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Astuces et conseils pour prendre soin de votre plante carnivore

Gardez votre plante carnivore en pleine forme avec ces conseils pratiques! 🍃

Avez-vous vu des plantes carnivores en vente dans votre épicerie? C’est la mode ces temps-ci et on les voit en vente partout! Mais savez-vous vous en occuper? Il s’agit d’une plante très capricieuse, aux besoins particuliers, et aux vertus anti-mouches bien en deçà de ce qu’on pourrait croire!

Différents types de plantes carnivores que vous pourriez trouver au magasin

Dionée attrape-mouche (Dionaea muscipula)

Celle à laquelle vous pensez est certainement la dionée attrape-mouche. Elle est très populaire, car, il faut bien le dire, elle est impressionnante avec ses «bouches» capables de se refermer en un instant! À l’intérieur de ces bouches à l’odeur sucrée, six petits poils servent de senseurs. Si une infortunée mouche touche deux de ces poils dans un délai de 20 secondes, CLAP! La bouche se referme et peut commencer son processus de digestion. Chaque bouche ne sert qu’une seule fois, alors attention à ne pas vous amuser à les faire fermer pour rien: vous risquez d’épuiser la plante et de la priver de nourriture!

Ça va sans doute vous étonner: la dionée est une plante originaire d’Amérique du Nord. Nous n’en avons pas au Québec, mais on en trouve un peu plus au sud, aux États-Unis. Elle peut tomber en dormance en hiver, chose qu’elle fait en nature puisque la température hivernale dans son milieu de vie atteint les -10°C. Pas de panique si elle vous semble figée durant l’hiver!

Népenthès (Nepenthes sp.)

Le népenthès est aussi très populaire. Bien que je n’en aie pas encore vu au IGA, elle est courante dans les jardineries. Elle est très jolie aussi, avec ses grosses cloches, d’autant plus qu’on peut en trouver de couleurs et grosseurs différentes. Celles qu’on achète sont originaires d’Asie la plupart du temps, mais on retrouve des népenthès en nature également en Inde, à Madagascar et en Nouvelle-Calédonie.

L’histoire de cette plante et de toutes ses espèces est très longue, mais je vais me contenter de vous donner trois faits étonnants:

  • C’est une plante carnivore grimpante, ce qui la distingue grandement des autres.
  • Les grosses variétés de népenthès sont les seules plantes pouvant se nourrir de petits mammifères et oiseaux.
  • Certaines espèces ont évolué pour se nourrir des excréments des animaux qui défèquent directement sur les feuilles en se nourrissant du nectar de la plante.

Je sais, je sais… C’est cool! Mais n’essayez pas de nourrir la vôtre comme ça!

Comment ça «mange» les insectes, maintenant? Le nectar sucré au fond des cloches les attire et ceux-ci restent coincés, incapables d’en ressortir, puisque les parois internes des cloches sont glissantes.

Sarracénie (Saracenia sp.)

Finalement, un peu plus rare, mais tout de même trouvable dans les jardineries, les sarracénies sont aussi des plantes aux multiples couleurs et grosseurs. Elles viennent de… chez nous! Certaines vivent plus au sud, voire en Amérique du Sud, mais au Québec (et ailleurs au centre et à l’est du Canada), nous avons bel et bien quelques espèces de plantes carnivores, dont une sarracénie!

Sarracénie pourpre. Photo: kallummcdonald

L’espèce qu’on trouve beaucoup en jardinerie (et qui vit au Canada) est la sarracénie pourpre et… c’est la plus sadique MHOUHAHAHA! Le piège fonctionne par noyade. Le calice se remplit d’eau de pluie (puisqu’elle ne peut pas fabriquer de l’eau comme le fait le népenthès), et les insectes qui s’y aventurent sont incapables de remonter vers la surface à cause de petits poils microscopiques inclinés vers le fond.

Il existe d’autres types de plantes carnivores (dont les droséras et utriculaires qui vivent au Québec), mais ce sera un autre sujet d’article! Aujourd’hui, je vous parle de celles qu’on a comme plantes d’intérieur.

Ce qu’il faut savoir AVANT d’acheter ces plantes captivantes

Elles sont insectivores.

Je sais, c’est cool! Elles ne sont pas comme les autres plantes, elles mangent des insectes!!

Ouais… justement… Elles ne sont pas comme les autres plantes et c’est pourquoi, si vous ne faites pas un minimum de recherches, votre jolie dionée sera morte en quelques jours. Une chance que vous êtes tombé sur cet article!

Les plantes prennent en général leurs nutriments dans le sol, mais pour les plantes carnivores, seule l’eau est puisée à l’aide des racines. Le reste des minéraux (l’azote, surtout) provient des insectes capturés. Et alors? Alors les racines sont petites et fragiles. Ces plantes ne tolèrent pas l’eau du robinet à cause du chlore (ou du sel d’adoucisseur). Si le népenthès est un peu plus tolérant, la dionée agonise très rapidement si elle est arrosée à l’eau du robinet. Elle a besoin d’eau de pluie, d’eau distillée, ou encore (mon truc perso) d’eau de déshumidificateur. Et SURTOUT ne mettez pas d’engrais!

Le sol doit rester humide, mais pas détrempé. Ces plantes vivent dans les tourbières, c’est-à-dire des «swompes». Si le sol sèche complètement, elle peut mourir.

Donc, première étape, vous amenez votre nouvelle plante à la maison et vous évitez le piège de l’eau du robinet. Super. Vous êtes une bonne maman plante!

Ensuite, vous la rempotez, parce que, soyons, sérieux, qui aime les petits pots bruns en plastique? Une bonne pelletée de terre et BAM! Décès.

Si, encore une fois, le népenthès, et même la sarracénie, peuvent survivre en terre, la dionée n’appréciera pas du tout! Et ne vous y trompez pas: survivre, ça ne donne pas une plante jolie et en pleine forme. Donc, pour rempoter votre carnivore, vous aurez besoin de la mousse (ou tourbe) de sphaigne (peet moss).

La raison est que les plantes carnivores vivent dans des sols acides, et la terre à jardin ou à plantes d’intérieur ne l’est pas suffisamment. Où on trouve ça de la sphaigne? Partout où on achète de la terre. Ça a d’ailleurs la même apparence, quoique beaucoup plus léger, que les autres substrats à plantes. Ça évite de bruler ou d’étouffer les racines fragiles.

Parlons du pot maintenant. Le sol doit toujours être humide: ne prenez pas un pot de terre cuite ou vous devrez arroser plusieurs fois par jour!

Comme c’est une plante qui demande une bonne humidité ambiante, je vous propose trois astuces:

1- Posez votre pot sur un lit de billes d’argiles que vous garderez mouillé. L’évaporation crée un habitat humide autour de la plante.

2- Couvrez votre plante d’une cloche en verre (ou d’un sac de plastique, pour une version moins esthétique) pour qu’elle conserve son humidité. Attention, la température monte très vite si elle est exposée au soleil et il est possible qu’elle manque d’aération et qu’elle moisisse. Il faut un peu de gestion avec cette méthode: soulever la cloche et la laisser respirer un peu de temps en temps.

3- Plantez votre plante directement dans un bocal à poissons: l’eau du sol suffira à créer de l’humidité, vous n’aurez pas besoin d’arroser tous les jours, et l’ouverture permet d’éviter d’avoir une cloche embuée, ou une température trop élevée si le soleil s’y met. C’est, selon mes expériences, la méthode demandant le moins d’entretien pour prendre soin des carnivores.

Photo: DR

Niveau ensoleillement, ce sont des plantes qui aiment généralement une bonne lumière. Attention à ne pas bruler votre dionée en plein soleil l’été, mais n’hésitez pas à les sortir sur votre balcon pour leur faire profiter d’un maximum de lumière. Généralement, selon les variétés que vous avez, une bonne lumière révèle ses couleurs. La sarracénie pourpre après quelques semaines dehors est tout simplement MAGNIFIQUE!

Oh et dernier conseil! Laissez la nature vivre par elle-même. Autrement dit: NE METTEZ PAS DE MOUCHES DANS LES PIÈGES! À moins que vous soyez dans un environnement aseptisé et 100% sans insectes, ou que votre plante soit dans un bocal fermé, elle n’a pas besoin de vous. Beaucoup de gens font l’erreur de «nourrir» leur plante, et celle-ci se retrouve avec un surplus d’azote potentiellement nuisible, voir mortel. Alors laissez votre plante tranquille: ses réels besoins sont d’environ un insecte par mois!


Ne laissez pas votre plante carnivore dépérir! Suivez notre guide étape par étape pour un entretien optimal.
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Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

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