L’histoire du Québec est remplie de personnages fascinants, mais rares sont ceux qui ont réussi à marquer les annales criminelles comme Albert Guay. Bijoutier de métier, Guay est passé à l’histoire non pas pour ses talents d’orfèvre, mais pour avoir orchestré un des crimes les plus marquants et saisissants du Canada.
En 1949, avec un plan diabolique en tête, il fait exploser un avion dans le ciel de Sault-au-Cochon, tuant 23 personnes, pour une raison bien précise… Mais laquelle ? Comment ce crime a-t-il changé le visage de la justice criminelle au pays ?
Dans cet article, découvrons ensemble cette histoire digne d’un roman policier.
Le Québec des années 1940 : Une époque de bouleversements
Pour comprendre ce qui a mené à l’acte odieux d’Albert Guay, il faut d’abord jeter un coup d’œil sur le Québec de l’époque.
À cette époque, la société québécoise est marquée par une forte emprise de l’Église catholique et des valeurs traditionnelles. On est en pleine période de ce qu’on appelle la Grande Noirceur, sous le règne de Maurice Duplessis, où l’Église et l’État sont étroitement liés. Les mœurs sont strictes, et la modernité tarde à s’installer. Pourtant, sous cette surface de conformisme, des tensions bouillonnent.
La société québécoise est à la croisée des chemins. D’un côté, il y a les valeurs conservatrices et la moralité rigide qui dictent la vie quotidienne. D’un autre côté, sous l’influence des États-Unis, du reste du Canada et de l’après-guerre, des idées de liberté individuelle, de droits civiques et de remise en question de l’ordre commencent à pénétrer l’esprit des jeunes et des plus audacieux.
Guay, bijoutier et homme à femmes, est coincé dans un mariage malheureux avec Rita Morel. En dépit de son apparence d’homme d’affaires respectable, il mène une double vie amoureuse. Cette soif de liberté le pousse à commettre l’irréparable, trouvant dans un crime audacieux une solution à ses problèmes personnels.
Un crime pensé dans les moindres détails
Albert Guay n’est pas le genre d’homme à faire les choses à moitié. En 1949, le bijoutier de Québec est marié avec Rita Morel, mais les querelles sont fréquentes et ce dernier cherche une façon de s’en sortir.
M. Guay veut refaire sa vie avec sa jeune maîtresse de 17 ans, Marie-Ange Robitaille. D’ailleurs, dans le procès, on découvrira que l’origine des querelles était souvent due aux aventures extra-conjugales de monsieur. Cependant, son mariage avec Rita Morel est un obstacle. Mais comment faire ?
Après une réconciliation de façade en août, il conçoit un plan pour se débarrasser de sa conjointe. Pas question de demander le divorce ! Au lieu de cela, Guay opte pour une solution radicale : faire exploser un avion en plein vol.
Le complot prend forme dans l’appartement des beaux-parents de Guay, où il persuade Rita de se rendre sur la Côte-Nord pour une « commande spéciale » de bijoux. Il lui achète un billet d’avion pour le 9 septembre et souscrit une assurance vie de 10 000 $ à son nom (ce qui correspond aujourd’hui à plus de 110 000 $). Le colis qui accompagne Rita lui est présenté comme une statue de la Vierge Marie, marquée « fragile », mais il contient en réalité une bombe.
Pour mettre son plan en œuvre, Guay recrute deux complices : Généreux Ruest, un horloger qui fabrique la bombe artisanale, et Marguerite Pitre, surnommée « la Corbeau », qui se charge de la livraison du colis à l’aéroport en échange d’effacer ses dettes.
La bombe, simple mais efficace, est constituée d’un réveil modifié relié à 18 bâtons de dynamite. L’explosion est programmée pour détoner en plein vol.
Le matin du 9 septembre, Guay accompagne sa femme jusqu’au Château Frontenac, où elle prend un taxi pour l’aéroport de L’Ancienne-Lorette. Guay avait tout calculé pour que lors de l’explosion, l’avion s’échoue dans le fleuve Saint-Laurent pour dissimuler les preuves. Cependant, le DC-3 de la Canadian Pacific Airlines décolle avec un léger retard, ce qui s’avérera décisif. L’avion explose à 10 h 45, au-dessus de Sault-au-Cochon, dans Charlevoix, tuant les 23 personnes à bord.
L’enquête qui a secoué le Québec
Les enquêteurs arrivés sur les lieux sont frappés par une forte odeur de soufre, un indice crucial qui aurait pu passer inaperçu si l’avion s’était abîmé dans les eaux du Saint-Laurent, comme l’avait espéré Albert Guay. Ce qui ressemble d’abord à un accident tragique suscite rapidement des soupçons. Le comportement de Guay attire l’attention lorsqu’il tente d’annuler le vol à la dernière minute.
Les autorités ne tardent pas à flairer le coup monté. Avec les preuves qui s’accumulent (lettres, reçus, témoignages…), les enquêteurs découvrent rapidement les liens entre Guay, Ruest et Pitre. Le complot est démantelé et Guay est arrêté, suivi de ses complices. Le procès devient alors un véritable théâtre où la presse et le public québécois se passionnent pour chaque détail sordide de l’affaire.
Voilà comment l’affaire Guay devient l’un des procès les plus retentissants de l’histoire criminelle du Québec. Ce meurtre audacieux, qui a entraîné la mort de 23 innocents, est le premier attentat terroriste contre un avion civil en Amérique du Nord.
La justice frappe fort : Les condamnations
Albert Guay est jugé coupable le 14 mars 1950 et est pendu le 12 janvier 1951, à la prison de Bordeaux à Montréal. Ses complices, Généreux Ruest et Marguerite Pitre, subissent le même sort. À l’époque, le Canada n’avait pas encore aboli la peine de mort, et ces exécutions marquent les esprits. Pour beaucoup, cette affaire démontre la détermination des autorités québécoises à punir sévèrement les crimes prémédités.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
L’affaire Guay n’a pas seulement marqué la justice ; elle est entrée dans le folklore québécois. Les récits de cette tragédie continuent de captiver l’imaginaire populaire, inspirant des livres, des documentaires, et même des discussions autour de la table familiale. C’est un rappel glaçant que parfois, la réalité dépasse la fiction.
Cette histoire nous rappelle à quel point la nature humaine peut être sombre et complexe. Elle soulève aussi des questions sur la justice, la peine de mort, et la manière dont nous punissons les crimes dans notre société. Quelle serait la sentence aujourd’hui ? Et surtout, comment cet événement historique continue-t-il de nous influencer ?
L’affaire Guay vous était-elle familière, ou la découvrez-vous pour la première fois ? Que pensez-vous de la façon dont la justice a été rendue ? N’hésitez pas à partager vos réflexions dans les commentaires !
Bijoutier discret le jour, meurtrier sans scrupules la nuit… Albert Guay a marqué l’histoire du Québec d'une manière effroyable 💎💥Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!
C’est l’histoire qui a amené au film Le Crime d’Ovide Plouffe. Les restes de l’avion sont encore sur place mais pas facile a trouver…
Oui effectivement, ce film a été inspiré de cette histoire. J’avais lu aussi que les restes de l’avion sont encore sur place, ce doit être impressionnant à voir ! (si on est capable de les trouver 😉)