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Comment voir un Harfang des neiges au Québec

Un petit guide pratique afin d'observer un Harfang des neiges au Québec!

Avez-vous déjà vu un harfang des neiges en vrai? Vous savez, ce magnifique hibou blanc, emblème aviaire du Québec? Moi oui! J’ai eu la chance d’en côtoyer un de proche quand je travaillais au Zoo de Granby, et celui-ci est même souvent présenté au public en hiver!

Photo: Audrey Martel, 2019

Toutefois, mes rencontres les plus impressionnantes n’étaient pas celles avec Blanche Neige: c’étaient celles avec des harfangs sauvages. Bien sûr, ils sont plus loin, on les voit moins bien… Mais la majesté de leur vol et l’impression de tranquille force qui se dégage de ces oiseaux est envoutante. Vous voulez vous aussi en rencontrer un? Je ne vous mentirai pas, c’est avant tout de la chance! Mais il y a quand même moyen d’augmenter les probabilités en étant au bon endroit, au bon moment.

1. Un oiseau d’hiver

Aucune chance de voir un harfang DES NEIGES l’été. Déjà, c’est un bon point de départ! C’est un oiseau qui vit dans le froid et il passe l’été en Arctique. En hiver, plusieurs d’entre aux effectuent une migration vers le sud, mais pas trop loin au sud! En fait, le Québec, avec ses belles journées à -20°C est idéal! Qui aurait cru que nous puissions être l’endroit «chaud» où un animal viendrait passer l’hiver!

En fait, le harfang peut tolérer des températures extrêmes qui descendent à -50°C. Ce pendant, plus il fait froid, plus il doit manger pour réussir à produire de la chaleur. S’il fait «trop chaud» pour lui (je parle ici d’un petit 0°C), il est probable qu’il ne mange pas puisque voler pour aller chasser lui donnerait trop chaud! D’ailleurs, pour évacuer la chaleur, il ouvre le bec et halète comme un chien… Et je vous jure que ça sent l’horrible charogne en putréfaction quand il vous souffle son haleine de carnivore en plein visage… Beurk!

Harfang des neiges qui halète


2. Un hibou diurne

Contrairement à la plupart des autres hiboux, le harfang des neiges chasse plutôt en journée. Il y a plusieurs raisons à cela, la première étant qu’en Arctique l’été, il fait soleil pratiquement 24h par jour. S’il veut se nourrir, il n’a pas vraiment le choix de s’adapter.

Il se nourrit principalement de petits mammifères comme des souris ou, dans le Grand Nord, de lemmings. Comme ce sont de petites proies, il en mange en moyenne une dizaine par jour selon de la température, du sexe et de la période de reproduction. Il passe généralement une grande partie de la journée en chasse (contrairement à son cousin le grand duc qui chasse de nuit et se nourrit de proies plus grosses comme… des moufettes!)

Lemming des toundras. Photo: Benteh



3. La chasse dans les grands espaces dégagés

Alors que plusieurs hiboux préfèrent la vie de forêt, le harfang préfère les grandes plaines dégagées. C’est logique quand on y pense: pourquoi développer une nouvelle technique de chasse dans son habitat d’hiver? En Arctique, ça fonctionne bien, chasser dans les plaines! (Il n’a pas trop le choix, me direz-vous…)

Quand il est au Québec donc, il privilégie les champs enneigés et les espaces ouverts. Ce hibou a la capacité incroyable d’entendre les souris marcher sous la neige; il se perche en hauteur sur un arbre solitaire, un poteau électrique ou une pancarte publicitaire, et écoute… Quand il entend le son délicat des petites pattes qui circulent dans des sentiers sous-terrains, il s’élance de son perchoir et l’attrape avec ses serres (ses pattes griffues) avant de retourner se percher en hauteur pour la déguster.

Ce vidéo est en anglais, mais on y voit bien la technique de chasse du harfang quand il attrape le campagnol avec ses serres


Comment apercevoir un harfang des neiges dans la nature?

Conclusion, ce n’est pas en plein centre-ville, un soir en été, que vous aurez la chance de croiser cet oiseau majestueux.

Pour le voir, levez les yeux quand vous circulez sur les autoroutes pour les repérer sur leurs perchoirs. Ils sont assez visibles, mais encore faut-il savoir où regarder! Plusieurs parcs ou réserves fauniques sont également la demeure hivernale de ces hiboux, assurez-vous seulement de les chercher près des étendues dégagées, et non dans la forêt dense. C’est aussi simple que ça!



Bonus: Mâle ou femelle?

D’un simple coup d’oeil, vous pouvez savoir si vous regardez un monsieur ou une dame, ce qui est plutôt rare chez les oiseaux de proies (contrairement aux petits oiseaux colorés). Regardez si le harfang est blanc immaculé, ou s’il a des taches noires sur son plumage: au moment de la reproduction, ces taches prennent toute leur importance!



La femelle est attitrée au nid à la couvaison des œufs. Elle ne bouge pratiquement pas jusqu’à l’éclosion des oisillons, sans quoi les œufs risqueraient de se transformer en pop sicle. Ses plumes sont constellées de taches noires afin de rendre son camouflage plus efficace sur le sol. Elle se confond ainsi avec la neige et les rochers pour éviter d’attirer les prédateurs qui se régaleraient de ses œufs (ou d’elle-même!).

Le mâle, pour sa part, doit chasser et nourrir sa partenaire. Il passe beaucoup de temps en vol et doit passer inaperçu lors de ces allers et venues, sans quoi un prédateur pourrait identifier l’endroit où se trouvent sa douce et ses omelettes. Il n’a pas (ou très peu) de tache: ses plumes sont d’un blanc immaculé qui le rend quasiment invisible lorsqu’il se déplace.

Bonus 2 (vous êtes gâtés) : quelques faits en rafale sur le harfang des neiges

  • Il ne fait pas de cri ou de chant à l’âge adulte (désolée JK…)
  • Il est solitaire
  • Il a des petites plumes jusqu’au bout des orteils pour le garder au chaud
  • Son vol est tout à fait silencieux
  • Il a des aigrettes si petites qu’elles sont cachées (les aigrettes, ce sont des plumes de chaque côté de la tête qui pointent vers le haut et donnent l’impression que certains hiboux ont des oreilles pointues. Elles renseignent leur propriétaire sur la vitesse et la force du vent)
  • Les «vraies» oreilles sont de simples trous cachés dans les plumes de chaque côté de la tête
  • La chouette N’EST PAS la femelle du hibou. Ce sont des espèces différentes.

Bonne chance dans vos observations!


Avez-vous déjà vu un harfang des neiges en vrai? Vous savez, ce magnifique hibou blanc, emblème aviaire du Québec? Moi oui! J'ai eu la chance d'en côtoyer un de proche quand je travaillais au Zoo de Granby, et celui-ci est même souvent présenté au public en hiver!
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Photo de profil de Audrey Martel

Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

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