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Débat de société : La peine de mort

La peine de mort : Un débat qui perdure. 🔄 Qu'en pensez-vous?

Dans l’histoire de la justice humaine, la peine de mort est l’une des premières sanctions pénales. On la retrouve dans des textes très anciens comme le Code de Hammurabi. Ce texte babylonien date d’environ 1750 av. J.-C. Il a été redécouvert en 1901 à Suse en Iran sur une stèle de 2,25 mètres de haut. Cette relique de l’ancien monde est aujourd’hui exposée au musée du Louvres à Paris.

La stèle sur laquelle est inscrit le code Hammurabi

Depuis, cette mesure répressive s’est transportée jusqu’à notre époque tout en perdant en popularité. Il existe principalement deux raisons d’inclure cette sanction dans un système judiciaire. La plus évidente est l’aspect punitif. La mise à mort est une façon pour une société de venger les préjudices subit par les victimes d’un crime. L’autre est la dissuasion. En voyant des criminels exécutés, on calcule que la peur de subir le même sort dissuade les criminels d’imiter leurs congénères exécutés.

Parmi les 197 pays du Monde, la peine de mort est prévue au code criminel de plus de 82 pays. Dans les faits, seulement 23 pays pratiqueraient encore cette sentence. Cependant, de plus en plus de pays sont en voie d’abolir la peine capitale. Cette sentence a tendance à subsister principalement dans les pays en voie de développement et les régimes autoritaires. Parmi les démocraties industrialisées, seul trois d’entre-elles continuent à mettre des citoyens à mort : Le Japon, Taïwan et les États-Unis d’Amérique ou la peine est encore appliquée dans 27 États sur 50. Cette réalité entre en contradiction avec le moratoire établi par l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui a décrété un moratoire sur les exécutions. Cependant, les résolutions de l’ONU ne font pas force de loi et les pays sont libres de les appliquer ou non.

Ô Canada, peine de nos aïeux

Avant la confédération, les infractions susceptibles d’entraîner la peine de mort se comptaient à coups de centaines. À partir de 1865, on ne réserve le châtiment le plus triste qu’aux violeurs, aux traîtres et aux meurtriers. Les dernières exécutions ont eu lieu en 1962. Arthur Lucas et Ronald Turpin sont les derniers des 710 criminels mis à mort par l’État Canadien. Il a fallu attendre 1976 pour que le gouvernement abolisse officiellement la peine de mort.

La dernière exécution publique fut celle de Stanislas Lacroix le 21 mars 1902 à Hull, au Québec

L’aspect moral de la peine de mort

Selon Amnesty International, la peine de mort viole un des droits humains les plus fondamentaux : le droit à la vie. On considère qu’il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.

De plus, il est facile de démontrer que cette peine est hautement discriminatoire. La condamnation à mort s’applique presqu’exclusivement aux classes les plus vulnérables de la société comme les pauvres, les minorités ethniques et religieuses ainsi que les personnes souffrant d’un handicap mental.

Certains gouvernements s’en servent pour éliminer ses opposants politiques. On l’observe souvent au sein des régimes autoritaires.

Il y a aussi le risque de commettre des erreurs. On peut libérer des gens emprisonnés par erreur, mais on ne peut pas faire revivre une personne exécutée.

L’aspect dissuasif de la peine de mort

Les partisans de la peine de mort utilisent souvent l’argument de la dissuasion. Or, il n’existe aucune preuve crédible qui démontre que la peine de mort serait plus dissuasive que l’emprisonnement. Lorsque l’on se penche sur les statistiques des pays ayant aboli la peine de mort, on voit que la criminalité n’a pas augmenté après cette réforme. À contrario, dans certains cas, les chiffres relatifs à la criminalité ont diminué. C’est notamment le cas du Canada. Le nombre d’homicides en 2008 était inférieur à celui de 1976, l’année de l’abolition de la peine de mort.

Même si l’argument de la dissuasion semble logique, il ne se reflète pas dans la réalité et n’a pas l’effet escompté.

Et la justice dans tout ça ?

Les membres des familles de victimes de crimes violents n’ont-elles pas le droit d’exiger que le châtiment prévu pour le criminel soit égal à la perte d’un être cher ?

Si on exige que le meurtrier soit tué, ce n’est pas la justice que l’on réclame. C’est la vengeance. Le système de justice existe pour réduire le crime et la violence dans le but d’offrir aux citoyens une vie paisible et sécuritaire. Ce n’est pas en perpétuant la violence que l’on parvient à ce but. Et ce n’est pas très civilisé de rendre coup pour coup, œil pour œil, dent pour dent. Il serait déshonorant pour un gouvernement de brûler les incendiaires, violer les violeurs et… tuer les tueurs.

Qui plus est, de nombreuses familles qui ont vu le meurtrier de l’un des leurs être exécuté, affirment que la peine de mort ne leur a apporté aucun soulagement de leur deuil. Cela n’a pour effet que d’étendre leur souffrance à la famille du condamné, qui est généralement innocente.

La vengeance n’est pas la justice et une société qui exécute ses criminels se rend coupable de la même violence qu’elle condamne.

« La vengeance n’est pas la solution. La réponse consiste à réduire la violence, et non à donner encore la mort. »

– Marie Deans, dont la belle-mère a été assassinée en 1972

Amnesty International a recensé 883 exécutions dans 20 pays en 2022. Cela correspond à une hausse de 53 % par rapport à 2021.

C’est en Chine qu’ont eu lieu le plus grand nombre de condamnation à mort. Il est malheureusement impossible de connaître la véritable ampleur du phénomène car la Chine classe ces données comme étant un secret d’État. C’est également le cas au Viêt-Nam et en Corée du Nord. On sait que les exécutions y sont monnaie courante, mais les chiffres exacts sont indisponibles à cause de l’absence de transparence de ces régimes politiques autoritaires.

On sait cependant que la plupart des exécutions connues en 2022 ont eu lieu en Chine (à coups de plusieurs milliers), en Iran (plus de 500), en Arabie saoudite (environ 200), en Égypte (24 exécutions) et on en compte 18 aux États-Unis.

Des militants manifestent contre la peine de mort

La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus de pays abolissent la peine de mort. Malgré quelques reculs de certains pays, cette pratique barbare est généralement en régression à l’échelle mondiale.



Le débat sur la peine de mort décortiqué : perspectives mondiales, données statistiques et arguments pro et contre.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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