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Le jour où Halifax a explosé : faits et histoire

Un tournant dans l'histoire du Canada : l'incroyable histoire de l'explosion d'Halifax 💥🇨🇦

Pendant la Première Guerre Mondiale, Halifax est une ville très occupée. Son port moderne, libre des glaces en hiver et dont la profondeur permet aux gros navires d’y accoster, fait d’elle un endroit stratégique. Des dizaines de milliers de soldats canadiens, américains et britanniques y transitent avant d’aller combattre en Europe ou en revenant des champs de bataille. Des trains remplis de marchandises vitales pour le ravitaillement des alliés arrivent en permanence au port. Des cargaisons de blé, de bois, de charbon, de nourriture, ainsi que des armes et des munitions sont chargés sur des cargos en partance pour le vieux continent sur une base régulière.

Halifax avant l’explosion
Un quartier résidentiel près des quais avant le drame

Le port d’Halifax sert aussi de base à la jeune marine militaire et marchande canadienne, ce qui en fait aussi un endroit stratégique sur le plan naval.

La ville de 50 000 habitants se trouve envahie de soldats et de travailleurs de la marine marchande, ce qui a pour effet de stimuler l’économie locale. Bref, il y a beaucoup d’action et de monde à Halifax.

La collision

La poupe du Mont-Blanc

Le 6 décembre 1917, l’énorme cargo norvégien Imo quitte le port d’Halifax en direction de New York pour y récupérer du matériel de secours destiné à la Belgique.

Un autre navire, le Mont-Blanc, arrive à Halifax pour rejoindre un convoi transatlantique. Ce bâtiment français transporte une dangereuse cargaison composée de munitions, de plusieurs tonnes de benzol, de l’acide picrique très explosif, du fulmicoton et une grande quantité de TNT.

Les restes de du Imo après l’explosion

L’Imo longe la rive est du canal vers la sortie du port, ce qui est contraire à la procédure habituelle. Le Mont-Blanc, qui vient de s’engager dans le canal, se retrouve face-à-face avec le cargo norvégien qui navigue à vive allure dans la mauvaise voie.

Malgré les avertissements par sifflet et les tentatives d’esquive des deux bâtiments, l’Imo heurte le flanc tribord du Mont-Blanc. Les deux navires se séparent en créant des étincelles qui enflamment des grains d’acide picrique dans le flanc éventré du bateau français. L’incendie se propage à bord du Mont-Blanc durant une vingtaine de minutes avant que les équipes de pompiers et les marins d’autres bâtiments arrivent dans l’espoir de maîtriser les flammes. Sur les rives, plusieurs personnes, dont des enfants sur le chemin de l’école, assistent à la scène, sans saisir la gravité de ce qui est en train de se passer.

Maquette illustrant la collision entre les deux bâtiments

En revanche, les membres de l’équipage du Mont-Blanc, sachant ce que le navire français transporte, fuient à bord des canots de sauvetage en direction de la rive la plus proche. Pendant ce temps, le Mont-Blanc en flammes dérive vers le quai numéro 6 sur la berge d’Halifax, qui donne sur un quartier animé où se trouvent de nombreuses résidences, des commerces, une raffinerie de sucre et le Collège Royal de la Marine du Canada.

Le sacrifice de héros

Peu de gens dans la ville et au port ne comprennent l’ampleur de la menace ni ne savent que le Mont-Blanc est chargé de matières explosives. Cependant, deux hommes au courant de ces faits feront preuve d’un sens du devoir héroïque. Le chef de gare, William Lovett, se charge d’avertir les gens dans les chantiers navals afin qu’ils prennent la fuite à temps.

Le répartiteur héroïque, Vincent Coleman

Pendant ce temps, le répartiteur ferroviaire, Vincent Coleman, réalise que plusieurs trains transportant des centaines de passagers sont sur le point d’arriver dans la ville. Plutôt que de sauver sa vie, il s’installe au télégraphe et transmet le message suivant : « Navire de munitions en feu. Dérive vers le quai no 6. Au revoir. »

Lovett et Coleman meurent à leur poste, en sauvant la vie de centaines de personnes.

L’explosion

Le nuage de fumée provoqué par le désastre

À 9 heures 4 minutes et 35 secondes, le Mont-Blanc est pulvérisé et la déflagration provoque un tsunami qui s’abat violemment sur les rives de Dartmouth et d’Halifax. Tout est rasé sur un rayon de 2,5 km2.

Plusieurs incendies sont déclenchés, notamment par l’effondrement de toitures sur des fournaises, des poêles… Le tsunami fait lui aussi des dégâts importants.

Quant au souffle de l’explosion, il pulvérise instantanément les bâtiments environnants. Maisons, édifices à bureaux, églises, gare ferroviaire, navires et autres véhicules sur terre ou en mer, sans oublier les centaines de personnes qui se trouvaient à la hauteur du Mont-Blanc sur la rive. Des gens sont projetés dans les airs et retombent plusieurs centaines de mètres plus loin.

L’explosion est tellement puissante qu’elle brise des fenêtres dans la petite ville de Truro, située à plus de 100 km au nord-est d’Halifax. L’équipage du bateau de pêche Wave a rapporté avoir entendu le grondement de la déflagration lointaine au large de la côte du Massachusetts.

Une pluie de feu, d’acier et de cendres

En plus du souffle, du feu et du tsunami, les habitants d’Halifax sont soumis à une pluie de débris provenant des navires pulvérisés. Des morceaux de fer et d’acier brûlants sont projetés sur la ville comme des shrapnels.

Le point en haut désigne le site de l’explosion du Mont-Blanc et le point du bas montre l’endroit où la tige de son ancre a atterri.

La grande tige de l’ancre a survolé la ville sur une distance de 4 km pour atterrir dans le Northwest Arm, où elle gît toujours d’ailleurs. Une neige noire composée des cendres des nombreux incendies salit l’air et le sol. Tout n’est plus que débris et dévastation.

Bilan désastreux

Un quartier résidentiel soufflé par l’explosion

Jamais l’humanité avait causé une telle puissance destructrice. Seules les bombes nucléaires larguées par les États-Unis sur Hiroshima et Nagasaki surpasseront l’explosion d’Halifax quelques décennies plus tard. Sur le plan des pertes humaines, le bilan est lourd.

On estime qu’environ 1 600 personnes sont mortes sur le coup, dont un bon nombre d’enfants qui fréquentaient les écoles des quartiers environnants. 400 autres succombent à leurs blessures après l’explosion. On décompte beaucoup de victimes des débris qui ont été projetés sur la ville. Des gens ont eu des membres arrachés, plusieurs ont été décapités. Les plus chanceux ont subi des fractures, des brûlures ou des lacérations.

En plus des 2000 morts, l’accident a fait plus de 9000 blessés. Plusieurs ont perdu la vue à cause des éclats de verres qu’ils ont reçus lorsque les fenêtres ont éclaté.

Le port ressemble à un champ de bataille

Les dégâts matériels sont sans précédent. Au total, plus de 1 500 bâtiments sont rasés et 12 000 ont subi des dégâts importants. On estime le coût total des dommages à 35 millions de dollars.

La destruction d’une partie de la ville jette 25 000 personnes à la rue.

Les survivants d’Halifax se mobilisent et prêtent main forte aux équipes de secours. On fouille les décombres, on empile les corps dans les rues, on apporte eau, nourriture et abri aux sinistrés.

On empile des corps dans des cercueils en pin au coin des rues Argyle et George

On ouvre une enquête sur la catastrophe dont les conclusions font l’objet d’un appel et se rend à la Cour suprême du Canada. La Cour déclare que le Mont-Blanc et l’Imo sont également responsable de la catastrophe.

Comme les deux équipages constituent les premières victimes de l’explosion, personne ne sera officiellement condamné pour les erreurs qui ont mené à la collision fatidique.



Imaginez une explosion si puissante qu'elle détruit une ville entière. C'est ce qui s'est passé à Halifax en 1917. Découvrez l'histoire de cet événement dévastateur.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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