Accueil » Culture » Héros et mythe québécois » L’histoire de Léo Major, le grand guerrier québécois

L’histoire de Léo Major, le grand guerrier québécois

L'héritage méconnu de Léo Major, le héros québécois de la Seconde Guerre mondiale

Il est habituel, voire banal, de voir des super-soldats au courage sans faille, aux capacités hors norme et animées d’une audace désarmante dans les films, les livres et autres récits. Mais sachez que tels héros existent dans la vraie vie et leurs exploits sont aussi impressionnants que ceux des personnages de fiction.

C’est le cas de Léo Major (même son nom est bad ass !). On pourrait aller jusqu’à dire que ses faits d’armes sont si impressionnants qu’un film les mettant en scène nous semblerait exagéré ! Pourtant, l’histoire de ce héros plus grand que nature est bel et bien vraie !

Bien qu’il soit né au Massachusetts en 1921, Léo Major grandit dans un quartier ouvrier plutôt malfamé de Montréal. À l’âge de 19 ans, il s’enrôle au sein de l’Armée canadienne et rejoint le Régiment de la Chaudière, l’un des premiers à traverser l’océan Atlantique pour combattre les nazis en Europe. Au cours de sa formation de soldat, il se spécialise dans les techniques de combat corps à corps et devient un tireur d’élite talentueux.

Baptême du feu et première blessure

Une fois sa formation achevée, Major est immédiatement dépêché en Europe pour le débarquement de Normandie. C’est comme si un joueur de hockey jouait sa première joute professionnelle lors du 7e match de la finale de la coupe Stanley. Tout un baptême du feu ! Mais Léo Major était prêt. Si bien que lors de cette mission, se déroulant dans des conditions de combat extrêmes, le Montréalais fait 12 prisonniers allemands et détruit, avec cinq autres soldats, un nid de mitrailleuses qui « accueillait » les Alliés avec une pluie de feu et de métal. Il participe aussi à la capture d’une autochenille allemande qui contenait des transmetteurs sans-fils ainsi que des livres de codes servant à crypter les communications de l’ennemi. Le même jour, il se retrouve confronté à une patrouille allemande. Au cours de l’affrontement, une grenade de phosphore lui explose au visage, le privant de son œil gauche. Grosse première journée, mais elle se révélera à l’image de la carrière de Léo Major !

Après une blessure aussi grave et invalidante, il est normal qu’un soldat soit rapatrié. D’ailleurs, les exploits réalisés lors de ce premier combat auraient amplement suffi à confirmer la large part accomplie par Major dans cette guerre. Mais Léo ne fait que commencer ! Il refuse net qu’on le renvoie au pays en faisant valoir que c’est de son œil droit qu’il vise avec son arme, lequel fonctionne toujours. Un couvre-œil fera l’affaire !

Le Fantôme Borgne alias Léo Major

C’est donc avec une allure de pirate que Léo Major continue la guerre. Son handicap ne semble pas lui nuire puisque, durant la Bataille de l’Escaut, Léo Major parvient à lui seul à capturer le nombre invraisemblable de 93 prisonniers allemands !

Deuxième blessure

Lors d’une mission à Keppeln, sur le territoire allemand, son véhicule roule sur mine antichar. Les deux passagers qui l’accompagnent meurent sur le coup, tandis que Major est projeté à plusieurs mètres et s’écrase lourdement sur le sol. Il se fracture trois vertèbres dorsales, plusieurs côtes et une cheville. De telles blessures mettraient un point final à la carrière de n’importe quel soldat, mais Léo Major refuse une fois de plus qu’on l’envoie à la retraite. Dès qu’il est remis sur pied (ou à peu près), il rejoint ses frères d’armes du Régiment de la Chaudière.

La colère du siècle et la libération de Zwolle

Illustration de Simon Dupuis

En avril 1945, le Régiment de la Chaudière prend position près de la ville de Zwolle, au cœur de la Hollande.

Léo Major est envoyé en reconnaissance avec son meilleur ami, Wilfrid (Willy) Arsenault. Au cours de cette mission, les deux Québécois attaquent un avant-poste allemand et tuent les soldats qui s’y trouvent, mais alors que les deux hommes traversent une voie ferrée, ils sont surpris par deux soldats nazis, qui abattent Arsenault sous les yeux de son ami. Wilfrid parvient malgré tout à emporter avec lui l’un des assaillants dans la mort, tandis que Major élimine le deuxième.

Ivre de colère, Léo continue sa mission, maintenant armé de trois mitraillettes, soit la sienne, celle de son ami et celle qui a tué ce dernier. Transportant aussi une quinzaine de grenades, il se lance seul à l’assaut de Zwolle, une ville de 50 000 habitants contrôlée par les nazis. Après avoir désarmé un officier et son chauffeur, Major affirme à ces derniers que les forces alliées s’apprêtent à attaquer la ville. Il laisse ses prisonniers s’enfuir, sachant qu’ils ne manqueront pas de transmettre la fausse information, que le Canadien rendra crédible à sa façon ! Durant la nuit, Léo Major déambule dans les rues désertes de la ville en tirant et en lançant des grenades. Le feu nourri de ses mitraillettes et l’explosion des grenades donnent l’impression aux Allemands qu’une véritable armée est en train de les attaquer. Au petit matin, les Allemands fuient et les forces canadiennes pénètrent la ville sans rencontrer la moindre opposition, ce qui épargne certainement la vie de nombreux soldats, d’un côté comme de l’autre.

Léo Major avait libéré Zwolle à lui seul !

Le Régiment de la Chaudière acclamé à Zwolle au lendemain de sa libération

Aucun soldat de l’histoire militaire moderne n’a réussi cet exploit, à part ce Montréalais au courage exemplaire.

Autre guerre, autres exploits

L’armée fait appel à nouveau au super-soldat lors de la guerre de Corée, où il se démarque encore une fois par son courage et sa résilience. Léo Major, accompagné de 18 hommes choisis et entraînés par lui, réussit à s’emparer d’une position stratégique, au sommet d’une montagne de 355 mètres, une mission que la 3e Division américaine, comprenant plus de 10 000 hommes, avait échouée jusqu’alors.

Le petit groupe de soldats héroïques tient ainsi tête à 14 000 soldats chinois, qui les attaquent de toutes directions pendant plus de trois jours, soit jusqu’à l’arrivée de renforts canadiens. Sept soldats de Major se sont vus décerner des médailles suite à cet exploit. Léo, quant à lui, fut maintes fois décoré. D’ailleurs, au cours de la 2e Guerre mondiale, il a même refusé une médaille des mains d’un supérieur qui, selon lui, était trop incompétent pour la lui remettre ! Malgré ce refus, Léo Major reste le seul soldat canadien de l’histoire à s’être vu décerner la Médaille de la conduite distinguée à deux reprises, pour deux guerres différentes.

Nul n’est prophète en son pays

Le Québec aura attendu jusqu’en 2018, soit plus de dix ans après la mort de Léo Major, pour nommer un parc en son honneur, dans la Ville de Longueuil. Une route près de la base militaire de Valcartier porte aussi son nom depuis novembre 2021.

Des hommages bien timides de la part de sa patrie pour un tel héros…

S’il n’est pas tellement reconnu en terre natale, Léo Major, en revanche, est honoré chaque année à Zwolle, la ville qu’il a jadis libérée. Lors de son décès en 2008, les drapeaux furent mis en berne à travers toute la Hollande.

Le Rambo québécois ?

N.D.L.R. Certains surnomment Léo Major « le Rambo québécois », mais personnellement, cette comparaison me déplaît : Rambo n’existe pas. Il est facile de faire réaliser des exploits extraordinaires à un personnage fictif. On peut lui insuffler autant de courage et d’audace que l’on désire.

Quant à lui, Léo Major est un vrai super-soldat. Ses exploits, il les a réellement accomplis, au cours d’une guerre véritable, au péril de sa vie. Ses blessures n’étaient pas des effets spéciaux, la souffrance et la fatigue qu’il a ressenties étaient bien réelles, son courage et son audace étaient authentiques. A contrario, on pourrait plutôt dire que Rambo est le Léo Major américain… en moins tough !

La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal :


Léo Major, un soldat québécois extraordinaire, a réalisé des exploits sans précédent pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée. Découvrez son histoire fascinante et comment il a marqué l'histoire militaire.
Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!
Moyenne de 5 sur 8 votes

Photo de profil de François Paquette

François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

On veut votre avis sur ce contenu québécois