Le 8 mai 1984, le Québec est secoué par un acte de violence politique lorsque Denis Lortie, un caporal des Forces armées canadiennes, prend d’assaut l’Assemblée nationale du Québec. Cette attaque, motivée par des frustrations personnelles, marque un sombre chapitre de l’histoire québécoise et met en lumière le courage exceptionnel de René Jalbert, sergent d’armes de l’Assemblée.
Qui est Denis Lortie ?
Denis Lortie est né le 10 mai 1959 à Saguenay, Québec. Il connaît une enfance difficile marquée par les abus d’un père violent et incestueux. Il rejoint les Forces armées canadiennes à l’âge de 17 ans. Après avoir d’abord servi à Halifax, il est affecté à la base militaire de Valcartier. Bien que son service soit initialement sans incident notable, Lortie commence à manifester des signes de troubles émotionnels et psychologiques. Il est affecté par des problèmes personnels, y compris des difficultés maritales. Surtout, il ressent un profond ressentiment envers le Parti Québecois et son chef, René Lévesque, qu’il considère comme responsables de ses malheurs personnels et des problèmes du Québec.
Les motivations de Lortie
Lortie nourrit une haine croissante envers le gouvernement provincial et décide de passer à l’acte pour exprimer sa colère et sa frustration. Il croit que le Parti Québécois, au pouvoir à l’époque, détruit la province et menace son identité culturelle. Cette haine est exacerbée par ses troubles mentaux, qui le conduisent à un état de désespoir et de colère extrême. En mai 1984, il prend la décision de s’en prendre directement aux responsables de ce qu’il perçoit comme la destruction du Québec.
Selon le psychiatre Pierre Mailloux, un des experts au dossier, devant la Cour, Denis Lortie souffrait alors de schizophrénie paranoïde. Il aurait planifié son crime à la suite d’un délire psychotique. Lortie croyait agir selon la volonté de Dieu et il disait suivre une lumière.
Le déroulement de l’attentat
Vers 8h00 Denis Lortie quitte la base militaire de Valcartier en direction de Québec, armé d’une mitraillette C-1, de deux armes de poing Browning Hi-Power, d’un sac de munitions et d’un couteau de chasse.
Vers 9h20 : Lortie se rend à la station de radio CJRP pour déposer une enveloppe qui contient un enregistrement sur cassette à l’attention de l’animateur André Arthur. Sur l’enveloppe, il est indiqué qu’Arthur doit écouter la cassette sur le coup de 10 heures. Dans cet enregistrement, il déclare qu’il va tuer le premier ministre René Lévesque, les membres du Parti Québécois et tous ceux qui se trouveront sur son chemin.
À 9h30 : Lortie arrive à l’Assemblée nationale, se gare à proximité, tire une rafale de mitraillette et entre dans le bâtiment par une entrée latérale, habillé en uniforme militaire. En entrant, il tire sur une réceptionniste qui est atteinte à la poitrine, au bras et au bassin. Il poursuit son chemin tuant trois personnes et en blessant treize autres.
Un peu avant 10h, il pénètre dans la salle de l’Assemblée nationale, qui est vide à ce moment-là, et s’installe dans le fauteuil du président de l’Assemblée. Frustré de l’absence des députés, il tire sur les bureaux et les chaises. Il se dit prêt à mourir et dans un geste irrationnel de désarroi, il lance son dentier dans le Salon Bleu.
« Tirez-moi ! Je suis prêt ! »
-Denis Lortie
Vers 10h10, René Jalbert, le sergent d’armes de l’Assemblée nationale, entre en action. Ayant entendu les coups de feu, il se dirige courageusement vers la salle de l’Assemblée. Jalbert, un ancien militaire décoré, utilise son expérience et son sang-froid pour tenter de désamorcer la situation.
10h15 : Jalbert entre dans la salle et commence à parler à Lortie. Il explique à Lortie que ses cibles ne sont pas encore présentes à l’Assemblée nationale et qu’il s’est présenté trop tôt pour accomplir la « mission » qu’il s’est donné.
Utilisant ses compétences de négociateur, il parvient à convaincre Lortie de cesser de tirer et de l’accompagner dans son bureau pour discuter.
Dans le bureau de Jalbert, la négociation continue. Jalbert réussit à calmer Lortie et à le persuader de rendre son arme, promettant de l’écouter et de l’aider. Cette intervention héroïque met fin à la fusillade et prévient davantage de pertes humaines.
Denis Lortie se rend finalement à la police.
L’héroïsme de René Jalbert
René Jalbert est largement reconnu pour son acte de bravoure exceptionnelle. Son sang-froid et sa capacité à gérer une situation extrêmement dangereuse sauvent de nombreuses vies ce jour-là. Pour ses actions, Jalbert est décoré de la Croix de la vaillance du gouverneur général, l’une des plus hautes distinctions pour bravoure au Canada. Son courage et sa compétence en tant que négociateur sont salués par le public et les médias, faisant de lui un héros national.
Les victimes
La tuerie de l’Assemblée nationale fait trois morts :
1. Georges Boyer, 61 ans, messager
2. Camille Lepage, 54 ans, huissier
3. Roger Lefrançois, 45 ans, employé du DGE
Treize autres personnes sont blessées, certaines gravement. Les familles des victimes et les survivants sont profondément marqués par cette tragédie. Leurs noms et leurs histoires sont commémorés pour rappeler l’impact humain de cette attaque.
En réponse, des améliorations significatives sont apportées aux protocoles de sécurité dans les bâtiments gouvernementaux, y compris une surveillance accrue et des procédures d’intervention d’urgence renforcées.
L’événement met également en lumière les enjeux de santé mentale et le besoin de soutien adéquat pour les personnes en détresse psychologique. La fusillade incite des discussions sur la nécessité de mieux identifier et traiter les problèmes de santé mentale chez les militaires et les civils. Des nouvelles mesures de sécurité sont mise en place. Le Québec est changé à jamais et doit désormais tenir compte de l’extrémisme et de la violence politique.
Le sort de Lortie
Au terme de deux procès, Denis Lortie est reconnu coupable de meurtres au deuxième degré et est condamné à la prison à perpétuité. Denis Lortie devra purger 10 ans avant d’être éligible à une libération conditionnelle.
Il est libéré sous conditions en 1995 puis sans conditions le 24 mai 2007. Il vivrait dans la municipalité de Cantley en Outaouais où il aurait ouvert une épicerie de quartier.
Le 8 mai 1984, un caporal de l'Armée canadienne fait irruption à l'Assemblée nationale dans le but d'éliminer les membres du gouvernement.Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!