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10 expressions québécoises enfin expliquées

Parler québécois 101: Les expressions québécoises populaires et leurs significations🗣️

Le Bonhomme sept heures

« Dépêche-toi d’aller te coucher avant que le Bonhomme 7h passe ! » Cette menace en l’air ne venait avec aucune explication ni description. Ça laissait libre cours à notre imagination. Certains imaginaient le Bonhomme 7h comme un monstre ou un bandit… Quand ma gardienne m’en a parlé pour la première fois étant enfant, je l’imaginais comme un petit personnage mignon ! Sa menace n’a donc pas eu l’effet escompté !

Mais d’où ça vient cette histoire de Bonhomme 7h ?

L’hypothèse la plus plausible mène à l’expression anglaise bone-setter. Le bone-setter que l’on nommait ramancheur au Québec désigne une personne qui replaçait les articulations et soignait des problèmes divers comme des maux de dos. Lorsqu’il prodiguait ses soins dans les foyers, les gens gémissaient. Entendant cela, les enfants s’imaginaient que les patients se faisaient torturer par le bone-setter, ce qui les terrorisaient ! Pour les faire obéir, on les menaçait d’être les prochains sur sa liste. Avec le temps, l’expression bone-setter s’est transformée en Bonhomme Setter ou Bonhomme 7h !

Être habillé comme la chienne à Jacques

En entendant cette expression du Bas du Fleuve du 19e siècle, on s’arrête souvent à se demander : Mais c’est qui Jacques et de quoi elle a l’air sa chienne ?

Étonnamment, on a la réponse !

Le Jacques en question est une vraie personne ! Il s’agit d’un résident du Bas-St-Laurent du nom de Jacques Aubert, un célibataire endurci qui vivait seul avec sa chienne. Cette dernière avait une maladie qui lui avait fait perdre toute sa fourrure. Pour éviter qu’elle ait froid en hiver, Jacques l’habillait avec de vieux chandails usés. Évidemment cela attirait l’attention des gens de la place, ce qui en fit une sorte de célébrité locale ! Lorsqu’ils voulaient se moquer de l’accoutrement de quelqu’un, on le comparait au canidé. « T’as l’air de la chienne à Jacques habillé comme ça ! » L’expression est passé à l’ensemble de la culture québécoise.

C’est donc ben quétaine !

Les origines de ce mot ne sont pas claires. Cependant, il y a deux théories dominantes pour expliquer l’origine de ce mot étrange. Certains croient qu’il s’agit d’une déformation de l’expression quêteux ou quétain qui correspond à un mendiant dans la culture québécoise.

L’autre théorie relie l’expression à une famille du nom de Keating ou Keaton. Cette famille qui aurait vécu dans un quartier défavorisé de St-Hyacinthe dans les années 40 était bien connue pour ses goûts vestimentaires douteux. (Un peu comme la chienne à Jacques !) On qualifiait quelqu’un qui possédait des vêtements ou des objets démodés de quétaine en référence à cette famille.

L’expression a plus tard été popularisé à grande échelle lors d’un sketch de Dominique Michel et Denise Filiatrault. Encore aujourd’hui, on l’entend régulièrement !

Se faire passer un sapin

Se faire passer un sapin, c’est se faire duper ou arnaquer. Cette expression, plus gracieuse que « se faire fourrer » est issue de l’industrie du bois d’œuvre. En construction, on privilégie les bois durs et solides qui vieillissent bien. On utilise rarement le bois du sapin baumier qui se fissure en séchant. On préfère le pin ou l’épinette.

Certains fournisseurs malhonnêtes inséraient dans les commandes, des planches de sapin baumier qui avaient une valeur moindre que les autres essences. Se rendant compte de l’arnaque, on s’exclamait « le fournisseur m’a passé un sapin ! »

Un nom à coucher dehors

À une certaine époque, il était fréquent pour des voyageurs démunis ou perdus de demander le gîte aux habitants des villages ou des fermes.

Lorsqu’un étranger quémandait un abri pour la nuit, on lui demandait de se nommer. Si le voyageur portait un nom à résonnance chrétienne ou noble, on était plus enclin à accéder à sa demande. En revanche, si le nom était atypique ou semblait étranger à la culture locale, on le laissait dormir dehors.

Ainsi, lorsque l’on rencontre une personne qui a un nom difficile à prononcer ou issu d’une autre langue, on dit qu’il a un nom à coucher dehors !

Être magané

Au Québec, on peut qualifier autant un objet qu’une personne de magané mais à l’origine, ce mot s’appliquait exclusivement aux humains. Ce mot vient directement du vieux français qui s’écrivait et se prononçait « mahaignier ». Il servait à décrire une personne blessée ou estropiée.

Le mot maganer subsiste au Québec mais aussi en Bretagne, en Suisse et en Normandie. Le sens varie légèrement d’une région à l’autre.

Avoir des bidous

Tout le monde au Québec connaît cette expression qui signifie tout simplement argent. Quelqu’un qui a beaucoup de bidous est une personne riche et quelque chose qui coûte beaucoup de bidous est hors de prix.

Ce mot ancré dans notre culture se serait transporté du 17e siècle jusqu’à nous en conservant essentiellement la même signification. Cependant il s’est un peu transformé. Bidou serait la déformation du mot bidet. On ne parle pas ici de l’appareil sanitaire, mais bien d’une ancienne monnaie du nord de la France. Les riches possédaient beaucoup de bidets, ici, ils ont des bidous !

Les doigts dans le nez

Lorsque quelqu’un accompli une tâche ou un exploit avec une grande facilité, on dit qu’il l’a fait les doigts dans le nez. On date l’expression à 1912. Elle est issue du jargon des courses de chevaux, une discipline qui exige l’emploi des deux mains. Lorsqu’un jockey dominait une course avec une avance confortable, on disait qu’il avait le temps de se curer le nez tout en gagnant la course. « Il a gagné les doigts dans le nez ! »

T’es pas dans ton assiette

Contrairement à ce qu’en déduisent la plupart des gens, on ne réfère pas à une assiette de cuisine dans cette expression. On fait plutôt référence à une position d’équilibre et de stabilité comme dans l’assiette d’une poutre ou la position horizontale d’un avion en vol. Par « assiette » on peut aussi faire référence à la position correcte d’un cavalier. Aujourd’hui, on utilise l’expression pour décrire une personne qui ne se sent pas bien. On dit qu’il n’est pas dans son assiette.

Une autre paire de manches

On se sert de cette expression lorsqu’on passe d’un sujet à l’autre ou lorsqu’une chose devient soudainement plus compliquée. Exemple : Avoir une belle voiture c’est agréable, mais lorsqu’elle brise, c’est une autre paire de manches !

L’origine de cette expression remonterait au 16e siècle. À l’époque, les femmes qui désiraient de nouveaux vêtements, sans avoir les moyens pécuniaires de s’en offrir, se contentaient de changer les manches d’une vieille robe. On remplaçait aussi les manches des vêtements qui changeaient de vocation pour les adapter aux nouveaux besoins.



Le québécois est riche en expressions. Découvrez les histoires et les significations derrière 10 des plus populaires.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

2 réflexions au sujet de “10 expressions québécoises enfin expliquées”

  1. Merci pour ces expressions québécoises, bien vrai, que l’on s’en sert tout en parlant et encore aujourd’hui. Et faire la recherche d’où provient ces expressions est un cadeau que vous nous faites et bien vrai qu’on va se coucher ce soir moins niaiseux.

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