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Jean Drapeau : L’architecte du Montréal Moderne

Jean Drapeau : Le visionnaire derrière le Montréal moderne que nous aimons 🌆

Jean Drapeau voit le jour le 18 février 1916 à Montréal. Il grandit dans un immeuble de la 5e avenue au cœur du quartier Rosemont. Plutôt frêle, mais très intelligent et discipliné, il est un excellent élève. Cependant, il frappe un premier écueil lorsqu’il est refusé en Faculté de droit à l’Université de Montréal. Déterminé, Jean Drapeau s’inscrit à des cours du soir en 1935 pour décrocher un diplôme en sciences politiques, économiques et sociales. De plus il poursuit le jour, ses cours de latin, de grec et de philosophie. À l’automne de 1938, il est finalement admis en droit à l’Université de Montréal.

Entrée en politique

La passion politique de Jean Drapeau lui a été transmise par son père qui fut impliqué avec le Parti conservateur et ensuite l’Union nationale de Maurice Duplessis. C’est en 1954, après quelques années de carrière en droit pénal et de militantisme politique, que Maître Drapeau fait son entrée en politique en devenant maire de Ville-Marie, un mandat qui marque le début d’une carrière légendaire.

L’Ascension au Poste de Maire de Montréal

Jean Drapeau et Pacifique Plante lors des élections de 1954

Le 25 octobre 1954, Drapeau accède à la mairie de Montréal, une position qu’il occupera pendant près de trois décennies, à l’exception d’une brève interruption. En 1957, il est battu aux élections par Sarto Fournier qui est soutenu par l’influente machine électorale de l’Union nationale. Drapeau perd son poste de Maire par un maigre 3 845 voix.

Après la mort de Duplessis en 1959, l’Union nationale est battue aux élections provinciales par le Parti libéral. Privé de l’appui du parti au pouvoir, Sarto Fournier doit rendre les clés de la ville à Jean Drapeau et sa formation politique, le Parti civique, qui ressort victorieux de l’élection municipale de 1960.

Le visage illuminé par la victoire en 1960

Appuyé du Parti libéral du Québec, Drapeau est confortablement installé au pouvoir et peut désormais entreprendre les réformes audacieuses, notamment dans les domaines de l’urbanisme et de l’administration municipale, qu’il prévoyait pour Montréal.

Des réalisations et des épreuves

Le retour au pouvoir de Jean Drapeau en 1960 coïncide avec une époque charnière de l’histoire du Québec, la révolution tranquille. Durant cette période, les grands chantiers se multiplient et des projets grandioses se réalisent dans la Belle Provine, enfin émancipée de l’influence de l’Église et libérée de la Grande Noirceur de l’ère Duplessis.

Durant le long règne ininterrompu de Jean Drapeau qui s’étend de 1960 à 1986, les monuments sortent de terre comme des champignons. On voit apparaître la Place Ville-Marie, la tour CIBC, la tour de la Bourse, la place Bonaventure, le Château Champlain, la Place des Arts, etc.

Parmi les projets, certains ont été particulièrement déterminants pour faire de Montréal, une grande métropole de calibre mondial. Notamment la réalisation de la ville sous-terraine et du métro de Montréal. La vision de Drapeau de faire de Montréal, « une île, une ville », se concrétise lorsqu’il parvient à annexer Rivière-des-Prairies, Saraguay, Ville St-Michel et Pointe-aux-Trembles.

La ville sous-terraine de Montréal couvre 32 kilomètres de tunnels

Jean Drapeau voit grand pour sa ville. Il ne ménage pas les moyens pour faire monter la métropole québécoise sur la scène internationale.

Expo 67

En avril 1967, l’Exposition universelle a lieu à Montréal pour souligner le centenaire de la Confédération canadienne. Jean Drapeau met en branle un vaste chantier au bord du Fleuve St-Laurent. Encore une fois, on voit grand. Tellement grand que l’on doit aménager l’île Sainte-Hélène et créer une île artificielle, l’île Notre-Dame. Des travaux de jardinage d’une valeur de 431 millions de dollars ! Sur ces terrains ainsi aménagés, seront construits 90 pavillons dans lesquels seront représentés 62 pays.

Mais la vision de Jean Drapeau ne s’arrête pas là. Pour son Expo 67, il avait envisagé de faire transporter la tour Eiffel depuis Paris, morceau par morceau, afin de la reconstruire à Montréal à temps pour l’Expo pour ensuite la rendre à la France. Rien que ça !!! L’idée est abandonnée pour des raisons de coûts et de défis techniques. …Peut-être aussi parce que ça n’a juste pas de maudit bon sens !

Pour se consoler, il tente l’année suivante de faire construire une tour dont la hauteur surpasserait la tour Eiffel. Il sera encore déçu puisque son projet que l’on estime à 20 millions de dollars est jugé trop coûteux.

Parfois, Jean Drapeau voit trop grand !

Les Jeux olympiques de 1976

L’esplanade du Stade olympique

Un autre grand moment de l’ère Drapeau fut sans contredit, les Jeux olympiques de 1976. En 1970, la ville de Montréal est choisie au lieu de Moscou pour accueillir les Jeux de 1976. Pour son Parc olympique, Drapeau engage le réputé architecte Roger Taillibert. Le coût estimé du projet s’élève à 310 millions de dollars. Toutefois, Jean Drapeau déclare que les Jeux ne coûteront pas un sou aux Montréalais.

« Il est tout aussi impossible pour les olympiques d’avoir un déficit que pour un homme d’avoir un bébé. »Jean Drapeau

L’avenir lui donnera tort. (Dans les deux cas ! 😉 )

Sur le méga-chantier, tout semble aller de travers. Tout d’abord, le terrain n’est pas propice pour accueillir les structures prévues. Pour le stabiliser, on est contraint d’y injecter du béton et de réviser les plans des bâtiments. Différents problèmes de logistique, des retards dans la livraison des matériaux, des vols, des actes de sabotages, des pratiques douteuses, des conflits de travail et même de nombreux accidents entravent la bonne marche du chantier. En gros, c’est le bordel.

Le chantier chaotique du Stade olympique

Ce fiasco devient particulièrement humiliant pour Jean Drapeau lorsqu’il est convoqué à l’Assemblée nationale en 1975, soit un an avant les olympiques. On lui annonce que le gouvernement du Québec décide de prendre en charge le chantier et de remettre à plus tard ce qui n’est pas essentiel à la tenue des Jeux.

Le projet n’a pas coûté les 310 millions $ promis par Drapeau mais plutôt, 1,3 milliard $. Un déficit net de 995 millions $. Les Jeux olympiques ont lieu dans un stade incomplet dont la tour ne sera terminée qu’en 1980. Quant au toit rétractable il ne sera installé qu’en 1982… et ne fonctionnera jamais vraiment bien !

Une commission d’enquête menée par le juge Albert Malouf sera chargée de faire la lumière sur le fiasco du parc olympique.

Montréal assiégée

C’est aussi sous la gouvernance de Jean Drapeau que se produira la tristement célèbre crise d’Octobre en 1970. Drapeau a vu sa ville assiégée par les attentats terroristes du Front de Libération du Québec. Plusieurs bombes sont posées et des enlèvements sont perpétrés. La crise culmine lorsque le gouvernement déploie l’armée canadienne dans les rues de Montréal dans le cadre de l’adoption de la Loi sur les mesures de guerre.

Pour en savoir plus sur la crise d’Octobre 70, suivez ce lien : https://quebecblogue.com/crise-doctobre-1970-lechec-du-terrorisme-au-quebec/

La fin d’une époque

La santé de Jean Drapeau se détériore au cours des années 80. En 1982, il subit une fracture du bassin, en 1983, il est terrassé par un accident vasculaire cérébral en 1983 et il se fracture une vertèbre en 1985.

Jean Drapeau annonce qu’il quitte la vie politique le 27 juin 1986. Il prend sa retraite dès la fin de son mandat.

Jean Drapeau se retire de la vie publique et rend l’âme le 12 août 1999 à l’âge de 83 ans. On enterre sa dépouille au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.

Annonce du décès de Jean Drapeau à Radio-Canada

Jean Drapeau a certes commis des erreurs coûteuses au cours de sa carrière à la mairie de Montréal. Mais ses nombreuses réalisations ont contribué à faire entrer le Québec dans la modernité et faire de sa ville, une des métropoles les plus célèbres du monde entier.

En bon québécois, Jean Drapeau nous a mis sur la map !



Explorez comment Jean Drapeau, à travers ses projets ambitieux, a transformé Montréal en un emblème de modernité.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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