucet publie son propre fanzine, intitulé Dirty Plotte, une série autobiographique subversive et féministe où elle aborde, sans pudeur, la sexualité, les stéréotypes avec lesquels doivent composer les femmes, et ses propres expériences personnelles. Preuve que nul n’est prophète en son pays, l’anthologie Maxiplotte sera publié en France en 2021, et remportera le Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême l’année suivante.
Des tondeuses et des hommes

La banlieue est réputée comme un lieu tranquille où il ne se passe pas grand-chose, mais ce n’est certainement pas le cas de Bungalopolis, l’endroit qu’habite Jérôme Bigras, le personnage ventru et iconoclaste qui a vu le jour dans les pages du magazine Croc en 1985. Grâce à l’imagination délirante de Jean-Paul Eid, ce héros pas comme les autres est entraîné dans des histoires rocambolesques, où des épaves de galions espagnols traînent au fond de la piscine, des monstres se cachent dans la cave, et où les garde-robes mènent directement au centre de la Terre. Des tondeuses et des hommes est un véritable chef-d’œuvre d’humour absurde!
Paul à Québec

En l’espace de quelques années, Michel Rabagliati, et son personnage de Paul, s’est rapidement imposé comme un incontournable de la bande dessinée québécoise. Si tous ses albums sont excellents et mettent en scène les paysages familiers de la belle province, le sixième tome, intitulé Paul à Québec, qui parle du cancer du pancréas de son beau-père Roland, est tellement touchant qu’il ne laissera personne indifférent. Pas étonnant qu’il ait remporté le prix du public au prestigieux Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, et qu’il ait même été porté au grand écran par le réalisateur François Bouvier.
Red Ketchup : Le couteau aztèque

Red Ketchup a vu le jour dans les pages de Michel Risque avant que sa popularité n’éclipse celle du héros à la mâchoire carrée et qu’il n’obtienne sa propre série solo. Combinant la violence exagérée des comics américains à une sensibilité et à un humour bien québécois, le personnage est devenu, avec le temps, l’une des figures les plus iconiques de la bande dessinée d’ici. Tous ses albums valent évidemment la peine d’être lu, mais Le couteau aztèque est sans doute le plus déjanté, alors que l’agent du FBI est projeté à travers le temps et réécrit l’histoire même de l’humanité à sa façon.
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