La Deuxième Guerre Mondiale est certainement une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’Humanité. On connaît assez bien l’idéologie haineuse et antisémite au centre du régime fasciste d’Adolf Hitler. Grâce à son charisme, il a su capitaliser sur le contexte social tendu qui a suivi la Grande Guerre et séduire les Allemands à ses idées. Après la défaite de 1918, ce peuple moralement brisé et sous le coup de lourdes sanctions de la part des vainqueurs, vivait une grande frustration et un sentiment d’injustice. Cela les rendit vulnérables à la propagande d’Hitler, qui s’est servi de cette amertume en se présentant comme celui qui allait rétablir la force et l’honneur du peuple Allemand. Il accusa un ennemi qu’il tenait responsable des pires malheurs de son pays : Le peuple juif. Grâce à des discours haineux remplis de désinformation, le Führer réussit à propager sa haine à des millions de personnes.
Tout était dans l’art du discours. Hitler les livrait avec une prestance théâtrale. Chaque mot était soigneusement choisi pour exciter l’auditoire et chaque geste chorégraphié pour impressionner et projeter une image plus grande que nature du leader nazi.
Mais lorsque le chef du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (parti nazi) se donna pour mission d’instiguer cette haine des juifs pour ensuite l’instrumentaliser, il savait qu’il ne partait pas de zéro.
L’antijudaïsme était déjà une idéologie répandue depuis longtemps en Europe et ailleurs dans le monde. Une des entités responsables de cette exportation de haine est l’Église catholique qui en fut un vecteur important.
Même chez nous dans la Belle Province.
Dès 1907, un journal portant le nom de l’Action Catholique, fut fondé dans la ville de Québec. L’une des politiques promues par ce journal soutenu par l’Église, était de s’opposer à l’immigration juive au Québec. L’Action Catholique qui s’adressait aux membres de l’élite francophone conservatrice de l’époque poussait les gens à craindre une sorte d’invasion juive. Pourtant, les juifs représentaient à peine 3 à 5 % des immigrants qui entraient au Canada et la plupart d’entre eux s’établissaient dans l’Ouest canadien.
Contrairement aux anglophones des provinces de l’Ouest, les Canadiens-Français étaient majoritairement catholiques, donc sous l’influence directe de Rome. D’ailleurs, dès qu’Hitler accède à la chancellerie en 1933, le parti nazi signe un accord avec le Saint-Siège. Le dictateur dit tendre une main ouverte et amicale au Vatican et promet que son gouvernement respectera les valeurs catholiques et que l’Église conservera ses droits acquis en matière d’éducation.
Au Québec, l’Église encourage la haine des juifs. Notamment en lançant des campagnes visant à persécuter les juifs et les isoler par divers moyens. Par la voix de ses curés, l’Église dit à ses fidèles : « Unissons-nous et achetons seulement chez les chrétiens ».
Comme les nazis, L’Église prétend que les juifs ont inventé le communisme. Lorsqu’ils s’attaquent directement à un commerçant juif bien connu du nom de Maurice Pollack, l’archevêché et ses curés colportent ce mensonge : « l’argent que vous dépenserez chez Maurice Pollack servira aux communistes pour combattre le christianisme ». L’Église était tellement déterminée à ruiner ce commerçant, que quiconque était vu en train d’encourager son commerce était passible d’excommunication. On assiste ainsi à des scènes honteuses de discrimination un peu partout au Québec. Des Juifs sont chassés des universités, des écriteaux sur lesquels on lits des phrases haineuses sont installés et on leur interdit l’accès à certains endroits ou services publics.
Cet antisémitisme est assorti d’un parti politique fédéral pro-nazi sous la direction de celui que l’on décrit comme étant le Führer Canadien : Adrien Arcand.
En 1934, il fonde le parti national social chrétien qui reprend l’essentiel de l’idéologie nazie. Les membres portent la croix gammée et parviennent à faire plusieurs milliers d’adeptes qu’Arcand appellera ses « Casques de Fer ».
Sans trop s’approcher du pouvoir, Adrien Arcand jouit tout de même d’une popularité inquiétante. Ses discours sont même relayés à l’étranger, notamment en France et en Amérique du sud. Il n’était pas si rare dans les années précédant la 2e Guerre Mondiale, de croiser au Québec des gens portant l’uniforme nazi canadien, qui était bleu et évidemment, garni de la svastika.
Adrien Arcand est arrêté le 30 mai 1940. On l’accuse d’avoir « comploté le renversement du gouvernement » et on l’envoie dans un camp d’internement situé à Petawawa. Lorsqu’il est libéré en 1945, il reprend sa carrière politique en mettant de l’avant, à peu près les mêmes idées légèrement édulcorées, la croix gammée en moins. Il fut un des premiers à adopter une attitude négationniste de l’Holocauste en affirmant que les camps de la mort de l’Allemagne nazie n’avaient jamais existé. Il eut encore un certain succès politique en finissant deuxième lors d’une élection fédérale.
Adrien Arcand avait ce charisme qu’ont certains politiciens malhonnêtes qui manipulent leurs concitoyens en établissant un culte de la personnalité autour de leur personne. L’image qu’ils projettent est si forte, que leurs adeptes croient systématiquement tout ce que leur leader dit et ils approuvent d’avance toutes ses actions. Ils les croient infaillibles ou pire, engagés dans une mission divine.
Ce type de politique fait un retour en force depuis les dernières années. Les médias sociaux, permettent notamment aux leaders charismatiques de rejoindre des adeptes potentiels plus facilement, et de contrôler 100% du message. Ce genre de propagande à sens unique est plus difficile à réaliser dans le contexte d’une entrevue avec un journaliste aguerri. Dans un vidéo sur les médias sociaux, il n’y a personne pour remettre le discours en question, le politicien peut dire n’importe quoi pour convaincre les électeurs.
Si Adrien Arcand avait eu un compte twitter et une page Facebook, Dieu sait combien de personnes ce fou-furieux aurait pu contaminer avec son idéologie haineuse.
Heureusement, ce sinistre personnage est mort bien avant de pouvoir poser fièrement avec des croix gammées sur Instagram.
Néanmoins, il faut rester vigilants. Cette stratégie de communication n’est pas exclusive aux nazis. Des gens de différentes allégeances politiques peuvent utiliser des techniques malhonnêtes basées sur la désinformation, la haine, le nationalisme, le populisme et évidemment, le culte de la personnalité.
Un exemple actuel de culte de la personnalité est celui de Donald Trump. Malgré ses innombrables mensonges démontrés, ses actions immorales et même un verdict de la Cour qui le tient responsable d’une agression sexuelle, les adeptes radicaux de Trump (MAGA et Ultra-MAGA) continuent de le suivre aveuglément et de l’adorer comme s’il était l’envoyé de Dieu. D’ailleurs, certains le croient vraiment envoyé par Dieu ! 😆
Évidemment, il serait exagéré de comparer Donald Trump à Adolph Hitler, mais ils adoptent tout de même une stratégie électorale très similaire !
Un épisode de notre histoire dont on parle peu, mais dont on doit tirer des leçons. Je me souviens... Ça s'applique aussi aux périodes sombres.Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!
Je viens de découvrir contenu québecois , article bien écrit et très intéressant. J’aime beaucoup, je vais avoir du rattrapage à faire.
Ce ne sont pas des ragots, c’est le produit de leur ignorance et de leur haine contre l’Église. Il aurait été intéressant s’il citait exactement les déclarations d’une autorité de l’Église concernant les Juifs. Car toute manifestation de quelqu’un qui se prétend catholique ne représente pas nécessairement l’Église. À titre d’exemple, voici les actuels « catholiques » Biden et Trudeau.