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Louis Riel, envers et contre tous

Le combattant, le leader : découvrez la véritable histoire de Louis Riel!

Lorsqu’on entends le terme « Canadien-Français », on comprend généralement « Québécois ». Tellement que parfois on oublie de souligner les exploits des Canadiens-Français qui se sont illustrés à l’extérieur des frontières actuelles du Québec.

Louis Riel est l’un de ces héros. Il naît le 22 octobre 1844 dans la colonie de la Rivière Rouge au cœur de l’actuelle Alberta. Ses grands-parents sont originaires des régions de Québec et de Trois-Rivières, mais Louis Riel compte également plusieurs Autochtones parmi ses ancêtres. C’est pour cette raison que Riel s’identifie comme Métis.

Qui sont les Métis ?

Les Métis forment un peuple qui descend à la fois d’ancêtres européens et autochtones.  À l’origine, on qualifiait de Métis, les enfants nés de mères cries et de pères commerçants de fourrures français installés dans les Prairies Canadiennes.

Depuis 1982, le Canada reconnaît le peuple Métis comme l’un des 3 peuples autochtones du pays avec les Premières Nations et les Inuits. Cette reconnaissance tardive a permis de rétablir les droits ancestraux qui reviennent aux Métis, comme celui de la chasse.

Lorsque la confédération du Canada est fondée en 1867 entre le Québec, L’Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, les Canadiens Français de l’ouest se retrouvent exclus du pays naissant. Les terres qu’ils occupent sont divisées en deux territoires : La Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest. Ils sont alors administrés par des compagnies de commerce anglaises soit, la Compagnie de la Baie d’Hudson et la Compagnie Nord-Ouest. Dans ce contexte, les Canadiens Français n’ont que très peu de droits.

La situation ne s’améliore guère en 1869 lorsque le gouvernement fédéral procède à l’achat des territoires de l’ouest pour les intégrer à la confédération. Ottawa entreprend de coloniser les Prairies en envoyant des masses de colons anglophones. Évidemment, la population francophone locale n’est pas consultée, ni même informée de la fondation soudaine de nouvelles colonies anglaises. Rapidement, ces colons venus principalement d’Ontario, se retrouvent en voie de devenir majoritaires tout en s’octroyant de plus en plus de terres.

La première rébellion

Devant la menace de se voir expropriés de leurs terres et voyant leurs droits fondre comme neige au soleil, des Métis de la Rivière Rouge s’organisent pour fonder leur propre nation. C’est la première rébellion des Métis contre le gouvernement canadien.

À la tête des rebelles, Louis Riel fait entendre la voix du peuple Métis qui s’exprime pour la première fois en 1869.

Louis Riel, entouré de son gouvernement provisoire

Avec ses hommes, Louis Riel parvient à se rendre maître de Fort Garry qui est un important poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson et installe son gouvernement provisoire. Il adresse alors ses revendications au gouvernement canadien. Essentiellement, il réclame que soient reconnus les droits ancestraux, territoriaux, linguistiques et religieux du peuple Métis. Il revendique aussi le droit à une certaine autonomie politique.

Au terme de longues négociations, le gouvernement de John A Macdonald accède à quelques demandes des Métis. Le Manitoba sera créé à titre de cinquième province au sein duquel, les Métis conserveront certains droits en matière de langue française ainsi que sur certaines terres.  

La rébellion de Rivière Rouge a mené à la création de la province du Manitoba

La rébellion de Rivière Rouge s’apaisera dès 1870. Louis Riel s’exile dans le Dakota du Nord puis au Montana.

La seconde rébellion

Lorsqu’il revient chez lui en 1884, il constate que bien peu de progrès ont été réalisés par le gouvernement canadien en ce qui a trait à la reconnaissance des droits du peuple Métis. Plusieurs de ses compatriotes ont fui le Manitoba pour la Saskatchewan, après que leurs conditions de vie soient rendues insupportables par les envahisseurs anglais.

La bataille de Batoche

Indomptable, Riel fomente alors la Rébellion du Nord-Ouest. Elle sera rapidement écrasée en Saskatchewan par l’armée anglo-canadienne lors de la bataille de Batoche, qui se déroula du 9 au 12 mai 1885.

Le procès « arrangé »

Emprisonné par les Anglais, Louis Riel subit un procès qui n’a rien de juste et équitable. Avec un jury composé d’Anglais de religion protestante et des témoins tous contre lui, il était jugé d’avance. Un seul candidat pour devenir membre du jury était catholique comme Riel… Il fut écarté du procès. Soulignons aussi que tout ce beau monde était unilingue anglais.

Lorsqu’il eut la chance de prendre la parole, il le fit en français pour réitérer ses convictions.

Il dît : « La vie, sans la dignité de l’intelligence, ne vaut pas d’être vécue. »

John A. Macdonald

Le Premier ministre John A. Macdonald refuse d’entendre les protestations du peuple devant cette injustice, notamment du Québec. Déterminé à en finir avec les rébellions des Métis, il prononce cette déclaration arrogante et cruelle : « Louis Riel sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur ».

La sentence et ses conséquences

La pendaison de Louis Riel

Louis Riel est mis à mort par les autorités canadiennes le 16 novembre 1885. La population canadienne française est sous le choc. Surtout au Québec où l’on voit cette exécution comme celle d’un martyr Canadien Français de plus, qui perd la vie aux mains des Anglais. Cela contribuera à creuser davantage le fossé entre les deux solitudes. Deux peuples de langues et de religions différentes dont l’un domine l’autre par la force et le nombre.

Dans la presse francophone, on qualifie le premier Ministre et le parti conservateur d’assassins. Autrement dit, cela ne passe pas, et ça ne passera jamais.

Le corps de Louis Riel gît dans le cimetière de Saint-Boniface depuis le 12 décembre 1885. Il laissa dans le deuil ses deux enfants, Jean et Angélique, qui perdront aussi leur mère, Marguerite Monet dite Belhumeur, quelques mois plus tard.

Après la mort de leur leader, les Métis verront leur situation se dégrader alors que leurs terres sont spoliées au profit des colons anglais et leurs droits leurs sont retirés. Même les engagements de John A. Macdonald en matière de langue et de religion sont reniés. En 1890 le Manitoba interdit complètement la langue française et les écoles de confession catholique sont fermées.

L’Héritage

Louis Riel reste un héros pour le peuple Métis et pour quiconque admire la ténacité et le courage de ceux qui osent se battre pour la justice. Plusieurs monuments lui sont dédiés et son combat fait désormais partie des livres d’Histoire. Sa cause, qui lui a survécue, mènera à la reconnaissance du Peuple Métis quelques décennies plus tard et à la restauration de leurs droits ancestraux.

De nos jours, plus de 580 000 Canadiens se déclarent d’origine Métis. Ce qui démontre que malgré la tentative de génocide qu’ils ont subi, les Métis ont réussi à faire survivre leur peuple jusqu’à la reconnaissance, sans doute inspirés par la persévérance et le courage de Louis Riel.



Louis Riel, au cœur de la Rébellion du Nord-Ouest, a marqué le Canada du XIXe siècle par son combat pour les Métis.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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