Yvon Deschamps : Hommage au plus grand comique québécois

Yvon Deschamps est un humoriste, chanteur, conteur, comédien et auteur, il a marqué l’histoire du Québec par ses monologues incisifs et engagés, qui ont su captiver et faire réfléchir des générations de Québécois.

Né le 31 juillet 1935 à Montréal, Deschamps grandit dans un milieu modeste, ce qui façonne son regard critique et empathique sur la société. Son parcours est riche en succès, en engagement social, et en contributions significatives à la scène culturelle québécoise, particulièrement durant la Révolution tranquille.

Les débuts d’une carrière remarquable

Yvon Deschamps quitte l’école très tôt et travaille comme messager à Radio-Canada avant de suivre des cours privés d’art dramatique avec Paul Buissonneau. Il joue ses premiers rôles au Théâtre universitaire canadien aux côtés de Paul Hébert en 1958 et 1959. En 1959, il fait sa première apparition à la télévision sur le réseau de Radio-Canada. La même année, Paul Buissonneau l’engage comme acteur à La Roulotte. En 1960, il joue à La Poudrière et à L’Égrégore, et dès 1961, il participe aux concerts de Claude Léveillée. En 1964, avec Claude Léveillée et Jean-Louis Millette, ils fondent le Théâtre de Quat’sous.Yvon Deschamps participe à sa première revue en 1963 et tourne dans son premier film, Délivrez-nous du mal, en 1964.

Yvon trouve cependant sa voie dans l’art du monologue, des numéros satyriques engagés à saveur politique et sociale qu’il rédige et présente à partir de 1967 dans des clubs comme la Boîte à Clémence.

En 1968, il se joint au Quatuor de l’Osstidcho, avec Robert Charlebois, Louise Forestier et Mouffe (Claudine Monfette). Ce spectacle, révolutionnaire pour l’époque, mélange musique, théâtre et humour et devient rapidement un succès retentissant. C’est à partir de ce moment qu’Yvon Deschamps commence à se faire un nom comme humoriste.

Lors de la Fête nationale de 1976, à quelques mois de l’élection du Parti Québécois, Yvon et les cinq monuments de la chanson québécoise, Gilles Vigneault, Claude Léveillée, Jean-Pierre Ferland et Robert Charlebois, présentent le spectacle 1 fois 5 à Montréal et à Québec. Des centaines de milliers de québécois sont présents pour ce moment historique de la culture québécoise.

Dans les années 80, Yvon se retrouve à la barre d’une émission hebdomadaire présentée le samedi soir. On y présente des sketchs humoristiques et des personnags récurrents. L’émission Samedi de Rire remporte un énorme succès.

Des monologues aux messages puissants

Yvon Deschamps se distingue particulièrement par ses monologues, qui abordent des sujets sociaux et politiques avec une lucidité désarmante et un humour cinglant. Ses œuvres sont souvent des critiques acerbes de la société québécoise, mais elles sont aussi empreintes de compassion et d’humanité. Parmi ses monologues les plus célèbres, on trouve « Le bonheur », « Les unions, qu’ossa donne? » et « Pépère ».

Dans « Le bonheur », Deschamps explore la quête universelle du bonheur, souvent en opposition avec les réalités économiques et sociales de l’époque. « Les unions, qu’ossa donne? » aborde le thème de l’union syndicale et des luttes ouvrières, reflétant les tensions sociales de la Révolution tranquille. Il dénonce le sexisme dans « La libération de la femme », l’homophobie dans « Les Tapettes », l’âgisme dans « Pépère », le racisme dans « Nigger Black » et l’antisémitisme dans un monologue poignant sur l’intolérance. Il s’attaque aussi aux idéologies politiques radicales, tant de droite que de gauche. Il est l’un des premiers artistes à attaquer la religion catholique et son emprise sur la société québécoise, ce qui lui vaudra plusieurs critiques. Mais l’iconoclaste tient tête aux bigots et aux conservateurs qui s’opposent à lui.

Pour se faire, Yvon Deschamps se place souvent dans un personnage qui se rend coupable (parfois sans même le réaliser) de ce qu’il veut dénoncer. Son personnage fétiche de Marcel, lui sert à incarner le québécois moyen, un peu ignorant et rempli de préjugés.

La Révolution tranquille

La Révolution tranquille est une période de profonds changements sociaux et politiques au Québec dans les années 1960. C’est dans ce contexte que les monologues de Deschamps résonnent particulièrement fort. En utilisant l’humour pour aborder des thèmes tels que la laïcisation, la justice sociale, et la critique des institutions, Yvon Deschamps devient une voix essentielle de cette époque. Son travail aide à façonner la conscience collective québécoise, en encourageant la réflexion et le dialogue autour des enjeux sociaux.

L’engagement social

Au-delà de ses performances sur scène, Yvon Deschamps est également connu pour son engagement social. Il s’implique dans diverses causes, notamment la lutte contre la pauvreté et pour les droits des travailleurs. Son engagement est souvent reflété dans ses œuvres, où il plaide pour plus de justice et d’équité dans la société.

Deschamps est aussi un ardent défenseur de la langue et de la culture québécoise. Il utilise son influence pour promouvoir la culture francophone et pour encourager les Québécois à être fiers de leur identité. Par ses actions et ses paroles, il inspire de nombreux artistes et citoyens à s’engager pour des causes sociales et culturelles. Il contribue notamment de façon financière au Chaînon, un centre d’hébergement pour femmes en détresse, situé à Montréal.

Les succès et les honneurs

Yvon Deschamps connaît un succès fulgurant tout au long de sa carrière. Ses spectacles attirent des foules considérables et ses albums de monologues se vendent par milliers. Il remporte de nombreux prix et distinctions, témoignant de l’impact de son œuvre sur la société québécoise.

Parmi les honneurs reçus, on peut citer le prix Gémeaux pour l’ensemble de sa carrière, le prix Félix de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision, ainsi que le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle. En 2001, il est fait Officier de l’Ordre national du Québec, une des plus hautes distinctions de la province, en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la culture québécoise.

Vie amoureuse et familiale

Sur le plan personnel, Yvon Deschamps partage sa vie avec sa femme Judi Richards, une comédienne chanteuse torontoise bien connue. Ensemble, ils forment un couple solide et uni, partageant une passion commune pour les arts et la culture. Ils ont trois enfants, qui héritent de l’amour de leurs parents pour la créativité et l’expression artistique. La famille Deschamps-Richards est connue pour sa discrétion et son engagement envers des valeurs familiales solides.

La vie aujourd’hui

Aujourd’hui, Yvon Deschamps continue de marquer les esprits, même s’il est moins présent sur les scènes publiques. Il reste actif dans le milieu artistique et culturel, participant à des événements et soutenant de jeunes talents. Ses œuvres continuent d’être étudiées et appréciées, et il reste une figure respectée et influente dans la société québécoise.

Il consacre également une partie de son temps à des œuvres caritatives et à des causes sociales, fidèle à son engagement de toujours pour un monde plus juste et équitable. Sa contribution au patrimoine culturel du Québec est inestimable, et son héritage perdurera pour les générations à venir.

Un monument de la culture québécoise

Yvon Deschamps est bien plus qu’un humoriste; il est un véritable monument de la culture québécoise. Par ses monologues, il a su capter et critiquer les réalités sociales et politiques de son époque, tout en faisant rire et réfléchir des générations de québécois. Aujourd’hui, son œuvre continue de vivre en tant que référence de l’humour engagé et de la critique sociale.

Découvrez ou redécouvrez l’essentiel de l’oeuvre d’Yvon Deschamps grâce à sa chaîne YouTube:

https://www.youtube.com/@yvondeschamps_chaineoffici894