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La Corriveau, sorcière québécoise

Entre ombres et lumières, découvrez l'histoire fascinante de La Corriveau! 🌙🔮

Il y a 260 ans cette année, on exécutait la présumée sorcière Marie-Josephte Corriveau, mieux connue sous le nom de La Corriveau. Cette fermière de St-Vallier-de-Bellechasse, dans l’actuelle région de Chaudière-Appalaches, a inspiré une légende qui a traversé l’Histoire et même les frontières de La Belle Province. L’histoire circule sous diverses versions. Selon le récit le plus courant, La Corriveau serait une sorcière et une meurtrière en série qui aurait assassiné les sept époux qu’elle aurait eu au cours de sa vie.

Dans cette chronique, nous allons tenter de démêler le vrai du faux.

Marie-Josephte Corriveau voit le jour en 1733 à St-Vallier-de-Bellechasse. Elle grandit sur la ferme de son père jusqu’à l’âge de 16 ans après quoi, elle épouse son voisin Charles Bouchard. Marie-Josephte et son mari ont trois enfants et mènent une vie normale.

Maison où a vécu Marie-Josephte Corriveau

En 1760, sa vie prend une tournure dramatique alors que son mari meurt subitement. Bien que les circonstances de son décès soient nébuleuses, certains ont plus tard allégué que La Corriveau aurait versé du plomb fondu dans l’oreille de son mari pendant son sommeil.  Marie-Josephte se retrouve face à une vie difficile dans un Québec qui peine à se remettre de la récente prise de pouvoir par l’Empire Britannique, après la célèbre bataille des Plaines d’Abraham survenue en 1759. Durant la guerre, l’armée anglaise a brûlé des hectares de champs cultivés et détruit un grand nombre de maisons et de bâtiments de ferme. Ils ont aussi saisi ou abattu du bétail appartenant à la population civile. La Nouvelle France devient une colonie britannique où tout est à refaire.

18 mois plus tard, la veuve Corriveau se marie à un autre agriculteur de la région nommé Louis Dodier. Cependant, ce deuxième mariage n’apportera que malheurs et violence à Marie-Josephte. Inquiète pour sa sécurité et celle de ses enfants, elle tente même de fuir le domicile familial.

Le 27 janvier 1763, le second époux de la Corriveau est retrouvé mort. Louis Dodier gît aux pieds de son cheval dans sa grange. Sa tête porte des marques de coups. On conclut que le fermier est mort rué ou piétiné pas son cheval. Il est inhumé le soir même.

Toutefois, une rumeur persistante qui accuse le père de Marie-Josephte, incite le gouverneur James Murray à ouvrir une enquête sur la mort de Dodier. Il ordonne l’exhumation du corps qui est examiné par un chirurgien. Ce dernier conclut que les blessures au crâne du défunt ne concordent pas avec la théorie de la ruade ou du piétinement. Selon lui, c’est plutôt une fourche qui fut l’instrument qui a donné la mort à la victime.

Joseph Corriveau est arrêté pour meurtre ainsi que sa fille Marie-Josephte pour complicité. Ensemble, ils comparaissent devant un tribunal militaire anglais formé de douze officiers et d’un président. Des villageois de St-Vallier se succèdent à la barre pour témoigner, non pas du crime comme tel, mais plutôt du tempérament colérique de Joseph Corriveau et pour questionner la vertu de sa fille.

Au terme de ce procès qui n’a rien d’équitable, on condamne Joseph Corriveau à la mort par pendaison. Une sentence médiévale attend sa fille. La Corriveau est condamnée recevoir 60 coups de fouet et être marquée au fer rouge de la lettre M pour meurtrière.

Un fer en forme de M

Cette sentence ne sera pas appliquée telle qu’elle. Des aveux obtenus dans des circonstances douteuses auraient fait conclure aux autorités britanniques que Marie-Josephte aurait elle-même assassiné son deuxième époux. Son père se serait lui-même accusé pour éviter la peine de mort à sa fille. Finalement, le père est innocenté puis libéré. La Corriveau hérite de la condamnation à mort. La sentence est assortie de l’exposition publique du corps de la condamnée au gibet dans une sorte de cage de fer aux proportions humaines.

Le 18 avril 1763, Marie-Josephte Corriveau est exécutée à l’âge de 30 ans sur les Plaines d’Abraham, là où se trouve l’actuelle Colline Parlementaire. Sa dépouille mortelle est placée dans une cage de fer et on l’emmène à la Pointe-Lévy. On accroche la cage à une potence construite pour l’occasion à une croisée des chemins. C’est de cette façon que l’empire britannique informait la population du sort qui attendait les criminels. L’encagement était une pratique régulière pour les auteurs de crimes dits majeurs. Les Britanniques ont ainsi profité de la situation pour inspirer la terreur dans la population canadienne-française récemment conquise et consolider son autorité.

Le corps de Marie-Josephte reste exposé aux yeux du public durant une quarantaine de jours. Écœurés, les gens de Pointe-Lévy finissent par demander au gouverneur James Murray, la permission de décrocher le corps pour l’enterrer. Murray acquiesce à la demande.

Toutefois, cette expérience traumatisante pour les citoyens inspirera moultes histoires d’horreurs, empreintes de mysticisme au sujet de La Corriveau. Sans l’ombre d’une preuve, les ouï-dires finissent par lui attribuer la responsabilité de la mort de son premier mari. Au fil des années on ajoute à l’histoire les meurtres d’un hypothétique troisième mari, un quatrième, cinquième, un sixième et finalement un septième.

Rappelons que dans les faits, Marie-Josephte Corriveau ne s’est mariée que deux fois, mais les faits ne comptent plus à ce stade. Le folklore s’est emparé de l’histoire de La Corriveau que l’on finit par accuser de sorcellerie et meurtres en série. Les conteurs ajoutent des détails qu’ils imaginent comme des traits physiques, des méthodes de meurtres inédites, une personnalité sadique et ultimement la sorcellerie !

La légende de La Corriveau inspire encore aujourd’hui la littérature, le théâtre, le cinéma et même la musique québécoise.

Le film de 2017 La Cage adapte l’histoire de La Corriveau

Quant à la cage de la Corriveau, elle fut déterrée et exposée dans plusieurs villes. Elle fut même un objet d’attraction du célèbre cirque et du musée P.T. Barnum sur Broadway à New York. Durant des décennies, la cage parcoure les États-Unis de musée en musée pour aboutir à Salem, ville du Massachussetts tristement célèbre pour ses procès de sorcellerie.

La cage dans laquelle fut exposée La Corriveau

Ce n’est qu’en 2011 que l’on apprend au Québec que la cage de La Corriveau existe toujours. Le Musée de la Civilisation entame des démarches pour rapatrier la cage de la célèbre « sorcière » au Québec. Après un prêt de deux ans, on décide de céder la relique au Musée de la Civilisation où elle se trouve toujours.

Le groupe metal La Corriveau s’inspire de la légende de Marie-Josephte Corriveau :



Marie-Josephte Corriveau, mieux connue sous La Corriveau, est au cœur de l'une des légendes les plus tenaces du Québec. Découvrez son histoire!
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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