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L’automne le plus coloré est au Québec, et voici pourquoi 🍁🍂

Le Québec en automne : un feu d'artifice de couleurs naturelles à ne pas manquer !🍂🌳

Les feuilles changent de couleur plus tôt, cette année, non? Il fait encore si chaud, et pourtant, les arbres tournent déjà au rouge!

J’entends ça pas mal cette année, et ça me fait sourire… parce que j’entends la même chose à chaque fois que septembre est chaud! Shorts et maillots de bain, ça ne va pas avec les arbres écarlates, voyons! C’est à l’automne que ça doit changer de couleur, avec les lattés à la citrouille, les grosses doudous et les bonnets tricotés!

Ahhh… je sais, je sais, moi aussi j’ai eu chaud pendant la canicule au début de septembre, et j’ai trouvé les arbres un peu ridicules de jouer les divas colorées à 40 degrés.

En fait, contrairement à ce qu’on croit, la température n’y est pour pratiquement rien avec cette transformation époustouflante! Le vrai signal pour les arbres que l’automne est là, c’est la durée des jours.

Quand le soleil est présent moins longtemps, on dit que la «photopériode raccourcit». Ça signifie que les plantes ont un nombre d’heures réduit pour faire la photosynthèse, essentiel pour fabriquer l’énergie nécessaire à leur fonctionnement. En hiver, la photopériode est si courte que les arbres tombent en dormance, perdent leurs feuilles, et ne font plus de photosynthèse du tout (je parle évidemment des arbres feuillus, et non des conifères).

Mais que se passe-t-il à l’automne pour que les arbres se parent de leurs plus beaux atours, avant de tirer leur révérence?

En fait, la majorité des arbres ne font pas «apparaître» une nouvelle couleur; ils se «débarrassent» plutôt d’une couleur!

Quoi? Qu’est-ce que je viens de dire? Vous avez bien lu: c’est le vert qui s’en va, laissant voir les autres couleurs qui sont également présentes sur les feuilles, bien qu’on ne les voie pas en été!

Chlorophylle et Cie

Vous avez déjà appris ça à l’école, mais c’est loin, n’est-ce pas? Pour fabriquer l’énergie, les arbres font la photosynthèse grâce à un pigment nommé la chlorophylle. Ceux-ci se trouvent en grande quantité dans les cellules des feuilles et sont de couleur… verte! Cependant, cette molécule n’a pas une durée de vie infinie et elle doit être constamment renouvelée par les plantes tout au long de la saison.

En septembre, alors que les journées raccourcissent, l’arbre n’arrive plus à avoir assez d’énergie du soleil pour assurer la production de chlorophylle, l’accumulation de sucres pour l’hiver, et ses propres fonctions vitales: c’est l’heure de se préparer à la dormance. À ce moment, la production de chlorophylle cesse et, alors que les molécules se détruisent progressivement dans la feuille, les autres pigments, jusqu’ici présent en moins grande quantité, sont révélés à nos yeux.

L’un de ces pigments se nomme «caroténoïde». Ça vous sonne une cloche? Ben oui: les carottes! Ce pigment se dévoile à nous dans des teintes de jaune et d’orange.

Les scientifiques ne sont pas encore arrivés à déterminer exactement pourquoi ces pigments sont présents, bien que l’hypothèse la plus plausible soit une protection solaire et/ou une protection contre le froid.

Vous voulez expérimenter et voir ces pigments, même sur une feuille parfaitement verte? Cliquez ici pour une expérience à réaliser à la maison qui ne demande pratiquement aucun matériel!

Mais le rouge, alors?

Les chênes et les érables sont sans doute les vedettes au Québec à l’automne grâce à leur couleur rouge vif. C’est un pigment qui est synthétisé spécialement à l’automne et qui se nomme les «anthocyanes».

Pourquoi ne pas faire simple et juste appeler les pigments «Claude», «Caroline», et «Antony»? Ah, ces scientifiques! Ils doivent bien rire dans leur coin en nous regardant bafouiller!

Ces anthocyanes, donc, ont un rôle bien mystérieux! Outre être magnifiques, ils ont sans aucun doute un rôle à jouer pour l’arbre puisque les pigments coûtent assez cher à produire. L’hypothèse avancée pour le moment, c’est que les pucerons pondent moins sur ces feuilles rouges. Ces arbres auraient des composés néfastes aux pucerons et se pareraient de rouge pour les prévenir: «Attention, je suis un chêne/érable, et donc pas bon à manger. Va pondre sur un bouleau ou un peuplier à la place!»

Toutefois, il semblerait que ça ne décourage pas toujours les pucerons, alors les scientifiques restent sceptiques quant à la fabrication de ce pigment rouge. Mais bon, l’important pour nous, c’est que c’est beau, non? 😉

Pi après, c’est brun…

Eh oui, un dernier adieu, puis elles chuteront pour laisser place à un hiver d’hibernation pour l’arbre, et de chialage pour nous!

L’été, y fa trop chaud! L’hiver, y fa trop frette!

On est quand même bons pour chialer sur la météo au Québec!

Les feuilles brunes, souvent sèches et rabougries avant même de tomber de l’arbre, sont le résultat de la décomposition de plusieurs composés dans la feuille. C’est un phénomène d’oxydation: les molécules sont détruites au contact de l’oxygène. Oui oui, pareil comme quand on coupe des pommes et qu’elles deviennent brunes!

Cette oxydation des feuilles crée des tanins qui donnent aux feuilles un goût amer et astringent franchement peu agréable. Mâchez donc des feuilles à différents stades de coloration: vous remarquerez que le goût est de moins en moins agréable à cause des tanins, qui sont eux, de plus en plus présent.

D’ailleurs, il est fascinant de se pencher sur le «après» de cette chute de feuilles. Les tanins n’étant pas digestes pour la majorité des herbivores, ils ont appris à reconnaître le goût et/ou la couleur de ces feuilles potentiellement toxiques.

MAIS! Les champignons avec qui les arbres font des échanges bénéfiques de sucres et minéraux sont, eux, parfaitement capables de se nourrir de ces feuilles brunes.

N’est-ce pas magnifique à quel point la nature est une balance parfaitement équilibrée? L’arbre se débarrasse de ses feuilles quand il n’en a plus l’usage, et celles-ci nourrissent le champignon qui vit aux pieds de l’arbre et qui, l’été suivant, offrira à l’arbre des éléments nutritifs. C’est le cycle de la vie.

Laissez donc vos feuilles mortes au sol cette année… ça fait de l’engrais pour l’année suivante!



Des érables rouges aux bouleaux dorés, le Québec se transforme chaque automne. Voici les raisons scientifiques de cette explosion de couleurs.
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Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

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