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Gangster québécois : Richard Blass alias Le Chat

Richard Blass, Le Chat : plongée dans la vie du gangster québécois le plus notoire

De tous les criminels qui ont marqué l’histoire du Québec, peu d’entre eux rivalisent avec le tristement célèbre Richard Blass.

Né en 1945 dans le quartier Villeray à Montréal, Richard vit une enfance difficile, lorsque son père déserte le foyer familial. Bien qu’il soit le cadet de sa fratrie, il prend rapidement la place de chef de famille laissée vacante par son père. Il devient rapidement un petit dur à cuire et ses frasques le mènent à l’école de réforme.

Dès l’adolescence, le petit Richard voue une admiration aux criminels de carrière. Il collectionne des photos de ses héros et les articles qui racontent leur exploits. Ses modèles sont : Al Capone, Bonnie Parker, Monica La Mitraille et autres truands célèbres. Il rêve de s’élever au même rang que ses idoles et même de les surpasser.

Un jeune Al Capone pose avec ses Tommy guns

Même s’il fut un criminel légendaire, on ne peut qualifier Blass de « génie criminel ». Toutefois, ce qui lui manquait en intellect, il le compensait par son impétuosité, sa violence et sa grande cruauté.

Richard Blass s’est fait prendre par la police à plusieurs reprises. Lors de sa carrière qui s’étale de 1965 à 1975, il fut condamné à 23 reprises.

Son audace inconsciente le poussa un jour à déclarer la guerre à la mafia, avec qui il était lassé de partager les profits de ses braquages. Il va même jusqu’à tenter d’assassiner Frank Cotroni, le fils du Parrain de la mafia montréalaise. Blass passe tout prêt de réussir en attirant sa cible dans une embuscade, mais seuls les gardes du corps du mafioso sont tués et Cotroni s’en sort indemne.  

Cet acte insensé aurait mis fin à la carrière de n’importe quel autre malfaiteur. Évidemment, la tête de Blass fut mise à prix et sa vie était constamment menacée. Ou plutôt ses vies ! Le vieil adage selon lequel les chats ont neuf vies valurent à Blass son surnom. Comme on dit au Québec, il était « pas tuable » !

Le Chat

Le clan Cotroni avait résolument décidé d’en finir avec ce rival dangereux et hors de contrôle. À plusieurs reprises, des opérations pour l’éliminer furent orchestrées par la mafia. Ils ont notamment incendié le Manoir Plaisance de Saint-Hyppolyte, où Blass était terré. Deux hommes et une femme perdirent la vie lors de cet événement, mais Blass s’en sortit indemne. Plus tard, des assassins de la mafia ouvrent carrément le feu sur lui en plein jour sur la rue St-Hubert à Montréal. Encore une fois, le Chat réussit à s’échapper.

Le clan Cotroni

La mafia, réalisant qu’elle a peut-être sous-estimé son adversaire, décide alors de le piéger dans un traquenard plus élaboré. Les sbires de Cotroni le coincent dans un stationnement du nord-est de Montréal. Blass est atteint à la tête, mais il réussit tout de même à se soustraire à ses assaillants pour se rendre à l’Hôpital Jean-Talon. Les hommes de la mafia sont arrêtés suite à cette tentative d’assassinat. En cour, Blass qui porte un pansement sur la tête, fait mine de ne pas reconnaître ses assaillants. Il en profite pour se donner en spectacle, alimentant son rêve de devenir un criminel vedette !

Finalement arrêté au début de l’année 1969 lorsqu’un braquage de banque tourne mal, Richard Blass est conduit à la prison de Bordeaux en attendant son procès.

Il s’en évade en octobre de la même année avec sept codétenus. Il est repris deux jours plus tard lors d’une imposante opération policière. C’est à ce moment que Blass rencontre son plus grand ennemi. Un ennemi mortel qui s’avérera plus dangereux que la mafia.

Le Kojak québécois

Cet ennemi redoutable de Richard Blass n’est autre qu’Albert Lysacek, le plus redoutable policier de la Sureté du Québec. Lysacek est un vrai dur dont la réputation est connue d’un océan à l’autre. Il est admiré des policiers et craint des criminels. Ce limier impitoyable et imperturbable se déplace toujours avec sa mitraillette de 1927. La fameuse arme des gangsters de Chicago. Lorsqu’il fait la rencontre de Blass pour l’escorter au palais de justice de Sherbrooke, le Sergent-Détective n’est guère impressionné par les bravades que lui lance le criminel d’habitude. Pour lui c’est un petit truand comme les autres, mais en plus baveux.

Le fameux Tommy gun des gangsters du début du 20e siècle

Sur la route, Blass tente d’intimider Lysacek et son partenaire au volant de la voiture en lui disant sur in ton moqueur que tôt ou tard, les membres de sa gang leur bloqueraient la route pour le délivrer.

Lysacek se retourna, colla son arme sur le nez de Richard Blass et lui dit : « Richard… Si on se fait attaquer la première chose que je ferai sera de te flamber la tête. Ensuite je vais me défendre. »

Cette réplique mit fin au moqueries de Blass. Il commençait à comprendre à qui il avait affaire… Il n’y eût plus de tentative d’intimidation à l’endroit du policier après cet essai raté.

Richard Blass entre les mains des policiers

Pendant que Le Chat purge sa peine, le Québec entre dans la Crise d’Octobre de 1970. Richard Blass propose un plan insensé pour faire plier le Front de Libération du Québec (FLQ) et résoudre la crise. Il suggère au directeur de la prison, de le laisser kidnapper ses codétenus qui sont membres du FLQ et de menacer de les tuer jusqu’à ce que le FLQ relâche ses otages, le diplomate James Cross et le ministre Pierre Laporte. Étrangement, le directeur de la prison considère sérieusement le plan de Blass, au point de convoquer son avocat Frank Shoofey pour lui exposer la démarche.

Heureusement, le bon sens intervint et ce plan douteux ne fut jamais concrétisé.

Finalement, c’est l’ennemi juré de Blass, le Sergent-Détective Lysacek qui mit la main au collet de Jacques Rose et Francis Simard, les felquistes responsables de l’enlèvement de Pierre Laporte.

Le felquiste Paul Rose sous la garde d’Albert Lysacek

Le cadeau d’anniversaire

Le 23 octobre 1974, Richard Blass fête son anniversaire en prison. Mais il recevra tout un cadeau ! Jocelyne Deraîche accompagne le fils de Blass qui lui rend visite. Une fois à l’intérieur –pour ne pas dire en-dedans- elle remet trois revolvers qu’elle avait réussi à dissimuler à des détenus, dont Richard Blass. Les détenus armés prennent des otages et parviennent à s’enfuir.

Désormais en cavale, Blass adresse une lettre au solliciteur général du Québec. Dans sa missive, il exige des autorités que l’on fasse visiter l’unité spéciale de correction du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul à des journalistes. Son but, est que soient révélées au grand jour ce qu’il considère être des conditions de détention inhumaines. Si sa demande n’est pas acceptée, il promet de tuer des innocents. Sa demande sera satisfaite par les autorités. Mais il réitère tout de même sa menace dans une autre lettre.

Le massacre du Gargantua

Traqué et déterminé à ne jamais retourner en prison, Blass perds tout contrôle et entre dans sa période la plus violente. C’est à ce moment qu’il commet le pire de tous ses crimes. Le 21 janvier 1975 vers minuit, Blass et son complice Fernand Beaudet entrent au Cabaret Gargantua sur la rue Beaubien à Montréal. Richard Blass tue le tenancier et brûle vif les douze clients qui s’y trouvent, en les enfermant dans une petite pièce dont il cadenasse la porte et la bloque avec un juke-box. Le tenancier était un ancien policier contre qui Blass entretenait une rancune, mais les douze clients étaient innocents et n’avaient rien à voir avec Richard Blass.

Le Gargantua détruit par les flammes

Selon Albert Lysacek, Blass a commis cet horrible massacre dans le seul but d’accéder à la célébrité comme ses idoles, les célèbres gangsters qu’il vénère depuis l’adolescence.

Quoiqu’il en soit, cet acte de barbarie sera son dernier car la police en a assez de Blass et confie à une escouade spéciale, le mandat de régler le problème du Chat. L’escouade mixte, formée de policiers d’élite de la police de Montréal et de la SQ, s’appelle La Frappe et Albert Lysacek en fait partie.

La dernière prison du Chat

Il ne faut que trois jours à la police pour retracer Richard Blass dans un chalet de Val-David. On appelle alors La Frappe pour prendre la relève. Durant la nuit, Lysacek yet ses hommes pénètrent dans le chalet et Richard Blass est mitraillé de 27 balles. Sa mère, le cœur brisé, le rejoindra quelques années plus tard en commettant le suicide.

La maman de Richard Blass

C’est ainsi que prend fin la vie criminelle de Richard Blass. Une carrière ponctuée de 21 meurtres, d’incendies, de braquages, d’évasions, de fusillades, etc. Le fait qu’on en parle encore aujourd’hui prouve qu’il a tout de même réalisé son rêve de jeunesse. Devenir une ordure légendaire dont le Québec se souviendra encore longtemps !



Bouillant, sanguinaire, incontrôlable... ce gangster a marqué l'histoire criminelle du Québec
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

5 réflexions au sujet de “Gangster québécois : Richard Blass alias Le Chat”

  1. Bonjour, je viens de lire le résumé de l’histoire du Chat « Richard Blass » récit passionnant et très agréable à lire avec en prime des illustrations 👍🏻
    C’est du service ⭐⭐⭐⭐⭐
    Salutations depuis la Suisse 😉

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  2. Frank Cotroni était le frère et non le fils de Vic.

    Albert Lisacek n’était rien d’autre qu’un pissou et un mythomane. Il a avoue tout juste avant sa mort que celle de Blass était un assassinat prémédité.

    Répondre

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