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Les cétacés du Québec : Exploration des espèces marines locales

Rencontre avec les rois des eaux québécoises : découvrez les cétacés du Québec! 🌊🐳

Les mammifères marins sont des animaux fascinants. Certains d’entre eux, sont parmi les animaux les plus imposants ayant peuplé notre planète. D’innombrables mythes et légendes mettent en scène ces animaux longtemps incompris. Nos ancêtres crurent longtemps que les baleines étaient des poissons géants ou carrément, des monstres marins.

Dans la version originale du mythe biblique de Jonas, ce dernier passe 3 jours dans le ventre d’un poisson géant. Quelques traductions plus tard, le poisson géant fut remplacé par une baleine.

Jonas régurgité par son poisson/baleine

Dans la mythologie grecque, on voit des baleines s’attaquer aux personnages des récits comme celui d’Andromède, d’Hercule, Percée ou Hésione. Elles sont les monstres que le dieu des mers, Poséidon, envoie commettre des exactions sur les cibles qu’il désigne.   

Pour les Européens du Moyen-Âge, la baleine est une créature effrayante à qui on attribue plusieurs naufrages et plusieurs morts. On dépeint la baleine comme une bête cruelle, assoiffée de sang et qui raffole de la chair humaine. C’est plutôt inusité comme croyance lorsque l’on sait que les plus gros spécimens de baleines se nourrissent généralement de proies microscopiques comme le plancton !

Des baleines assez monstrueuses merci !

Quelques histoires détonnent cependant de cette vision d’épouvante. Notamment celle l’Abbé irlandais Saint Brendan. Il aurait débarqué sur le dos d’une baleine noire qui se faisait passer pour un Île. Le mythe raconte que l’abbé Brendan aurait pris le temps d’installer un hôtel et de célébrer une messe catholique sur le dos du cétacé. Ce dernier aurait attendu que le religieux complète son office et remonte à bord de son bateau pour plonger et continuer sa vie de baleine !

Saint Brendan célébrant une messe catholique sur une baleine

Pour les Inuits, les baleines sont une offrande de la déesse Sedna, afin de permettre aux humains de survivre dans un environnement aussi hostile que l’Arctique.

Chez les Premières Nations d’Amérique du Nord, la baleine symbolise la clairvoyance. On la situe au centre de l’origine du monde dont elle garde le savoir et les secrets.

La déesse inuit, Sedna

En ce qui concerne les baleines qui fréquentent les eaux du golfe et du fleuve St-Laurent, nous les diviserons en 2 catégories. Les baleines à dents et les baleines à fanons.

Voici quelques-uns des mammifères marins qui patrouillent les eaux qui baignent le Québec !

Les baleines à dents

Les baleines à dents ont une dentition comparable à celle des autres mammifères carnivores. Leurs dents sont conçues pour capturer des poissons, des céphalopodes, d’autres mammifères marins comme des phoques ou même d’autres baleines. Leur mâchoire puissante est conçue pour attraper et infliger des morsures mortelles aux proies. Heureusement, nous ne figurons au menu d’aucune d’entre-elles !

Le grand cachalot

La baleine à dents la plus imposante est le cachalot macrocéphale. Il tient d’ailleurs la vedette dans le roman Moby Dick de l’écrivain américain Herman Melville paru en 1851. Dans cette œuvre de fiction le capitaine Ahab cherche à se venger d’un féroce cachalot blanc qui lui a arraché une jambe.

La taille et l’apparence du cachalot a stimulé l’imagination des marins qui l’ont longtemps craint. Il ignoraient alors que ce géant de 20 mètres n’attaquait ni les hommes, ni leurs bateaux.

Le cachalot est gris foncé ou brun. On le reconnaît grâce à sa grosse tête rectangulaire qui contient une substance blanchâtre et visqueuse appelée spermaceti. Cet organe lui permettrait de plonger plus profondément sans être incommodé par la pression qu’exerce l’eau, à plus de 2000 mètres de profondeur. C’est pour cette raison que le cachalot porte le nom de sperm whale en anglais. Évidemment, il s’agit d’une mauvaise interprétation. Le cachalot n’a pas la tête pleine de sperme !

Les dauphins et les marsouins

Dauphin à flancs blancs de l’Atlantique en action

Il y a plusieurs espèces de dauphins qui fréquentent les eaux qui ceinturent le Québec. De la Baie d’Hudson jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine en passant par le Fleuve St-Laurent, on peut apercevoir un groupe de dauphins à becs court en train de batifoler et se projeter hors de l’eau ou encore être poursuivi en bateau par un dauphin à flancs blancs curieux, qui a envie de jouer ! Ces deux espèces, ainsi que le dauphin à bec court, ne dépassent guère les trois mètres de longueur. Extrêmement agiles les dauphins peuvent s’attaquer aux proies les plus rapides. Elles les localisent grâce à l’écholocation (localisation par ondes sonores). Très intelligents et habiles communicateurs, les dauphins sont capables de se coordonner de façon stratégique pour diriger les poissons et les concentrer derrière des rideaux de bulles où ils se retrouvent à leur merci.

Le représentant le plus imposant du genre des delphinapterus, qui signifie dauphin en grec ancien, est le béluga du St-Laurent. Le mâle peut mesurer 5 mètres et demi et peser jusqu’à deux tonnes. Contrairement aux autres dauphins, son aileron dorsal a laissé sa place à une simple crête au cours de son évolution. Les jeunes bélugas sont d’abord bruns, ensuite gris pour finir par devenir entièrement blancs une fois adultes.

Un béluga pose pour la caméra

Bien qu’on le trouve surtout dans les eaux arctiques, il y a une population isolée depuis plus de 7000 ans dans l’estuaire du fleuve St-Laurent et dans le fjord du Saguenay. Il est possible de participer à des excursions pour les observer dans le village de Tadoussac. Fait intéressant, les bélugas ont une espérance de vie comparable à l’homme. Il n’est pas exceptionnel de voir un individu atteindre les 80 ans.

Un marsouin commun qui chill dans le golfe su St-Laurent

Les marsouins sont souvent confondus avec les dauphins et même les bélugas en raison de leurs tailles comparables. Cependant le marsouin est un peu plus trapu en apparence. Son rostre (bec) plus court le distingue de ses cousins. Ils évoluent rarement en groupes de plus d’une dizaine d’individus. Certains patrouillent en couple ou encore en solitaire dans l’estuaire du St-Laurent. Le marsouin est aussi plus discret que les dauphins. Il se déplace sans faire d’éclaboussures, ne saute pas hors de l’eau et ne fait pas de cabrioles à la surface. Les marsouins sont très actifs, autant en ce qui concerne la prédation que la reproduction… Comme s’ils voulaient profiter au maximum de leur courte vie qui dépassent rarement la vingtaine d’années.

Les baleines à fanons

Baleine bleue (ou rorqual bleu) en surface

La catégorie des baleines à fanons comprend les spécimens les plus imposants du règne animal.

Le plus connu est sans doute l’impressionnant rorqual bleu. De tous les animaux qui ont vécu sur Terre, aucun n’égale cette baleine en taille et en poids. À titre de comparaison, le plus gros dinosaure connu, l’argentinosaurus, pouvait atteindre avec son long cou et sa queue, une longueur de 30 à 35 mètres pour un poids de 90 tonnes. Le plus grand rorqual bleu ayant été mesuré faisait dans les 33 mètres et demi et le plus lourd pesait 190 tonnes. La longueur est comparable mais le poids double littéralement !

Quelques comparatifs comme l’argentinosaurus, un éléphant, un homme et un Boeing 737 !

La taille moyenne du rorqual bleu se situe cependant entre les 20 et 28 mètres pour un poids qui varie entre 80 et 120 tonnes.

On le repère au loin grâce au puissant souffle droit de plus de six mètres de haut lorsque l’animal expire par son évent. Comme l’indique son nom, son corps est gris-bleu avec des taches.

Le rorqual commun (18-24m), le rorqual à bosse (11-16m) et le petit rorqual (6-10m) sont légèrement moins imposants, mais plutôt semblables. Ils se nourrissent d’ailleurs de la même source principale de nourriture : le krill. Le krill est un minuscule crustacé qui mesure à peine 1 à 2 centimètres. Les baleines à fanons ouvrent grand leur bouche pour engouffrer une énorme quantité d’eau qui contient du krill, des petits poissons ou même des calmars qui restent pris dans les fanons lorsque la baleine expulse l’eau. Les fanons agissent exactement comme une passoire !

Baleine engouffrant des centaines, voire des milliers de petites proies

Plusieurs baleines figurent sur la triste liste des espèces en péril. La baleine la plus menacée du golfe du St-Laurent est sans doute la baleine noire de l’Atlantique Nord. La situation est d’autant plus critique que non seulement fait-elle face à l’extinction, mais la taille même des baleines a diminuée de 7% entre 1981 et 2019.

Les baleines noires sont des réfugiées climatiques qui ont dû quitter leur habitat habituel pour suivre leur source de nourriture jusque dans nos eaux froides. Il resterait à peine 360 baleines noires qui parviennent à survivre en Atlantique Nord. Plusieurs meurent suite à des collisions avec des navires ou encore plus fréquemment, en restant prises dans des équipements de pêche.

Baleine noire empêtrée dans un engin de pêche

En 2017, douze baleines noires ont perdu la vie de cette façon. Cependant, le gouvernement du Canada a pris des mesures qui semblent fonctionner pour limiter ce genre d’accidents. Depuis cette année funeste, aucune baleine n’est morte de cette manière dans les eaux canadiennes.

Depuis la fin de la majeure partie des activités de chasse à la baleine, les accidents avec des bateaux de pêche et leur équipement demeurent la principale cause de mortalité des baleines dans le monde. Ajoutons à cela, les changements climatiques qui affectent leur source de nourriture et la pollution en général. L’avenir n’est guère radieux pour les mammifères marins.

Malheureusement, certains gouvernements autorisent toujours la chasse à la baleine comme celui du Japon. Après 31 ans sans chasse, les baleiniers ont repris du service en 2019.

Cependant il y a une lueur d’espoir. Plusieurs organismes ainsi que les gouvernements de certains pays démontrent une véritable volonté de changer les choses.

En 2020, plus de 350 scientifiques et écologistes d’une quarantaine de pays ont signé un manifeste appelant à une action mondiale pour protéger les baleines, les dauphins et les marsouins de l’extinction. Le but est de faire pression sur les gouvernements qui en font toujours trop peu, trop tard.

Pour certaines espèces, il est effectivement trop tard. Par exemple, il y a si longtemps que l’on n’a pas vu un dauphin de rivière chinois sillonner le fleuve Yangtze en Chine, que l’espèce est sans doute complètement éteinte.

Un des derniers dauphins de rivières chinois

Mais une diminution des déchets plastiques et des émissions carbones combinés à des techniques de pêche responsables peuvent sauver un bon nombre de cétacés. Ainsi, les générations futures auront aussi la chance de côtoyer ces êtres magnifiques, sensibles et intelligents.



Les eaux qui mouillent les côtes du Québec, abritent quelques-uns des plus gros animaux de la planète. On dresse le portrait de nos cétacés les plus fascinants et des mythes étonnants qu'ils ont inspiré !
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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