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Guide de cueillette responsable : les têtes de violon

Les erreurs à éviter lors de la cueillette des têtes de violon pour préserver la nature

La cueillette des têtes de violons est une activité un peu taboue au Québec, et pourtant! En parler plus, c’est le meilleur moyen de s’assurer que c’est bien fait, non? Je vous offre donc un guide de cueillette. En fait, c’est même plus que ça: je vous offre le guide ultime de la cueillette durable et de la consommation sécuritaire des têtes de violon!

Les têtes de violon sont en fait les très jeunes feuilles non déroulées d’une fougère, la matteuccie fougère-à-l’autruche. On les nomme des crosses. Photo: The Cosmonaut

Mot clé important: durable

Tout d’abord, il est important de cueillir les têtes de violons de manière responsable, en évitant de causer des dommages à la plante et à son habitat naturel. Pourquoi? Parce que cette cueillette peut être très dommageable pour la fougère si elle n’est pas bien faite et ce, rapidement! Si vous souhaitez retourner l’année suivante cueillir ce délicieux légume, suivez bien ces conseils. Et si vous ne planifiez pas y retourner… SUIVEZ QUAND MÊME CES CONSEILS!

Il ne faut pas cueillir plus d’un tiers des têtes de violons sur une même plante, afin de lui permettre de se régénérer. La matteuccie fougère-à-l’autruche a besoin de ces frondes (ces feuilles) pour survivre et se reproduire. Un plant met plusieurs années à être suffisamment gros pour faire des têtes de violon intéressantes pour la consommation, alors qu’une talle mal exploitée peut disparaître en quelques années.

La partie aérienne de cette plante ne fait pour le moment pas l’objet de restriction de récolte au Québec, mais elle est tout de même identifiée par le gouvernement Québécois comme espèce vulnérable depuis 2005. Si l’envie vous prend de transplanter des fougères chez vous cependant, là, il y a des restrictions.

«Meh? Chu ché nous, j’ai l’douah!»

Le prélèvement de cette plante en nature est la principale cause de son déclin. Comme elle est lente à pousser, les producteurs et pépinières se sont servi en nature pour se procurer des plants déjà matures, détruisant l’équilibre naturel et tuant au passage des plants vieux de sans doute plusieurs décennies. Une enquête a révélé qu’en 1998, seulement trois producteurs ont délesté les forêts Québécoises de quelque 30 000 de ces fougères.

Imaginez l’ampleur des dégâts sans la loi qui a été instaurée en 2005 stipulant que nous sommes autorisés à prendre 5 spécimens entiers en nature seulement. Et à en vendre un seul.

Cette fougère est rarement seule; elle peut se multiplier à partir de ses rhizomes (ses racines). Photo: Vzb83

De toute façon, très honnêtement, même si vous transplantez des plants chez vous petit à petit, la récolte des têtes de violon risque d’être assez décevante! En effet, c’est une fougère énorme qui a besoin de beaucoup d’espace avec ses grandes feuilles d’un mètre et demi et… on se rappelle qu’on ne peut ramasser que le tiers si on veut la garder en santé. Donc 2 ou 3 têtes pour 2 mètres carré d’espace?

Franchement, trouvez-vous une talle et prenez en soin, ce sera plus efficace!

Bien identifier la matteuccie fougère-à-l’autruche

Il existe plusieurs espèces de fougères, mais toutes ne sont pas comestibles et certaines peuvent même être toxiques. Les têtes de violons comestibles qu’on trouve au Québec sont celles de la fougère de l’autruche (Matteuccia struthiopteris) uniquement. Il est important de bien identifier la plante par vous-même: faite plus de recherches si vous n’êtes pas certain à 100% de votre identification.

Et pitié, ne mettez pas une photo floue sur Facebook en demandant «Ça se mange tu?» à de parfaits inconnus qui ne sont pas des experts.

Vous devez être en mesure d’identifier par vous-même pour deux raisons: Premièrement, si vous cueillez quelque part parce que quelqu’un vous a certifié que votre photo était bien la bonne espèce, il se peut que d’autres sortes de fougères soient mélangées au travers des matteuccies et que vous ne le remarquiez pas.

Ensuite, c’est votre responsabilité de savoir si vous mangez quelque chose de bon ou non. Le quidam sur Facebook qui vous a dit que c’était correct n’est aucunement responsable de votre potentiel empoisonnement: si vous avez décidé de lui faire confiance, ça reste votre choix, et c’est entièrement votre responsabilité d’assumer les conséquences de la consommation de quelque plante sauvage que ce soit.

J’enlève mes gros yeux moralisateurs et ajoute quand même ceci: les groupes spécialisés sur Facebook restent un excellent endroit où demander des conseils ou informations complémentaires! J’ai moi-même beaucoup appris de ces échanges de connaissances.

Pour l’identifier, les deux caractères les plus évidents sont la présence d’écailles brun doré sur les crosses, ainsi que le sillon central qui fait ressembler la tige à un céleri.

Photo: Logan Shaver

Bien cueillir les têtes de violon

Ai-je déjà mentionné de ne ramasser que le tiers des crosses d’un même plant? Je veux juste être certaines, c’est vraiment important!

Il faut cueillir les têtes de violons jeunes et tendres, avant qu’elles ne se déroulent complètement. Dans l’image ci-haut, la plus longue est limite, voir déjà trop vieille!

Il est également préférable de cueillir les têtes de violons à la main, plutôt qu’à l’aide d’outils, pour éviter d’endommager la plante. Les tiges sont très cassantes: ne tirez pas dessus, pliez-les ou utilisez vos ongles pour couper la tige.

Enfin, il est important de cueillir les têtes de violons dans des endroits où leur récolte est autorisée, en évitant les zones protégées et les propriétés privées sans autorisation. Ça va de soi, il me semble, mais je le spécifie quand même, au cas où!

Bien cuisiner son souper sans s’empoisonner

Il est important de cuisiner les têtes de violon de manière appropriée. Nettoyez-les soigneusement avant la cuisson afin d’éliminer les résidus de terre, de sable et d’écailles dorées. Vous devez les faire bouillir pendant au moins 5 à 10 minutes pour détruire une enzyme présente dans la plante qui peut causer des troubles gastro-intestinaux.

Voici une recette facile : Une recette super facile et têtes de violon à l’ail et au citron!

Personnellement, j’aime bien ce légume encore croquant. Son goût rappelle un peu l’asperge. Je vous conseille fortement de les faire sauter dans le beurre après les avoir fait bouillir parce que… ben est-ce qu’un légume bouillit peut vraiment être à son meilleur?!

Je vous souhaite une bonne cueillette responsable et une agréable dégustation au goût du printemps!



Apprenez à cueillir les têtes de violon de manière responsable avec ce guide pratique, qui vous dévoile les meilleures techniques pour préserver ces fougères délicates et l'environnement.
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Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

2 réflexions au sujet de “Guide de cueillette responsable : les têtes de violon”

  1. Très bonne information. Personnellement je les achète en magasin, n’étant pas certaine lesquelles cueillir. J’apprécie votre façon de présenter ces informations remplies d’humour et pourtant tout à fait à point!

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