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Les événements clés de l’insurrection des Patriotes au 19e siècle

De l'insurrection à la réforme : l'héritage de la Rébellion des Patriotes📜

Au début des années 1830, la province de Québec n’existe pas encore. On divise la colonie britannique s’étendant de l’Ontario au Québec sous les noms de Haut-Canada et Bas-Canada.

Au Bas-Canada, la vie à cette époque est très difficile. Surtout pour les Canadiens-Français qui ne jouissent pas d’un traitement équitable par rapport à leurs concitoyens anglophones. L’économie est moribonde et la crise agricole qui sévit est d’une telle ampleur, que la population Canadienne-Française est au bord de la famine.

À la même époque, on organise une vague d’immigration d’anglophones provenant des îles Britanniques. Les anglais, déjà favorisés par le système, deviennent presque majoritaires à Québec et à Montréal. Qui plus est, ces immigrants amènent avec eux une épidémie de choléra qui tuera plusieurs Canadiens-Français. C’est comme ajouter de l’huile sur un feu qui brûle déjà entre les deux « castes » sociales.

Plusieurs événements viendront amplifier cette rivalité, notamment le meurtre de trois Canadiens-Français, abattus par des soldats britanniques lors d’une émeute électorale en 1832.

Le Parti patriote (anciennement Parti canadien), tente de changer les choses et d’améliorer le sort des Canadiens-Français, en dressant une liste de 92 résolutions. La liste est adoptée par l’Assemblée avant d’être transmise à Londres en 1834.

En résumant l’esprit de ces 92 résolutions, on peut dire que les demandes principales avaient pour but d’acquérir un peu d’indépendance et de pouvoir exercer un minimum de démocratie.

Autrement dit, on voulait un peu de liberté et de justice.

Henri Julien, Le vieux patriote de 1837, Gouache sur papier, circa 1880

Cette liberté passe par un gouvernement responsable. Autrement dit, un gouvernement qui doit rendre des comptes à la population, au lieu d’imposer sa volonté comme le veut la tradition monarchique.

On demande à être dirigé par un gouvernement élu, plutôt que par un gouverneur nommé par Londres qui exerce le pouvoir sans consulter la population.

Dans le document, on réitérait tout de même la loyauté des Canadiens-Français envers la Couronne. Il n’était absolument pas question de se révolter contre l’empire britannique… enfin, pas encore !

Les 92 résolutions sont sèchement rejetées par le gouvernement britannique. Aucune n’est considérée.

C’est cet affront qui poussera le Parti patriote à prôner la rébellion. En 1837, l’Assemblée législative paralyse le gouvernement colonial anglais, en refusant de lui accorder les fonds nécessaires pour fonctionner. Tous les travaux publics sont suspendus et les fonctionnaires ne peuvent pas être payés. À l’époque, les Canadiens-Français n’ont pas accès à la fonction publique. On réserve ces emplois exclusivement aux Anglais.

Les Anglais du Bas-Canada demandent l’intervention de l’Angleterre.

Loin de régler le conflit, le gouvernement britannique impose les 10 résolutions de Russell en réponse aux 92 du Parti patriote.

Ces 10 résolutions enterrent définitivement les demandes du Bas-Canada en plus d’ajouter une mesure qui écrase un peu plus les francophones. Le document donne au Gouverneur, le pouvoir de prélever des fonds à même le Trésor provincial pour les verser directement aux fonctionnaires anglais de la colonie.

Un boycott des produits anglais est aussitôt proclamé par les Patriotes et des manifestations sont organisées. Cependant, une autre mesure plus drastique va diviser les ténors du Parti patriote : Le soulèvement armé.

La révolte de 37

Le drapeau des Patriotes ne comportait pas de symboles comme le personnage du « Vieux de 37 » qui a été ajouté sur l’étendard par des groupes identitaires beaucoup plus tard.

Les Patriotes croient que le gouvernement britannique reculera devant la menace d’une révolte armée, ce qui devrait le forcer à négocier. Aussitôt pris, ce pari risqué était d’ores et déjà perdu. Le gouvernement britannique avait déjà mobilisé des troupes à travers tout son Empire pour se rendre au Bas-Canada. L’objectif est simple. Écraser la rébellion du peuple qu’il avait jadis conquis.

Dans les cercles militants, on ne se laisse pas décourager. Les Patriotes fondent l’organisation des Fils de la Liberté, une milice indépendante. Les escarmouches se multiplient entre les Patriotes les soldats anglais. Les Canadiens-Français pratiquent la désobéissance civile et la loyauté envers la couronne fond comme neige au soleil.

Pour la première fois depuis la conquête, les Canadiens-Français se défendent.

Le 23 novembre 1837, les  rebelles viennent à bout des soldats du colonel anglais Charles Gore, lors de la bataille de Saint-Denis. Malheureusement, ils n’ont guère le temps de savourer ce qui sera leur seule victoire importante du conflit.

La bataille de St-Denis

Deux jours plus tard, les forces Patriotes mal organisées, mal dirigées et inférieures en nombre, sont vaincues au terme de la bataille de Saint-Charles, par les hommes du Lieutenant-colonel George Wetherall.

Le colonel Gore précédemment vaincu à St-Denis, y retourne pour incendier 50 maisons et piller la ville qui n’a pourtant pas offert la moindre résistance. « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » disait Corneille…

C’est de cette façon que sera réprimée la première rébellion.

Les chefs des Patriotes, dont Louis-Joseph Papineau, prennent la fuite aux États-Unis. Leur défaite est totale. Des centaines de leur co-révolutionnaires ont été tués, blessés ou capturés.

Le gouverneur Lord Durham

Un nouveau gouverneur général est envoyé par Londres au Canada. La révolte terminée (ou plutôt en dormance), on confie à Lord Durham de rétablir l’ordre dans la colonie. Afin de rétablir l’harmonie entre les anglophones et les francophones, il accorde l’amnistie à la plupart des prisonniers qui ont été capturés lors des combats. Il prend ainsi des mesures pour tenter de recoudre le mince tissu social. Toutefois, son approche déplaît au gouvernement britannique qui préfère la domination à la cohabitation.

En voyant ses mesures contestées et le mécontentement de Londres, Durham démissionne.

La rigidité du gouvernement britannique, qui refuse de faire quoi que ce soit pour soulager la misère de ses sujets canadiens-français, mènera à la deuxième rébellion.

La révolte de 38

La mort du Patriote Chénier

Dès le départ de Durham, les rebelles se préparent à se soulever à nouveau en novembre 1838. Aidés par des sympathisants américains, ils entreprennent de couper les communications entre l’île de Montréal et la rive sud du Fleuve St-Laurent.

Les rebelles sont courageux, mais l’amateurisme de leurs dirigeants Robert Nelson et Cyrille Côté les mènera vers une défaite cinglante. Ces deux médecins ne sont pas formés pour conduire une armée et leur tactique est un échec. Ils perdent même une partie de leur armée qui est capturée à Caughnawaga par des guerriers iroquois que les britanniques ont rallié à leur cause.

9 novembre 1838 – La Bataille d’Odelltown

Une lueur d’espoir survint le 9 novembre suivant, alors que les Patriotes ont le dessus sur un petit groupe de soldats britanniques. Lorsqu’ils ont vent de l’arrivée de forces plus importantes, les Patriotes se dispersent. La deuxième rébellion est écrasée et les vainqueurs se livrent à des pillages dans les campagnes. On brûle les maisons, on saccage les récoltes…

Afin de décourager toute récidive, le gouvernement britannique procède à des arrestations sommaires sous le prétexte de simples soupçons. On entasse les prisonniers dans des prisons improvisées. Une centaine de Patriotes sont condamnés à mort. On envoie aussi des rebelles à la colonie pénitentiaire de l’Australie.

Pendaison de 5 Patriotes le 15 février 1839

Les deux rébellions de 1837 et 1838 font un total de 325 morts dont seulement 27 du côté de l’armée britannique.

La rébellion des Patriotes ouvrira cependant la voie à une réforme en profondeur de la colonie du Canada. Elle inspirera l’ancien Patriote modéré Louis-Hippolyte LaFontaine, qui s’était opposé à la rébellion armée en 1837, mais qui fut tout de même arrêté en 1838. Il sera un acteur important de la réalisation d’un premier gouvernement responsable et de l’union du Haut et du Bas-Canada. Louis-Hippolyte LaFontaine devient le premier à assurer la fonction de premier ministre du Canada-Uni.

Louis-Hippolyte LaFontaine

Même si les rébellions des Patriotes ont échoué, elles ont au moins servi à faire comprendre aux Britanniques que les Canadiens-Français aspirent, eux aussi, à la liberté et qu’ils sont prêts à se battre pour l’obtenir.



Revisitez les moments forts de la Rébellion des Patriotes, de l'éveil politique aux batailles décisives.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

1 réflexion au sujet de « Les événements clés de l’insurrection des Patriotes au 19e siècle »

  1. Un texte rassemblant que des exactitudes historiques mais d’une simplification trompeuse.
    Le développement de la pensée « canadienne » qui a fondé le mouvement Patriote se développe sur 75 ans. Le comportement et les décisions de Londres et de ses représentants au Bas Canada sont conditionnés par la géopolitique de cette époque (les 13 colonies, la guerre d’Indépendance américaine, les guerres napoléonniennes ….), par les évènements sanglants de la Révolution française et de la Terreur, par le fait que le Bas-Canada soit peuplé en grande partie de descendants de Français immigrés en Nouvelle-France, par la « menace » que porte le début de la Révolution industrielle sur l’équilibre des pouvoirs économiques et l’organisation sociale … etc …
    Simplifier l’Histoire peut servir à des fins politiques pour justifier une pensée contemporaine, mais ce n’est pas informer sur la réalité historique.
    Et commencer un texte par une affirmation aussi fausse que « Au Bas-Canada, la vie à cette époque est très difficile. Surtout pour les Canadiens-Français qui ne jouissent pas d’un traitement équitable par rapport à leurs concitoyens anglophones.  » jette un doute sur l’objectivité de l’auteur. Avant la crise du choléra, la vie au Bas Canada n’était pas si détestable que l’auteur le prétend. En fait, bien des « Canadiens » la déclaraient meilleur que du temps de la Nouvelle-France.
    Quant à l’héritage laissé par les « Canadiens » devnus les « Patriotes » il est considérable malgré les sanglantes défaites militaires de 1837-1838. Il faut lire les historiens spécialisés dans l’étude de cette époque (Gilles Laporte, Yvan Lamonde, Jacques Lacoursière ….). pour se le rappeler: liberté de la Presse, responsabilité gouvernementale devant l’Assemblée, droit de vote pour les femmes, école laïque …
    Alors, oui le texte de cet auteur est basé sur des faits réels, mais il me semble biaisé et tendencieux à cause de ce qu’il occulte. Bref peut-être faut-il ne pas se contenter de cette lecture pour avoir une bonne compréhension des évènements de cette époque et de leurs conséquences (positives) sur la société contemporaine.

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