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Thérèse Casgrain : Héroïne de la politique québécoise

Thérèse Casgrain : une vie dédiée à la politique et aux droits des femmes

Thérèse Forget Casgrain est une figure emblématique du féminisme et de la politique québécoise. Née le 10 juillet 1896 à Montréal, elle est une femme déterminée qui consacre sa vie à la lutte pour l’égalité des sexes et les droits des femmes. Ses contributions sont nombreuses et variées, allant de la bataille pour le droit de vote des femmes à son engagement politique actif. Cependant, son parcours est jalonné de défis, principalement en raison de son statut de femme dans un monde largement dominé par les hommes.

Enfance et éducation

Thérèse Forget âgée de trois ans en train de livrer son premier discours

Thérèse Casgrain naît dans une famille aisée et influente, ce qui lui offre une éducation privilégiée. Son père, Rodolphe Forget, est un homme d’affaires et politicien, et sa mère, Blanche MacDonald, est issue d’une famille anglophone. Thérèse grandit dans un environnement bilingue et culturellement riche. Elle épouse Pierre-François Casgrain, un avocat et politicien, avec qui elle a quatre enfants. Malgré ses responsabilités familiales, Thérèse est déterminée à poursuivre ses propres ambitions.

Le combat pour le droit de vote des femmes

Dans les années 1920, Thérèse Casgrain s’engage dans le mouvement pour le suffrage féminin au Québec. En 1921, elle est membre fondatrice, avec Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Idola Saint-Jean, du Comité provincial pour le suffrage féminin (CPSF) et en devient la vice-présidente. À cette époque, les femmes canadiennes ont le droit de vote aux élections fédérales depuis 1918, mais il faut attendre beaucoup plus longtemps pour que les Québécoises puissent voter aux élections provinciales. Thérèse se bat sans relâche pour que les femmes obtiennent ce droit fondamental. Avec la Ligue du droit des femmes qu’elle préside, elle milite pour réformer le Code civil du Bas-Canada, notamment en ce qui a trait à la discrimination juridique des femmes.

Son engagement est loin d’être une tâche facile. Elle fait face à une forte opposition de la part des politiciens conservateurs et de l’Église catholique, qui jouent un rôle crucial dans la société québécoise. Ces institutions véhiculent l’idée que la place des femmes est au foyer et non dans la sphère publique. Thérèse doit surmonter de nombreux préjugés et stéréotypes sexistes. Malgré ces obstacles, elle reste déterminée et continue à militer pour l’égalité.

Le 8 juin 1934 sur les ondes radio de CKAC, Thérèse déclare :

« Les femmes subissent les conditions de vie qui leur sont imposées par une société où dominent les hommes. Le droit de vote pour la femme constitue le seul moyen logique et compatible avec notre système politique, pour assurer la sanction qu’il lui faut avoir à sa disposition pour faire reconnaître et maintenir ses droits. »

Une victoire pour les femmes du Québec

La Ligue des droits de la femme en 1935

Le 18 avril 1940, après des années de lutte acharnée et quatorze tentatives rendues infructueuses, notamment par le régime de Maurice Duplessis, Thérèse Casgrain et ses collègues féministes voient enfin leurs efforts récompensés. Le gouvernement libéral d’Adélard Godbout accorde le droit de vote aux femmes. Cet accomplissement marque un tournant dans l’histoire des droits des femmes au Canada et représente une victoire personnelle majeure pour Thérèse.

À l’élection partielle fédérale de 1942, Thérèse Casgrain est candidate libérale indépendante dans l’ancienne circonscription de son père et de son mari, Charlevoix–Saguenay. Elle termine en deuxième place. (Elle se présentera six autres fois dans trois circonscriptions différentes, mais ne sera jamais élue.)

En 1946, elle quitte le Parti libéral et se joint à la Co-operative Commonwealth Federation (CCF) qui deviendra le Parti social-démocrate et plus tard, le Nouveau Parti démocratique (NPD).

En 1948, elle accède au poste de vice-présidente du CCF, ce qui fait d’elle la seule femme à siéger au comité exécutif. Elle en est la dirigeante provinciale de 1951 à 1957 Thérèse Casgrain devient ainsi la première femme de l’histoire du Canada à diriger un parti politique. 

Le combat pour l’égalité continue

Malgré tous ses accomplissements dans le domaine politique, Thérèse Casgrain doit constamment prouver sa compétence et sa légitimité dans un environnement dominé par les hommes. Les attitudes sexistes et les préjugés sont omniprésents. Ses adversaires politiques et même certains collègues n’hésitent pas à la critiquer non pas pour ses idées ou ses politiques, mais simplement parce qu’elle est une femme.

Les médias de l’époque participent également à ces discriminations. Ils mettent souvent l’accent sur son apparence ou sa vie familiale plutôt que sur ses réalisations politiques et intellectuelles. Thérèse Casgrain doit donc redoubler d’efforts pour se faire entendre et prendre au sérieux.

Réalisations et reconnaissance

En dehors de la politique électorale, Thérèse Casgrain consacre une grande partie de sa vie à diverses causes sociales. Elle joue un rôle clé dans la création de la Fédération des femmes du Québec en 1966, une organisation qui continue de promouvoir les droits des femmes et l’égalité des sexes. Elle est également impliquée dans des campagnes pour la paix, la justice sociale et les droits des consommateurs.

En 1970, elle devient la première femme à siéger au Sénat du Canada, nommée par le Premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Cependant, elle n’occupe ce poste que pendant quelques mois en raison de la limite d’âge obligatoire de 75 ans. Malgré la brièveté de son mandat au Sénat, cette nomination représente une reconnaissance de son inlassable travail et de ses contributions significatives à la société canadienne.

Thérèse Casgrain est également reconnue internationalement. Elle reçoit plusieurs distinctions, dont l’Ordre du Canada, pour son engagement en faveur des droits de l’homme et des femmes. Son autobiographie, « Une femme chez les hommes », publiée en 1971, offre un témoignage poignant de sa vie et de ses luttes.

La carrière et les réalisations de Thérèse Casgrain sont reconnus par un nombre impressionnant de prix et de distinctions :

Officier, Ordre du Canada (1967)

Compagnon de l’Ordre du Canada (1974)

Doctorat honorifique en droit, Université de Montréal (1968)

Doctorat honorifique en droit, Université McGill (1974)

Doctorat honorifique en droit, Université Queen’s (1974)

Doctorat honorifique en droit, Université Trent

Doctorat honorifique en droit, Université d’Ottawa (1979)

Doctorat honorifique en droit, Université York (1979)

Prix du Gouverneur général pour son rôle dans l’obtention du droit de vote pour les femmes québécoises (1979)

Doctorat honorifique en droit, Université Concordia (1980)

Académie des Grands Montréalais, Chambre de commerce du Montréal métropolitain (1980)

Doctorat honorifique en droit, Université de Windsor (1981)

Officier de l’Ordre de l’Empire britannique

Thérèse Casgrain est une véritable héroïne du mouvement féministe et de la politique québécoise. Son parcours est un témoignage de courage, de persévérance et de détermination face à l’adversité. Elle a ouvert la voie à de nombreuses femmes en politique et continue d’inspirer les nouvelles générations.

Un monument près de l’hôtel du Parlement représente Idola Saint-JeanMarie Lacoste-Gérin-Lajoie et Thérèse Casgrain qui ont milité pour le droit de vote et d’éligibilité des femmes ainsi que Marie-Claire Kirkland, première femme élue au Parlement du Québec

Son combat pour le droit de vote des femmes et ses nombreuses autres contributions à la société québécoise démontrent que les barrières de genre peuvent être surmontées avec conviction et engagement. Thérèse Casgrain a non seulement marqué l’histoire, mais elle a aussi laissé un héritage durable qui continue à influencer positivement la société québécoise contemporaine.



Thérèse Casgrain, une pionnière dont l'impact résonne encore aujourd'hui dans la politique québécoise !
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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