La radioactivité est un phénomène fondamental de la physique moderne depuis sa découverte à la fin du XIXe siècle. Toutefois, la découverte de ce phénomène naturel ouvre la porte à des avancées spectaculaires et des dangers d’une ampleur jamais vue auparavant.
Henri Becquerel : La découverte accidentelle

En 1896, Henri Becquerel, physicien français, explore la phosphorescence, la capacité de certains matériaux à briller après avoir été exposés à la lumière. Il utilise des sels d’uranium pour étudier ce phénomène. En enveloppant ces sels dans du papier noir et en les plaçant près d’une plaque photographique dans l’obscurité, il observe que la plaque est impressionnée sans exposition à la lumière.

Becquerel conclut que les sels d’uranium émettent spontanément une forme de rayonnement invisible capable de traverser le papier et d’impressionner la plaque. Cette découverte est le premier pas vers la compréhension de la radioactivité.
Pierre et Marie Curie : Un approfondissement révolutionnaire

Inspirés par les travaux de Becquerel, Pierre et Marie Curie consacrent leurs recherches à ce phénomène mystérieux. En 1898, le couple identifie deux nouveaux éléments radioactifs : le polonium, nommé en hommage à la Pologne, et le radium.


Leur découverte repose sur des expériences rigoureuses impliquant l’analyse de tonnes de minerai de pechblende, riche en uranium.

Leur travail met en lumière le concept de « radioactivité », un terme qu’ils inventent pour décrire l’émission spontanée de rayonnements par certains éléments. Les Curie démontrent que cette propriété n’est pas le résultat d’interactions chimiques, mais qu’elle provient du noyau des atomes eux-mêmes, bouleversant les modèles scientifiques de l’époque.

En 1903, Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie partagent le prix Nobel de physique pour leurs contributions à la découverte de la radioactivité.
Les expériences et le potentiel de la radioactivité
Les recherches sur la radioactivité révèlent rapidement son immense potentiel. Les scientifiques découvrent que les rayonnements émis par des substances comme le radium peuvent détruire les cellules, ouvrant la voie à des traitements médicaux tels que la radiothérapie pour lutter contre le cancer. Malheureusement, ces mêmes radiations peuvent le causer…

Cependant, ces avancées scientifiques s’accompagnent d’un enthousiasme excessif et parfois imprudent. Dans les premières décennies du XXe siècle, des produits radioactifs sont intégrés dans des biens de consommation, notamment des crèmes cosmétiques, des montres phosphorescentes et des boissons censées « revitaliser » l’organisme.



Évidemment, tous ces produits ont été retirés lorsque l’on a pris connaissance des effets réels de la radioactivité sur l’organisme.
Les dangers de la radioactivité : un apprentissage douloureux
La fascination pour la radioactivité occulte d’abord ses dangers. Henri Becquerel et Pierre Curie souffrent de brûlures sur la peau après avoir manipulé des substances radioactives, une première alerte sur les effets néfastes de l’exposition prolongée.


Marie Curie, quant à elle, meurt en 1934 d’une leucémie liée à sa manipulation répétée de matériaux radioactifs sans protection. Sa fille Irène Joliot-Curie subit également des effets néfastes, témoignant des risques méconnus de l’époque.
Dans les années 1920 et 1930, le scandale des « Radium Girls » attire l’attention. Des ouvrières à qui ont demandait de travailler avec une peinture au radium pour rendre les cadrans de montres phosphorescents. Les dirigeants de l’entreprise United States Radium Corporation décident de ne pas informer leurs employées du danger du radium.

Ces dernières tombent gravement malades en raison d’une exposition prolongée, souvent en léchant leurs pinceaux pour les affiner. Elles portent l’affaire en justice, mais plusieurs d’entre elles décèdent avant le dénouement du procès. Quelques survivantes sont ultimement indemnisées.
Armes atomiques et enjeux mondiaux

La découverte de la radioactivité entraîne rapidement son utilisation militaire, marquée par le développement des armes nucléaires. En 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis larguent deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Ces attaques causent la mort immédiate de plus de 200 000 personnes et des milliers d’autres périssent dans les années suivantes en raison des radiations. Ces bombardements marquent une nouvelle ère de destruction massive.
La bombe qui a dévasté Nagasaki :
Après 1945, une course à l’armement nucléaire s’engage entre les grandes puissances, notamment les États-Unis et l’URSS, alimentant la Guerre froide. Les essais nucléaires, comme celui de la bombe H, démontrent une puissance de destruction encore plus grande, mais révèlent aussi leurs impacts environnementaux et sanitaires.
L’infâme bombe tsar à hydrogène de la Russie des années 60 :
Aujourd’hui, bien que les armes nucléaires soient un sujet de préoccupation mondiale, leur dissuasion reste centrale dans la géopolitique.

Des traités comme le Traité de non-prolifération nucléaire de 1968 tentent de limiter leur prolifération, mais les arsenaux nucléaires restent une menace latente.
Vers une utilisation responsable
À partir des années 1940, la recherche sur la radioactivité s’oriente vers une gestion plus responsable de ses applications.

Les centrales nucléaires exploitent la fission des atomes pour produire une énergie abondante et relativement propre, bien que des incidents comme Tchernobyl le 26 avril 1986 et Fukushima le 11 mars 2011 rappellent les dangers liés à cette technologie.


Dans le domaine médical, la radioactivité trouve des usages vitaux. La médecine nucléaire utilise des isotopes radioactifs pour diagnostiquer et traiter des maladies.

Les scanners PET (tomographie par émission de positons) permettent, par exemple, de détecter des cancers à un stade précoce.

Des protocoles stricts encadrent désormais l’utilisation des substances et des déchets radioactifs, garantissant la sécurité des travailleurs et du public.

La découverte de la radioactivité a transformé le monde scientifique en ouvrant des champs d’exploration inédits. Si Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie ont payé un lourd tribut à leurs découvertes, leur travail a propulsé l’humanité vers l’avenir à bonds de géants.
La radioactivité a ouvert les portes du futur à l'humanité... pour le meilleur et pour le pire.Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!