Robert Piché est un pilote québécois dont la vie est marquée par des hauts et des bas spectaculaires. Son nom est aujourd’hui synonyme de courage et de compétence en aviation, grâce à son exploit exceptionnel du 24 août 2001, lorsqu’il parvient à poser un Airbus A330 en vol plané après une panne totale de carburant. Mais avant de devenir un héros de l’aviation, Piché traverse une période trouble qui le mène derrière les barreaux aux États-Unis. Son histoire est celle d’un homme qui tombe, se relève et triomphe contre toute attente.
Une passion précoce pour l’aviation
Robert Piché naît le 5 novembre 1952 à Québec Mais sa famille déménage à Mont-Joli alors qu’il est âgé de 8 ans. Dès son plus jeune âge, il est fasciné par l’aviation et rêve de piloter des avions. Après ses études, il entreprend une formation en aviation et obtient sa licence de pilote professionnel. Il débute sa carrière chez Québécair, une compagnie aérienne régionale québécoise, où il acquiert de l’expérience en tant que copilote puis commandant de bord.

Cependant, la situation économique difficile des années 1980 entraîne la faillite de Québécair en 1986. Comme plusieurs autres pilotes, Piché se retrouve sans emploi. C’est un coup dur pour lui, car sa carrière, jusqu’alors prometteuse, prend un tournant incertain. Il tente de rebondir, mais les opportunités sont rares dans le milieu de l’aviation.
Une descente aux enfers
Dans une période de grande instabilité professionnelle, Piché prend une décision qui changera le cours de sa vie. En 1987, il accepte de transporter une cargaison de drogue entre la Jamaïque et les États-Unis. Il espère ainsi surmonter ses difficultés financières, mais cette décision se retourne rapidement contre lui.

À son arrivée aux États-Unis, il est intercepté par les autorités et arrêté pour trafic de drogue. Condamné à une peine de 5 ans de prison, il est incarcéré à la prison fédérale de Reidsville, en Géorgie. Cet environnement hostile le confronte aux conséquences de ses choix. Après 16 mois derrière les barreaux, il est libéré pour bonne conduite et rentre au Québec, bien décidé à reconstruire sa vie.
La rédemption
De retour au Canada, Robert Piché doit repartir de zéro. Avec un passé criminel, il lui est difficile de retrouver un emploi stable, encore moins dans le domaine de l’aviation. Il enchaîne alors divers petits boulots pour subvenir à ses besoins et prouver qu’il peut reprendre une vie honnête.

Mais sa passion pour l’aviation ne l’a jamais quitté. Déterminé, il parvient à obtenir une deuxième chance lorsqu’il postule chez Air Transat. Grâce à ses compétences exceptionnelles et à son expérience passée, il est embauché en 1995 comme copilote. Il gravit rapidement les échelons et devient commandant de bord. Sa carrière reprend son envol, et il semble enfin avoir laissé ses démons derrière lui.
Le vol 236
Le 24 août 2001, Robert Piché est aux commandes du vol Air Transat 236, un Airbus A330-200, immatriculé C-GITS, qui assure la liaison entre Toronto et Lisbonne. À ses côtés, le copilote Dirk De Jager l’assiste dans ce vol de routine. Mais à mi-chemin au-dessus de l’Atlantique, un problème majeur survient : une fuite de carburant causée par une canalisation endommagée entraîne une perte rapide du kérosène.

À 4 h 38 UTC, le premier moteur cesse de fonctionner, suivi du deuxième quelques minutes plus tard. L’Airbus devient alors un planeur de 230 tonnes, sans aucun moteur en état de marche. La situation est critique : à 12 000 mètres d’altitude et au-dessus de l’océan, le commandant Piché doit agir vite.
Une maîtrise hors du commun
Face à cette défaillance catastrophique, Robert Piché garde son sang-froid. Il décide d’amorcer un vol plané vers l’aéroport de Lajes, aux Açores, situé à 120 km de leur position. Grâce à son expérience en vol sans moteur acquise durant sa formation de pilote, il effectue une descente contrôlée, optimisant au maximum l’aérodynamisme de l’appareil.
Pendant 19 minutes, il pilote avec une précision remarquable, effectuant des manœuvres délicates pour maintenir le contrôle de l’appareil. Finalement, à 5 h 45 UTC, il réussit l’impensable. Il pose l’Airbus en toute sécurité sur la piste de Lajes après un vol plané de 120 km. Il sauve ainsi la vie des 306 passagers et membres d’équipages de l’appareil. Voici une reconstitution des événements :
Une reconnaissance internationale
L’exploit de Robert Piché est immédiatement salué par l’industrie de l’aviation. Jamais auparavant un avion de cette envergure n’avait effectué un vol plané aussi long sans moteur. Son sang-froid et ses décisions stratégiques lui valent une reconnaissance internationale.
L’Air Line Pilots Association (ALPA), principal syndicat des pilotes en Amérique du Nord, le récompense pour son héroïsme et son professionnalisme. Il reçoit la médaille de l’Assemblée nationale du Québec en 2001 et la médaille d’honneur de l’Assemblée nationale en 2002 pour son exploit.

En son honneur, le trophée Robert Piché est créé, une distinction qui récompense les pilotes ayant fait preuve d’un courage exceptionnel en situation de crise.
Un héros malgré lui
Malgré cette reconnaissance, Robert Piché reste humble face à son exploit. Il affirme souvent que son passé difficile lui a permis d’acquérir la force mentale nécessaire pour gérer cette crise aérienne. Il devient une figure publique et un conférencier prisé, partageant son histoire et ses leçons de résilience à travers le monde.

Son parcours inspire le film « Piché, entre ciel et terre », réalisé en 2010 par Sylvain Archambault, avec Michel Côté dans le rôle principal. Le film retrace son ascension, sa chute dans le monde criminel et sa rédemption, offrant un portrait nuancé de cet homme hors du commun.

Robert Piché est un exemple vibrant que même après les pires erreurs, il est possible de se relever et d’accomplir des choses extraordinaires. Son exploit aérien demeure l’un des plus impressionnants de l’histoire de l’aviation moderne.
Voici un reportage sur son dernier vol avant de prendre sa retraite.
À travers ses conférences et ses engagements, il continue de transmettre un message d’espoir :
« Peu importe les épreuves, la force de caractère et la détermination peuvent mener à la rédemption et à l’excellence. »

Au cours de sa vie, Robert Piché est passé de repris de justice à héros national.Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!