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L’incroyable histoire de la toilette, ce trône universel

L'épopée du trône universel : les révélations surprenantes de l'histoire de la toilette

Dès que les humains ont quitté la savane pour se rassembler et vivre en communauté, il a bien fallu gérer les déchets. Penchons-nous sur cette partie de l’histoire, pas nécessairement très glorieuse, mais non moins intéressante qu’est l’épopée de la toilette !

Au départ, les communautés n’étaient pas très nombreuses et les gens faisaient leurs besoins un peu comme les animaux. On allait simplement se soulager dans un coin tranquille de la cour ou du village et la nature s’occupait de faire disparaître les « problèmes ».

Mais à mesure que les communautés ont grandi et que leur population s’est densifiée, on commença à avoir des problèmes de salubrité et d’odeurs. Dans les campagnes, un simple puits, creusé à même le sol protégé d’un petit abri, offrait une solution à la fois simple et pratique, mais qu’en était-il des villes ?

Prenons une cité comme Rome. La forte démographie et sa concentration eurent vite fait de faire déborder les petites fosses de campagne. Pour éviter que la ville ne se transforme en véritable infection générale, il fallait absolument se débarrasser des matières indésirables !

Heureusement c’est dans l’adversité que se manifeste le génie de l’humain. Devant lui, deux options. L’évacuation et la réutilisation.

Aqueduc romain Pont du Gard en Provence (France)

On trouve des vestiges de systèmes d’aqueducs et d’égouts aussi loin qu’au XXVe siècle avant J-C. Au Pakistan et en Mésopotamie, il existait déjà un système rudimentaire d’installation sanitaire avec de l’eau courante. Mais ce sont les Romains qui ont perfectionné le système en mettant au point un ingénieux système d’aqueduc pour acheminer l’eau au cœur de la cité et un système d’égouts pour l’évacuer une fois usée et chargée d’excréments. D’ailleurs, on en trouve encore les ruines dans un état de conservation étonnant. Les Romains construisaient solide et pour longtemps. Ce réseau d’aqueducs et d’égouts était relié au latrines de la ville. Évidemment, chaque famille ne possédait pas son propre système de latrines à la maison. On se rendait plutôt aux latrines publiques pour y faire ses besoins en discutant avec ses voisins.

Romain aux latrines, partageant leur intimité

Les latrines publiques étaient alors de longs bancs munis de plusieurs trous, sous lesquels passait l’eau d’évacuation destinée aux égouts. Les orifices sur lesquels les Romains s’assoyaient étaient étonnamment proches les uns des autres. Ainsi on poussait sa crotte, assis à quelques centimètres de son voisin sans qu’il n’y ait le moindre malaise. Autres temps, autres mœurs !

Dans l’antiquité, le papier hygiénique n’existait pas… Mais il fallait bien s’essuyer ! Les Grecs utilisaient tout simplement leurs vêtements ou encore de trois ou quatre pierres polies. C’est peut-être de cette étrange coutume que se sont inspirés les créateurs du film futuriste des années 90 Demolition Man mettant en vedette Sylvester Stallone pour les fameux « trois coquillages » que l’on retrouve dans les toilettes !

Les fameux trois coquillages de Demolition Man

À Rome, on utilisait un bâton au bout duquel était fixée une éponge que l’on se partageait. (N.D.L.R. Eurk !) On la trempait dans l’eau qui courait aux pieds des défécateurs dans un petit canal, ou on la rinçait dans un genre de bocal rempli d’eau après usage. Autres temps, autres merdes…

L’infâme éponge à fesses

L’urine quant à elle était collectée par la ville. On devait fournir aux gestionnaires de la ville une certaine quantité de celle-ci chaque jour. C’était carrément une taxe de pisse que l’on devait payer. Contrairement à aujourd’hui, l’urine était l’une des seules sources d’ammoniaque. L’industrie du vêtement s’en servait pour apprêter les étoffes à la teinture, pour dégraisser les ouvrages faits de laine comme les draps, les chaussettes, les bonnets, etc.

On doit cette idée de commercialiser l’urine à l’empereur Vespasien. Moqué pour cette taxe inusitée, le monarque rétorqua : l’argent n’a pas d’odeur ! Cette expression est encore utilisée de nos jours !

Monnaie à l’effigie de l’empereur Vespasien

Retour en arrière

Toute cette merveilleuse technologie sanitaire de l’antiquité tomba cependant dans l’oubli en Europe après la chute de l’Empire romain. Dans les grandes villes européennes, on utilisait les pots de chambre pour se soulager. Comme les égouts étaient inexistants dans la plupart des agglomérations, on se contentait de jeter le contenu du pot dans la rue, par la fenêtre la plus proche ! Il en fut ainsi pour de longues décennies…

Un pot de chambre, à ne pas confondre avec une soupière !

Seuls les riches avaient accès à des technologies plus élaborées, comme celle qui fut mise au point en 1596 par Sir John Harington qui mit au point le premier modèle connu de toilette à chasse d’eau. Pour la majorité, on se débrouillait toujours avec les pots de chambre !

La Grande Puanteur

Cette époque culmina avec un événement qui marqua la postérité sous le nom de « La Grande Puanteur » à Londres. Lors de l’été de 1858, qui fut particulièrement chaud et pluvieux, la Tamise était si contaminée aux excréments des Londoniens que la pluie emportait jusque dans son lit, qu’elle se transforma en véritable rivière de merde qui empestait la ville entière. C’est après cet épisode gênant de l’histoire anglaise, que l’on se décida enfin à investir dans un système d’égouts approprié !

Œuvre représentant la mort qui vogue sur la Tamise transformée en égout à ciel ouvert

Alors que les grandes villes européennes se dotent enfin d’égouts modernes, l’invention de la toilette à chasse d’eau de John Harington sera reprise et perfectionnée par la compagnie Villeroy et Boch, qui met au point la céramique sanitaire en 1899. Ils venaient d’inventer la toilette moderne qui n’a pas tellement changé depuis cette époque… à part les journaux qu’on y lisait qui sont maintenant remplacés pas des téléphones cellulaires !

Un homme en train de se divertir aux toilettes

Malheureusement, à l’échelle mondiale, la toilette moderne est toujours un produit destiné aux populations des pays développés et dont l’accès à l’eau est pratiquement illimité.

À ce jour, plus de 2,6 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à des toilettes à chasse d’eau, ni même à des latrines alimentées par l’eau courante. Ce manque entraîne des problèmes de santé publique en contribuant à propager des maladies comme le Choléra, qui se propagent par l’eau ou les objets contaminés par des selles infectées.

Le bon vieux truc de l’allumette !

La prochaine fois que vous poserez les fesses sur le trône de céramique, pensez au privilège dont vous jouissez d’y avoir accès. Vous vous sentirez comme un roi ou une reine… Si ce n’est pas le cas, craquer une allumette, ça va passer !



Plongez dans l'histoire fascinante de la toilette, ce trône universel, et découvrez son évolution à travers les siècles et les civilisations. Cet article vous révèle les secrets méconnus de ce symbole de l'intimité.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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