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Chats dans la nature: le bon et le mauvais côté

🐱🌿 Amis ou ennemis de la nature ? Découvrez les deux visages des chats sauvages !

On a tous déjà vu un chat dehors et on s’est dit: «Pauvre petit, mais où est son maître?».

Mais en fait, la bonne question serait plutôt: «Est-ce qu’il a déjà eu un maître?» Parce que voyez-vous, les chats sont en fait de vrais durs!

Les chats et les chiens, on met ça dans le même panier des «animaux domestiques qui vivent dans des familles». Et pourtant, la différence entre ces deux animaux est telle qu’un chien laissé à lui-même a de faibles chances de survie, mais qu’un chat seul… Non seulement il survit très bien en nature, mais en plus, il se reproduit, donnant naissance à des chatons pleinement indépendants de l’être humain.

Ces mignons chatons représentent un réel danger pour les écosystèmes…

… tout en étant peut-être un héros longtemps attendu qui rétablira un équilibre proies-prédateurs.

Alors, les minous sauvages: c’est une bonne ou une mauvaise chose?

IMPORTANT!

La dernière fois que j’ai parlé de chats domestiques de retour à la vie sauvage, j’ai fâché plusieurs «folles aux chats». Voici donc une petite mise au point linguistique.

Tout d’abord, comprenons que je parle dans cet article du Felis catus, l’espèce de félin communément nommé chat domestique. Le terme «domestique» est le nom de l’espèce, et non son état. C’est très important puisque les chats nés dans la nature sont des chats domestiques, même s’ils n’ont jamais été dans un foyer.

Afin de clarifier le tout, je parlerai de chats «sauvages» et de chats «de maison». Il faut bien comprendre que les deux sont la même espèce, soit le chat domestique. Et que le «chat sauvage» dont je parle n’est pas le cougar.

On se comprend tous? Excellent, poursuivons.

Pourquoi le chat retourne si facilement à un mode de vie «sauvage»?

La domestication du chat par l’humain est assez récente. Bien qu’on n’ait pas de date précise, nous aurions au maximum 10 000 ans d’histoire commune avec ces animaux. Je dis récente, parce que si on compare aux chiens, les chercheurs estiment que nous avons entre 25 000 et 40 000 ans d’histoire commune. Ça laisse quelques générations de plus pour sélectionner les pitous avec un tempérament plus doux, affectueux, avec une intelligence émotionnelle, ou encore des aptitudes de travail.

Il faut dire aussi que si les chats ont été domestiqués, c’était à l’origine pour servir de prédateur. Vous savez: débarrasser la maison et le champ des rats et souris. Bref, pas un énorme changement avec leur quotidien sauvage.

Le chien, à l’inverse, a eu plusieurs missions au cours de son histoire : chasser le gibier avec les humains, être l’aide berger, le chien de garde, le truffier, etc. Les chiens ont eu des utilités incroyablement plus variées. Les meilleurs ont été sélectionnés pour transmettre leurs aptitudes à leur descendance, ce qui explique que les chiens soient aujourd’hui un peu partout dans notre vie: dans les aéroports, les commissariats, les centres de réhabilitation, et même dans les cours de puppy-yoga!

En plus, le lien que crée le chien avec l’humain est très fort parce que c’est à l’origine un animal social qui vit en groupe… contrairement au chat qui n’est «qu’un» chasseur!

Outre le lion, toutes les autres espèces de félins sont solitaires. Créer un lien avec un animal qui est à l’origine peu intéressé par ses semblables, ce n’est pas facile! En plus, toutes les sortes de chats sont exclusivement carnivores, et leur instinct de chasseur est très fort, au contraire des chiens, qui mangent un peu de tout en nature (fruits, herbe, insectes, petites proies, charogne, vidanges…!). Le chat peut se trouver de la nourriture en tout temps, même en hiver, ce qui est beaucoup plus difficile pour le chien.

Récapitulons: le chat a été domestiqué il y a peu (dans un cadre évolutif, hein!), et sa tâche fut… eh bien de faire ce qu’il faisait de mieux en nature, c’est-à-dire: chasser tout seul dans son coin. C’est un animal solitaire, autonome sur sa nutrition et sa survie, et avec un instinct encore très présent, malgré les générations qui ont vécu dans des familles.

Conclusion: le chat de maison est bien souvent capable de vivre seul en nature, MAIS le confort d’une maison lui convient très bien. Ne vous y trompez pas, le chat ne vous voit pas comme un maître ou un compagnon, mais plutôt comme un colocataire. Ce n’est pas méchant, c’est simplement un fait: le chat ne vit pas en groupe et ne peut donc pas vraiment vous considérer autrement.

Après, je sais que VOTRE chat est peut-être différent: c’est comme dans tous, il y a la moyenne (le chat indépendant), et les extrêmes (le chat qui est un membre de la famille, et celui qui ne sort de sa cachette que pour manger).

Espèce envahissante

Maintenant qu’on connaît le chat domestique un peu mieux, pourquoi est-il un problème? Il y en a trop dans la nature. Ils sont d’excellents chasseurs, en plus d’être assez intelligents et pas du tout effrayés par les humains. Imaginez-les s’installer en embuscade près d’une mangeoire, chose qu’un autre animal sauvage ne ferait probablement pas à cause de la présence d’humains.

Annuellement, c’est entre 100 et 350 millions d’oiseaux tués par le chat domestique au pays. Ils provoquent un réel carnage dans les populations d’oiseaux du Canada et certaines espèces menacées voient leur nombre chuter drastiquement depuis quelques années.

Rassurez-vous: le chat qui vit dans une demeure avec des humains peut tuer des proies, mais généralement, il a accès à de la nourriture, alors ça reste occasionnel. Le chat sauvage qui se nourrit exclusivement de la chasse, lui, en tue beaucoup plus! Si votre petit Mitaine est une machine à tuer, il n’est heureusement pas LA plus grosse partie du problème : ouf!

Ne vous y trompez pas cependant: ces chats sauvages tueurs d’oiseaux sont pour la grande majorité nés en nature. Ce sont les enfants et petits enfants de chats de maison qui se sont enfuis ou vivent parfois à l’extérieur. Il ne sert absolument à rien de les apporter à un refuge ou à la maison pour le «sauver». Il n’a pas besoin d’être sauvé: c’est sa vie d’être sauvage! (Si vous avez adopté un chat sauvage qui se plait chez vous, je vous renvoie à la conclusion de la section précédente 😉 )

Alors que faire? Il ne suffit pas de «ne pas abandonner son chat dans la nature», le mal est déjà fait: le chat domestique a pleinement colonisé le milieu. Il y en a tellement qu’on le considère maintenant comme une espèce invasive! Il n’y a malheureusement pas de réponse à cette question.

Un prédateur bienvenu

La bonne nouvelle (parce que tout n’est pas noir hein!), c’est que nous tenons peut-être un nouveau prédateur naturel sur notre territoire urbain. L’installation des humains a causé la disparition de plusieurs prédateurs et un grand débalancement s’en est ensuivi. En effet, qui va empêcher les souris, rats, écureuils, moineaux, «grosses dindes nouères» de s’installer si les renards, lynx, hermines, hiboux ne sont plus là pour les chasser? Les prédateurs sont essentiels à l’équilibre, sans quoi on se retrouve avec des rats plein le centre-ville. Mais soyons réalistes: un lynx sur St-Denis? On a déjà vu un alligator sur Jean-Talon, mais je doute qu’il compte vraiment dans l’équation!

Bref, le chat domestique pourrait trouver une place dans nos écosystèmes. Si leur nombre vient à se stabiliser, s’ils s’installent dans les villes et les champs, soit là où le manque de prédation est le plus important, si leurs proies favorites deviennent les rongeurs et oiseaux qui sont en surnombre…

Ça fait beaucoup de «si»! Mais comme il est trop tard pour empêcher les chats domestiques de s’installer dans nos écosystèmes, aussi bien leur trouver du positif et espérer qu’un équilibre se fasse. Tout est question d’équilibre dans la nature, et même si l’humain a tendance à causer énormément de déséquilibres, il faut avoir confiance que tout fini par se placer. Oui, ça peut prendre des centaines d’années, et oui, il se pourrait que quelques espèces disparaissent, mais si on lui laisse du temps, il n’y a rien qui puisse mettre en défaut mère Nature. Même pas les beaux yeux d’un minou!



Ces chats sauvages sont-ils un danger pour les écosystèmes, ou le héros qui rétablira l'équilibre proies-prédateurs?
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Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

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