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Jacques Parizeau, le « Monsieur » de la politique québécoise

Jacques Parizeau : un nom gravé dans l'histoire politique québécoise 🏛️

Jacques Parizeau est certes l’un des plus grands intellectuels à avoir animé la scène politique québécoise. Son impressionnant parcours académique et professionnel l’a mené à occuper la plus haute fonction de la province et être une des figures de proue du plus grand mouvement politique de l’histoire du Québec.

Des études poussées

Jacques Parizeau naît le 9 août 1930 dans un milieu aisé au sein d’une famille de la haute-bourgeoisie montréalaise. Son père est l’assureur, homme d’affaires et historien Gérald Parizeau. Son statut lui permet de fréquenter le Collège Stanislas d’Outremont et l’École des hautes études commerciales (HEC ) de Montréal, dont il ressort diplômé en 1950. Jacques Parizeau poursuit ensuite ses études à l’étranger à l’Institut d’études politiques et à la Faculté de droit de Paris. En 1955, il décroche un doctorat en sciences économiques de la London School of Economics.

Jacques Parizeau a seulement 24 ans lorsqu’il revient au Québec pour enseigner au HEC, il conservera ce poste jusqu’en 1976.

Un artisan du Québec moderne

Jacques Parizeau devient une sommité dans son domaine et les ministères québécois le consultent régulièrement. Si bien, qu’il devient l’un des artisans de la révolution tranquille et l’un des bâtisseurs du Québec Moderne au cours des années 1960. Il agit en tant que conseiller économique et financier du premier ministre du Québec Jean Lesage de 1961 à 1969. Il participe ainsi à la nationalisation de l’hydroélectricité et à l’instauration d’un nouveau régime de négociation dans la fonction publique. Il est aussi le parrain de la Caisse de dépôt et placement du Québec, une des institutions qui ont permis la modernisation de l’économie québécoise. Cumulant les titres, Jacques Parizeau occupe aussi la fonction de directeur de l’Institut d’économie appliquée de 1973 à 1975.

La politique active

Jacques Parizeau fait officiellement le saut en politique active lorsqu’il adhère au Parti québécois 1969. Il explique son choix de se joindre à la formation indépendantiste en affirmant qu’il ne peut y avoir deux gouvernements fort dans un même pays. Jamais il ne dérogera de son objectif : Faire du Québec un état souverain.

Il occupe la fonction prestigieuse de ministre des Finances lors des deux mandats de premier ministre de René Lévesque. Jacques Parizeau tourne le dos à son chef lorsque Lévesque trahi la cause de la souveraineté en tentant une réconciliation Québec-Canada après l’échec du référendum sur la souveraineté du Québec en 1980. Parizeau quitte ses fonctions au gouvernement tandis que Lévesque tente « le beau risque » avec le gouvernement fédéral.

Jacques Parizeau et René Lévesque

Le Parti québécois dirigé par Pierre-Marc Johnson subit une défaite aux élections de 1985. Jacques Parizeau succède à ce dernier en 1988 à la chefferie du PQ en mettant de l’avant ses vues souverainistes. L’indépendance revient au centre des priorités du parti tandis qu’il se reconstruit en tant qu’opposition officielle au gouvernement libéral de Robert Bourassa qui négocie une nouvelle entente Canada-Québec avec son homologue, le premier ministre conservateur du Canada, Brian Mulroney. Avec cet « Accord du Lac Meech » et l’échec référendaire de 1980, le fédéralisme semble avoir enterré le souverainisme au Québec.  

La renaissance de l’option souverainiste

En juin 1990 c’est le célèbre échec de l’Accord du Lac Meech. L’alliance entre les partisans du « beau risque » s’effondre. Le ministre de l’Environnement, Lucien Bouchard, quitte le Parti conservateur de Brian Mulroney et fonde un parti fédéral en faveur de l’indépendance du Québec. Le PQ est quant à lui toujours dans l’opposition après les élections de 1989 qui ne leur donne que 29 sièges. Cependant le parti obtient 40% des suffrages, ce qui permet aux péquistes d’être optimistes pour les prochaines élections et l’option souverainiste.

Même Robert Bourassa brandit la menace référendaire devant Ottawa si aucune proposition constitutionnelle satisfaisante n’est faite au Québec par le reste du Canada avant l’été 1992. Les premiers ministres des autres provinces accouchent d’une nouvelle proposition sous la forme de l’Accord de Charlottetown. Un référendum à la grandeur du Canada le 26 octobre 1992. Jacques Parizeau, à la tête du camp du NON au Québec convainc ses compatriotes de se rallier à cinq autres provinces, aussi opposées à l’Accord de Charlottetown.

Premier ministre et référendum de 1995

En 1994, le Parti québécois est porté au pouvoir et Jacques Parizeau devient premier ministre du Québec avec 77 sièges sur 125 et 45% des suffrages. Fort de son alliance avec le Bloc québécois de Lucien Bouchard, qui a fait élire des souverainistes québécois dans plus des deux tiers des circonscriptions québécoises, Jacques Parizeau estime que le temps est venu de relancer le projet de l’indépendance du Québec. Il s’agissait d’ailleurs d’une promesse électorale que le chef péquiste est déterminé à respecter.

Le 30 octobre 1995, le OUI obtient 49% du vote et rate son rendez-vous avec l’Histoire de quelques dizaines de milliers de votes. C’est un Jacques Parizeau défait et consterné qui s’adresse aux supporteurs de la cause souverainiste le soir de la défaite référendaire. Il livre un discours empreint d’amertume et de déception dans lequel il laisse entendre que son option a été vaincue par le pouvoir financier du camp fédéraliste et la mobilisation des communautés culturelles contre la souveraineté.

« C’est vrai qu’on a été battus… au fond par quoi ? Par l’argent pis les votes ethniques. »

-Jacques Parizeau

Jacques Parizeau démissionne le lendemain du référendum.

Fin de carrière et controverses

En retrait de la vie publique, Jacques Parizeau réapparaît de temps à autre pour commenter l’actualité politique et il n’hésite pas à critiquer ses successeurs comme Lucien Bouchard et sa politique du « déficit zéro » en tant que premier ministre.

Jacques Parizeau est un fervent démocrate qui croit à l’importance des débats en société, quitte à sacrifier des allégeances et tourner le dos à son ancien parti politique. En 2014, il accorde son appui au Parti Option Nationale plutôt qu’au Parti Québécois. Jamais il ne reviendra sur ses déclarations du soir de la défaite référendaire autrement que pour qualifier ses propos de maladroits. Il se dissocie de toute idéologie nationaliste identitaire qui a voulu récupérer ses déclarations pour s’approprier son appui.

Les idéaux pour lesquels Jacques Parizeau s’est battu étaient ceux d’un Québec souverain moderne, laïque, pluraliste et ouvert sur le monde.

Celui que l’on surnomma « Monsieur » à cause de son allure aristocratique a toujours vécu et agit en accord avec ses principes. Au cours de sa vie il a reçu nombre de prix et distinctions :

Commandeur de la Légion d’honneur, gouvernement français (2000)

Prix Louis-Joseph-Papineau, Rassemblement pour un pays souverain (2006)

Grand officier de l’Ordre national du Québec (2008)

Prix Richard-Arès du meilleur essai publié au Québec (pour La souveraineté du Québec. Hier, aujourd’hui et demain) (2010)

Doctorat honoris causa, Université de Montréal (2014)

Jacques Parizeau décède le 1er juin 2015 à l’âge de 84 ans après avoir livré un dur combat contre la maladie. Son épouse Lisette Lapointe annonce la mort de son mari sur les réseaux sociaux.

Au cours des jours suivants la mort de Jacques Parizeau, des milliers de personnes vont rendre hommage à sa dépouille en chapelle ardente à l’édifice de la Caisse de dépôt et placement à Montréal et au salon rouge de l’Assemblée nationale à Québec. Jacques Parizeau a droit à des funérailles d’État le 9 juin en l’église Saint-Germain d’Outremont auxquelles participent 5 anciens premiers ministres ainsi que le premier ministre en fonction, Philippe Couillard.

L’Histoire se souviendra toujours de Jacques Parizeau comme l’un des bâtisseurs du Québec moderne, un homme de convictions qui avait de grandes aspirations pour le peuple québécois.



Un grand premier ministre, un grand ministre, un grand économiste... Jacques Parizeau méritait amplement son surnom de "Monsieur".
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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