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L’hiver, on reste dans les sentiers, ou on en sort?

On voit souvent ces restrictions dans les parcs, les forêts, les pistes cyclables… mais sans vraiment expliquer pourquoi. Et c’est parfois très frustrant, surtout quand on est, comme moi, curieux de nature… Eh bien aujourd’hui, je vous offre des réponses, en plus de vous expliquer comment bien vous déplacer en nature si vous avez le droit de sortir des sentiers!

Pourquoi faut-il rester dans les sentiers?

1. Pour votre sécurité

Je sais, ça sonne cliché… Mais j’ai été témoin d’un incident de sous-bois cet hiver, sur mon propre terrain, et impliquant… ma mère!

Je vous explique: étant fans de chambres d’évasion, j’organise depuis quelques années un «escape cadeaux» pour ma mère et mon beau-père (que je salue!). Mon conjoint et moi passons des semaines à tout préparer, tous fiers de faire travailler nos deux invités.

Cette année, j’ai décidé de cacher des morceaux de clés dehors!


C’était parfait, il avait neigé abondamment, et comme j’ai un terrain assez grand et boisé, il y a des cachettes en masse. L’ennui, c’est qu’avec le vent, la neige était toute belle et toute lisse partout; on se doute pourtant qu’un terrain boisé est tout sauf lisse! En plein milieu, il y a un petit ravin (pour l’écoulement de l’eau) d’environ deux pieds de profondeur.

C’est peu.

C’est pratiquement rien!

Alors ma mère, toute insouciante, aperçoit un morceau de clé droit devant elle. Le sol est blanc, plat, innocent… et cachait néanmoins un piège!

Vous me voyez venir?

Elle, elle n’a rien vu!

Elle s’enfonçait dans la neige jusqu’aux chevilles, déterminée qu’elle était vers son but, et soudainement, elle s’est enfoncé jusqu’aux genoux, a perdu l’équilibre, et est tombée face la première et de tout son long dans la neige.

Mon conjoint et moi, on était à l’intérieur, et on a tout vu par la fenêtre…


On était morts de rire et elle riait trop elle-même pour se relever. Elle ne s’est pas du tout fait mal (ouf! Ma vieille mère!), mais vous comprenez quand même que ça aurait pu être très dangereux. Alors attention: ne sortez pas des sentiers! (Même si vous les connaissez!)

2. Pour la nature

Je sais, qu’est-ce qu’un pied hors d’un sentier fait de mal? Étonnamment, plusieurs choses. Il faut aussi penser que la curiosité des humains est forte et que quand on voit des traces, on veut les suivre. Votre petite escapade pour observer un trou dans un arbre peut donc mener, à mesure que les curieux suivent vos pas, à un nouveau sentier, ou du moins, une cicatrice dans la forêt. Voici quelques éléments de la nature qui peuvent être perturbés lorsqu’on sort des sentiers en hiver, et dont le dérangement se répercute parfois jusqu’en été:

  • Effondrement de tunnels de micromammifères (souris, musaraignes, mulots, etc.)
  • Compactage de la neige (l’empêchant de fondre assez vite au printemps pour que les plantes printanières s’y développent)
  • Compactage du sol (empêche l’étalement des racines, le ruissellement de l’eau, les poches d’oxygène)
  • Bris de branches ou de plantes fragiles (plusieurs végétaux mettent des années à pousser et briser une branche en marchant dessus parce qu’on ne la voit pas peut retarder son développement)

Il y a plusieurs autres raisons, mais ici sont les plus évidentes. Pensez à ce coin de rue où vous coupez en diagonale dans l’herbe plutôt que faire le tour. Pensez à la terre devenue toute sèche et poudreuse de ce «sentier» en été. Eh bien ces perturbations sont aussi causées par les passages répétés en hiver.

Mine de rien, on crée énormément de perturbations, et ça commence toujours avec un seul pas hors du sentier… Comme la seule fois où on était en retard pour prendre le bus et qu’on a tourné le coin rond…

Photo: Metro Centric

3. Respecter les espaces protégés pour pouvoir continuer de les visiter

Finalement, ma troisième raison est un peu plate, mais vous n’êtes pas chez vous!

Ce parc dans lequel vous profitez de la nature n’est probablement pas public, il appartient à quelqu’un (souvent un organisme de conservation). S’ils vous permettent gentiment de vous y promener, respectez le fait qu’ils vous demandent de rester dans les sentiers, sans quoi des mesures pourraient être prises pour limiter les dégâts à l’environnement… Comme fermer l’accès au public. Alors soyez respectueux du terrain d’autrui:

  • Vous allez camper? N’abattez pas un arbre pour faire du feu: il a mis 50 ans à pousser et les milliers d’autres campeurs sur ce terrain viendraient à bout de la forêt en une seule saison: achetez du bois à l’accueil.
  • Vous faites de la raquette et vous aimez la belle neige fraiche? Ne créez pas de nouveau sentier : attendez une grosse bordée et soyez le premier à arpenter les pistes.
  • Vous êtes curieux et vous voulez vous approcher des arbres/champignons/rochers? N’allez pas là où il est interdit de sortir des sentiers: trouvez un terrain où c’est autorisé, ou encore, demandez à quelqu’un possédant un grand terrain comme une érablière ou un terrain de chasse si vous pouvez vous y promener.

Comment bien sortir des sentiers

Les endroits où c’est autorisé ne disent généralement pas comment bien le faire. Je vous offre donc quelques pistes pour vous promener en toute sécurité en dehors des sentiers là où c’est permis:

  • Observez où vous mettez les pieds (!). C’est bête, mais le hors piste, particulièrement en hiver, ça demande de l’observation. S’il y a un tronc mort au sol, peut-être que la neige cache des branches qui risqueraient de vous faire trébucher. (Maman, ce conseil est pour toi!)
  • Si la neige est très épaisse, sondez-la avec une longue branche avant de mettre le pied n’importe où.
  • Évitez de compacter le sol. Si vous êtes plusieurs et passez souvent au même endroit, restez dans votre propre sentier autant que possible, mais si vous êtes un petit groupe et ne passez qu’une fois, marchez à des endroits différents; une plante sous la neige aura plus de chances de s’en remettre si une seule personne marche dessus. Aussi, marcher sur les rochers ou les troncs peut être un moyen d’éviter de compacter le sol, mais faites attention à ne pas vous blesser. Si vous visitez un endroit en été avec un sol particulièrement mou ou spongieux, votre passage peut être plus dérangeant que sur un sol dur: visez ce qui est solide pour vous déplacer.
  • Ne brisez ou déplacez rien. Si des branches vous bloquent, faites le tour. Si un tronc mort est au sol, n’y touchez pas. Ces structures deviennent souvent un point de départ pour un nid, ou encore une cachette pour hiberner. Si vous sortez des sentiers, VOUS êtes l’élément qui doit se plier à la nature, et non l’inverse.
  • Message de la biologiste en moi: si vous croisez un animal, par pitié, ne le nourrissez pas! Votre barre-tendre aux petits fruits est peut-être toxique pour lui et causera bien des maux dans quelques heures. Ne vous approchez pas, ils peuvent être dangereux même s’ils n’en ont pas l’air. Ne faites pas trop de bruit, ne laissez pas vos déchets sur place… Soyez respectueux bon! C’est quand même dommage de devoir inclure ceci dans mon article, mais que voulez-vous, les humains sont des humains!…

Finalement, utilisez votre gros bon sens, je sais que vous en êtes capable! La nature est forte, mais également fragile… et vous aussi, au fond! C’est pourquoi je vous recommande fortement d’avoir avec vous un téléphone CHARGÉ, de l’eau, un kit de premiers soins, un ami et un GPS.

Une boussole aussi, si vous y tenez… mais soyons sérieux, savez-vous comment vous en servir? Ça fait des bien belles photos Instagram, mais avec un téléphone, vous avez plus de chances de vous en sortir si vous vous perdez! Et si c’est votre première fois, n’allez donc pas vous perdre dans les montagnes des Laurentides où il n’y a pas de signal… Même dans une petite forêt, le hors piste est intéressant… et comporte son lot de danger!


On voit souvent ces restrictions dans les parcs, les forêts, les pistes cyclables... mais sans vraiment expliquer pourquoi. Eh bien aujourd'hui, je vous offre des réponses, en plus de vous expliquer comment bien vous déplacer en nature si vous avez le droit de sortir des sentiers!
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Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

2 réflexions au sujet de “L’hiver, on reste dans les sentiers, ou on en sort?”

  1. Bonjour,
    Je vous remercie pour ce blogue que je trouve très intéressant surtout que je serai nouvelle arrivante au Québec et pas habituée à la neige.
    C’est vraiment important de savoir toutes ces informations pour se protéger et protéger la nature qui nous protège à son tour.
    J’aimerais bien vous lire d’autres articles sur des sujets divers.

    Merci,
    Karima

    Répondre
    • C’est vraiment gentil Karima ! Bienvenue sur le blogue et surtout bienvenue au Québec 🙂

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