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L’étapisme de Claude Morin et la traîtrise

S’il y a une question qui a fait couler de l’encre en ce qui concerne le Parti Québécois, il s’agit bien certainement de celle de la stratégie d’accession à la souveraineté. Durant les années 1970, il y a deux stratégies majeures qui sont considérées pour mener le Québec à son indépendance. Tout d’abord, l’approche des purs et durs qui envisagent une élection référendaire. Puis, la stratégie de l’étapisme qui a été élaborée par le ministre des Affaires intergouvernementales Claude Morin. Il s’agit d’une idéologie politique qui exprime la nécessité de passer par un référendum sur le partenariat entre nations avant de réaliser l’indépendance du Québec. Des années plus tard, il a été avancé par le journaliste d’enquête Normand Lester que Claude Morin avait été rémunéré par la Gendarmerie Royale du Canada à l’époque où il élaborait cette stratégie. Afin d’y voir plus clair, nous traiterons d’abord des avantages et inconvénients de l’étapisme. Puis, nous traiterons de l’affaire Claude Morin.

Tout d’abord, parlons de l’étapisme en tant que stratégie politique d’accession à l’indépendance. Pour les purs et durs, l’étapisme cautionne et renforce, une vision défaitiste de l’histoire québécoise en faisant un aveu d’impuissance devant le pouvoir canadien. En outre, ils accusent les partisans de cette stratégie de jouer le jeu du fédéralisme, en utilisant ses leviers, pour reproduire une logique de domination et subordination. Pour l’auteur Anne Legaré : « L’étapisme tue l’imaginaire, pourtant reconnu pour être la sève indispensable à la croissance de l’arbre. L’étapisme est le contraire d’un projet d’avenir, c’est une religion d’interdits qui cloisonne le rêve d’une minorité dans les calculs d’une majorité. » L’ancienne ministre Louise Beaudoin quant à elle mentionna 1989 : « Claude, sa stratégie c’était ”écrasons “, partout dans le monde. » Tandis que les pour partisans de cette stratégie, elle constitue un passage démocratique obligatoire afin de réaliser l’indépendance. Les étapistes vont souvent porter atteinte à la légitimité d’une indépendance pure et dure. Claude Morin mentionna ceci en parlant de ses détracteurs : « autant prétendre que le Parti Québécois aurait été en mesure de faire l’indépendance depuis longtemps déjà s’il n’avait pas freiné l’élan de libération nationale de son propre peuple en commettant la bévue d’aller lui demander son avis ». Puis, Claude Morin peut compter sur les appuis de Bernard Landry et Jean-François Lisée. Ce dernier mentionna à Jean Décary : « moi je suis de l’école qui pense que Claude Morin a proposé les étapes les plus susceptibles de mener à la souveraineté ».

Enfin, abordons maintenant les aspects controversés de Claude Morin. En effet, en 1992, Normand Lester qui était alors journaliste d’enquête à Radio-Canada, lança une véritable onde de choc sur le mouvement souverainiste québécois. Lors du téléjournal, il est reporté que Claude Morin avait eu des contacts rémunérés par la Gendarmerie Royale du Canada avant et après la prise du pouvoir par le Parti Québécois. Son nom de code était Q-1 ou bien French Minuet. Dans sa réplique, publiée le lendemain, Claude Morin stipule que ses contacts avec la GRC avaient commencé au début des années 1950. Les rencontres étaient destinées à contrer la menace d’infiltration du gouvernement du Québec et du Parti Québécois par des intérêts étrangers, comme la France. Celle-ci était reconnue comme étant acquise à la cause de l’indépendance du Québec. Dans sa biographie, Claude Morin mentionne qu’il voulait protéger le PQ contre les opérations de la GRC et les infiltrations étrangères. Il mentionne également qu’il tirait plus d’informations de la GRC qu’eux en retiraient de lui.

Enfin, si les effets de la traîtrise de Claude Morin sont difficiles à évaluer, la stratégie qu’il a mise en place continue toujours d’alimenter les discussions au sein du mouvement souverainiste.

Bibliographie :
LEGARÉ, Anne, compte rendu de l’ouvrage de Jean Décary. Dans l’oeil du sphinx. Claude Morin et les relations internationales du Québec. Montréal, VLB, 2005. 241 p., Recherches sociographiques, vol. 41, no 1 (2006) : 115119.

MORIN, Claude. L’affaire Morin : Légendes, sottises et calomnies. Boréal, Montréal, 2006, p. 202.

Société Radio-Canada. Vidéo « Une taupe au PQ : l’affaire Morin », [En ligne], http://archives.radio-canada.ca/guerres_conflits/securite_nationale/clips/10095/ (page consultée le 23 avril 2014).

MORIN, Claude. Les choses comme elles étaient. Une autobiographie politique. Boréal, Québec, 1994. 495 p.



Retour historique sur la naissance de la stratégie d'ascension à la souveraineté du Parti Québécois et la découverte que Claude Morin collaborait avec la GRC.
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Matt

Père, pédagogue, historien, programmeur, marketeur, tantôt de gauche, tantôt de droite, maladroit et baveux. En quête d’indépendance alimentaire, financière et politique. Mathieu est le fondateur du Blogue du Québec et il blogue également à propos de ses passions sur Le Chef Cuisto et Les Meilleurs Trucs

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