La vie légendaire d’Alexis le Trotteur

Alexis Lapointe dît le Trotteur, est l’une des figures folkloriques les plus fascinantes de l’histoire du Québec. Né le 4 juin 1860 à Saint-Étienne-de-la-Malbaie, une petite localité de Charlevoix, il devient un personnage légendaire pour sa capacité extraordinaire à courir sur de longues distances et pour ses exploits aussi bien sportifs que fantaisistes. Sa vie, empreinte de mystère, de légendes et de récits fabuleux, illustre le mélange de réalité et de mythe qui caractérise le folklore québécois.

Le début de la légende

Alexis Lapointe naît dans une famille modeste, et dès son plus jeune âge, il se distingue par son incroyable énergie et sa passion pour la course à pied. Enfant, il parcourt les routes de sa région à toute allure, impressionnant ses voisins par sa rapidité et son endurance. Rapidement, il gagne le surnom de « Trotteur » en raison de son allure rapide et régulière qui rappelle celle des chevaux de course. Ce surnom le suit tout au long de sa vie et s’inscrit dans la légende et le folklore québécois.

Les exploits

Alexis le Trotteur se fait connaître dans tout le Québec pour ses exploits sportifs. Il participe à de nombreuses courses contre des chevaux et, chose incroyable, il parvient souvent à les devancer, même sur de longues distances. On raconte qu’il est capable de courir plus de 100 kilomètres en une seule journée, un exploit incroyable pour l’époque. Son endurance et sa vitesse le font rapidement passer pour un phénomène, et il attire les foules partout où il se produit.

L’une de ses performances les plus célèbres se déroule à Québec en 1885. Lors d’une course contre un cheval, Alexis, vêtu de son habit de cuir et de ses mocassins, tient tête à son adversaire équin sur une distance de 20 kilomètres, sous les acclamations d’une foule fascinée. Bien que certains sceptiques contestent la véracité de cet exploit, les récits autour de cette course renforcent sa réputation de coureur exceptionnel.

Un gars spécial !

Mais Alexis le Trotteur ne se distingue pas seulement par ses performances athlétiques. Il est aussi connu pour son caractère fantasque et ses excentricités. Parfois perçu comme un peu fou, il se prend lui-même pour un cheval, imitant leur comportement en hennissant, en galopant ou en mangeant du foin. Il défie quiconque de rivaliser avec lui, que ce soit sur des routes poussiéreuses ou dans les bois épais de Charlevoix. Alexis se plaît à exagérer ses exploits, et sa réputation s’en trouve encore amplifiée.

On raconte qu’il se lance des défis presque impossibles, comme courir après les trains qui traversent sa région ou encore tenter de dépasser les bateaux à vapeur longeant les rivières. Certaines légendes disent même qu’il parvient à rattraper un train de marchandise entre La Malbaie et Baie-Saint-Paul, et à sauter sur le toit des wagons pour finir le trajet. Si ces récits frôlent souvent le fantastique, ils montrent bien la fascination qu’il suscite chez ses contemporains.

Une vie de vagabond

Malgré sa notoriété, la vie d’Alexis le Trotteur n’est pas facile. Il mène une existence de vagabond, vivant de petits travaux ici et là, et offrant parfois ses services pour courir des messages d’un village à un autre. On le voit souvent arpenter les routes de Charlevoix, longeant le fleuve Saint-Laurent, ou traversant les forêts et les montagnes de la région.

Au-delà de ses exploits, Alexis est un homme simple, sans grandes ressources matérielles. Il passe souvent pour un marginal, incompris par la société de son temps. Sa vie, empreinte de solitude, contraste avec la popularité de sa légende. Malgré tout, il reste fidèle à lui-même, refusant de se plier aux conventions sociales et vivant librement, à sa manière.

Une fin tragique

Le 12 janvier 1924, Alexis le Trotteur trouve la mort dans des circonstances tragiques. À l’âge de 63 ans, il est heurté par un train près de l’Isle-aux-Coudres. Ce décès brutal choque les habitants de Charlevoix, qui perdent alors une figure emblématique de leur région. Rapidement, sa légende se cristallise autour de sa mort, certains affirmant qu’il tentait une dernière fois de courir plus vite que la locomotive.

En 1966, sa dépouille est exhumée du cimetière de La Malbaie par Jean-Claude Larouche, afin de l’examiner. Son squelette est d’abord exposé au musée du Saguenay-Lac-Saint-Jean puis, au musée de la Pulperie de Chicoutimi. Une exposition inaugurée en 1999, « Alexis le Trotteur : Athlète ou centaure ? », permet de voir son squelette et des objets lui ayant appartenu. Au terme d’une controverse médiatique sur la pertinence d’exposer le squelette du Trotteur, les restes d’Alexis Lapointe sont inhumés le 7 novembre 2009 dans la municipalité de Clermont.

Aujourd’hui, Alexis le Trotteur reste une icône du folklore québécois. Son histoire inspire des chansons, des contes et des légendes qui continuent d’être transmises de génération en génération. Ses exploits, réels ou exagérés, témoignent de l’admiration que suscitent encore les personnages marginaux capables de défier les limites humaines. Le Trotteur est devenu un mythe vivant, une légende qui incarne la force, la liberté et la folie de ceux qui osent défier l’ordre établi. Excentrique, simple d’esprit, capable de réaliser des exploits et de courir indéfiniment… Alexis le Trotteur est un peu notre Forrest Gump !

Mes Aïeux lui rendent hommage dans cette chanson :