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La maladie du Prix Nobel

Prix Nobel : La consécration... puis après ? 🏆🙄

La maladie du Prix Nobel, ou nobélite fait référence à un phénomène récurrent chez certains lauréats de la précieuse récompense qui adoptent des théories douteuses qui n’ont pas de fondement scientifique.

On observe que plusieurs récipiendaires de Prix Nobel ont plus tard dérivé vers une mentalité connue sous le nom de science pathologique. Ce processus psychologique se manifeste chez une personne dont la confiance (et souvent l’égo), sont exacerbés par le prestige du Prix Nobel.

Ces personnes, se croyant infaillibles, cessent de douter d’eux-mêmes et de leurs théories. Tellement, qu’ils en viennent à écarter la méthode scientifique au profit de la certitude et de l’obsession. Souvent, leurs travaux partent d’une conclusion à laquelle le chercheur s’attend et la recherche est réalisée avec pour seul objectif de confirmer ladite conclusion. Les découvertes et les faits qui contredisent la conclusion attendue sont écartés.

La méthode scientifique est conçue pour éliminer les biais cognitifs de l’humain pour en arriver à la conclusion la plus juste, libre de toute influence ou opinion. La science pathologique est tout le contraire.

Le danger est que le prestige que confère un Prix Nobel, fait de son possesseur une sorte d’autorité dans son domaine et il exerce par le fait-même, une grande influence sur le public.

Le prestigieux Prix Nobel

Cela dit, il n’est pas nécessaire d’avoir reçu le Prix Nobel pour souffrir de nobélite. C’est le cas du professeur Didier Raoult qui, lors de la pandémie de COVID-19, s’est livré à des expériences que l’on peut qualifier de relevant de la science pathologique. Ses travaux bâclés sur l’hydroxychloroquine ont conclu à une cure miracle, ce qui fit de lui une vedette instantanée. Le sauveur que le peuple attendait.

Le « youtuber » Didier Raoult

Cependant lorsque ses pairs ont relevé les failles de ses travaux, Raoult a mal réagi. Au lieu de revoir ses travaux ou de douter de ses conclusions, ce dernier s’est entêté au point de se discréditer dans le milieu scientifique et de sombrer dans l’univers des complotistes dont il est devenu un des héros.

Voici quelques exemples de gagnants de Prix Nobel qui ont sombré dans la science pathologique.

Linus Pauling (1901 – 1994)

Linus Pauling

-Prix Nobel de chimie en 1954

-Prix Nobel de la paix en 1962

Théorie douteuse : Les doses massives de vitamine C constituent un traitement efficace contre diverses maladies du simple rhume jusqu’au cancer en passant par la schizophrénie. Il affirme même que la consommation de jus d’orange fait augmenter les notes des étudiants.

Debunk : Ses études comptaient une quantité catastrophique de biais et d’erreurs et ses conclusions n’offraient aucune fiabilité. À ce jour, aucune étude rigoureuse n’a pu prouver les prétendues vertus curatives de la vitamine C.

James Watson (1928 – )

James Watson

-Prix Nobel de médecine en 1962

Ce scientifique est très controversé et pour cause. D’abord la façon dont il a obtenu son prix est plutôt discutable ! On lui a remis le Prix Nobel de médecine pour avoir découvert la fameuse structure en double hélice de l’ADN. Le hic c’est qu’il n’est même pas l’auteur de cette découverte ! Il a plutôt subtilisé les résultats des recherches de Rosalind Franklin et les a présentés comme étant les siens !

Plus tard, ce tricheur consacré « génie » par la prestigieuse récompense, a soutenu catégoriquement que les noirs étaient moins intelligents que les blancs. Il a même affirmé que l’exposition au soleil équatorial augmentait la pulsion sexuelle des noirs. Il a aussi déclaré que les obèses avaient moins d’ambitions…

En gros, il élevait chacun de ses préjugés raciaux et autres, au rang de faits incontestables.

Répudié par la communauté scientifique, on lui retira plusieurs titres honorifiques que lui avaient apportés le prestige du Prix Nobel.

Luc Montagnier (1932 – 2022)

Luc Montagnier

-Prix Nobel de médecine en 2008

Comme Didier Raoult, sa déchéance vers la science pathologique s’est accélérée au plus fort de la pandémie de COVID-19. Jadis un grand chercheur, il a avec l’aide de Françoise Barré-Sinoussi découvert le virus responsable du SIDA. Rien de moins. Une avancée qui justifie amplement le Prix Nobel qui lui fut décerné.

Après cette consécration, Montagnier se met à débouler l’escalier de la raison et les dérives s’enchaînent.

Il flirte avec des théories qui attribuent un rôle farfelu aux ondes électromagnétiques et il fait la promotion de l’homéopathie, une pseudo-science notoire. Il propose au pape Jean-Paul II de traiter sa maladie de Parkinson avec des « médicaments » à base de papaye, fruit auquel il attribue un effet antioxydant miraculeux.

Il devient un antivaccin notoire. Il prétend que les vaccins causent l’autisme (une fake news américaine maintes fois démentie). Il affirme que l’autisme peut cependant être traité avec des antibiotiques, bien qu’il n’ait aucune étude pouvant prouver sa théorie.

Autrement dit, le monsieur a perdu contact avec la réalité. Il vit dans un monde où ce qu’il imagine fait force de loi. Il semble persuadé qu’il n’a plus besoin de tester ses théories, qu’il est au-dessus de la méthode scientifique.

Il est devenu, lui aussi, un héros des complotistes durant la pandémie de COVID-19. Il n’a maintenant de succès qu’auprès des adeptes de désinformation, produit qu’il livre à la perfection.

Kary Mullis (1944 – 2019)

Kary Mullis

-Prix Nobel de chimie en 1993

Lui c’est un spécial… Avant de sombrer dans une nobélite aigüe, ce scientifique met au point la Réaction en Chaîne par Polymérase. Autrement dit la base du fameux test PCR dont Luc Montagnier s’est servi pour isoler le virus du SIDA et celui qui sert à détecter des charges virales. Il conteste d’ailleurs la façon dont son test fut utilisé pour relier le SIDA au virus VIH. Il s’enfonce davantage en niant le trou dans la couche d’ozone de l’atmosphère et se range dans le camp des climatosceptiques. De plus en plus, il s’éloigne de la science pour la remplacer par une passion pour la pseudo-science et le paranormal.

Lorsque Mullis a commencé à raconter qu’il avait rencontré un raton-laveur fluorescent qui parle… Cela a confirmé que la raison avait quitté l’esprit de celui qui avait déjà été, un scientifique respecté.

Alexis Carrel (1873 – 1944)

-Prix Nobel de médecine en 1912

Récompensé pour ses travaux sur la suture vasculaire et la transplantation cellulaire, Carrel a manifestement contribué à la science.

Malheureusement, il a été séduit par l’idéologie nazie. Il soutenait les théories raciales d’Hitler qui pourtant, n’avaient aucun fondement scientifique. Son racisme extrême le poussera ultimement à promouvoir l’eugénisme nazi.

La morale qu’il faut retirer de ces cas de maladies du Prix Nobel, est que l’intelligence n’est pas garante de jugement ou de santé mentale. Aucune récompense ne confère l’infaillibilité à son détenteur et surtout, personne n’est au-dessus de la méthode scientifique et ne peut l’outre-passer sans risquer de faire de graves erreurs qui peuvent mettre fin à une carrière ou poser de réels dangers dans la société.

Malheureusement, ces scientifiques déchus se tournent souvent vers internet pour joindre le public vulnérable à la désinformation… et lui arracher quelques dollars en lui vendant des livres, des conférences…


Plus que jamais, il faut se méfier de ce que l’on entend ou lit sur le web. Même si ça vient d’un « Prix Nobel » !



Le paradoxe du Prix Nobel : C'est pas parce qu'on a gagné le Prix Nobel qu'on a toujours raison... ou qu'on a toute sa raison !
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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