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Michel Chartrand : Une vie d’engagement

Michel Chartrand : un symbole de lutte et de justice sociale

Michel Chartrand, né le 20 décembre 1916 à Outremont, Montréal, est une figure emblématique du syndicalisme et de la lutte pour la justice sociale au Québec. Son parcours militant, qui s’étend sur plusieurs décennies, est marqué par un engagement profond en faveur des droits des travailleurs et par une détermination inébranlable à améliorer les conditions de vie des plus démunis. Chartrand est non seulement un syndicaliste infatigable, mais aussi un fervent défenseur de la justice sociale, un orateur charismatique et un critique virulent des inégalités socio-économiques.

Enfance

La Trappe d’Oka dans les années 20

Michel Chartrand grandit dans une famille nombreuse, il est le treizième enfant d’une famille qui compte sept garçons et sept filles. Son éducation est marquée par les idéaux chrétiens de justice et de charité, qu’il adapte rapidement à son combat pour les droits des travailleurs. Chartrand fait ses études primaires chez les Clercs de Saint-Viateur à l’Académie et ses études classiques au Collège Jean-de-Brébeuf. Fervent catholique, il devient moine cistercien à 16 ans à la Trappe d’Oka, qu’il quitte deux ans plus tard. À son retour à la vie civile, il entreprend des études en typographie chez les Frères des écoles chrétiennes.

Le début de l’engagement

Parallèlement à ses études, il se joint au mouvement nationaliste, Jeunesse indépendante catholique et devient secrétaire des Jeunesse patriotes. Cependant, il est opposé à la volonté du groupe d’appuyer Maurice Duplessis. Il joint plutôt les rangs de l’Action libérale nationale, qui s’oppose au parti Duplessis, et en devient l’organisateur politique en 1938. Durant cette période, Michel Chartrand poursuit des études supérieures à la Faculté des sciences sociales, économiques et politiques de l’Université de Montréal. Il suit également un cours d’histoire donné par le célèbre abbé Lionel Groulx.

En 1941, Chartrand est conscrit par les Forces canadiennes. Toutefois, après seulement un mois d’entraînement, il est renvoyé du Canadian Officers Training Corps. Pourquoi ? Michel a refusé de remplir les formulaires unilingues anglais !

L’homme de conviction et de caractère qu’était Michel Chartrand n’a pas tardé à faire des siennes !

Michel et Simonne après la naissance de leur première fille

En 1942, malgré l’opposition de la famille de la fiancée, Michel Chartrand épouse Simonne Monet à la chapelle de la Basilique Notre-Dame de Montréal. En raison des pressions exercées par la famille Monet, aucun prêtre du diocèse de Montréal n’accepte de marier Michel à Simonne. Le mariage est finalement célébré par Lionel Groulx en personne !

Le jeune couple et leurs deux premières filles, Micheline et Hélène devant leur logement de la rue Ste-Hélène à Longueuil, mars 1944

Durant les années 40, Michel Chartrand milite activement avec la Ligue de défense du Canada qui s’oppose à la conscription. Il devient membre fondateur du Bloc populaire canadien et organisateur politique de Jean Drapeau. Il sera lui-même candidat de ce parti aux élections du 11 juin 1945. Il milite au sein de diverses organisations.

Les années d’après-guerre sont une période de bouleversements sociaux et économiques au Québec, et Chartrand est à l’avant-garde de la lutte pour des conditions de travail plus équitables. Il joue un rôle crucial dans plusieurs grèves importantes, utilisant sa capacité oratoire pour galvaniser les foules et attirer l’attention des médias sur les injustices subies par les travailleurs.

En 1949, Chartrand rejoint la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), l’ancêtre de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui l’invite à s’exprimer devant ses membres en grève à Asbestos. Son charisme et son éloquence le distinguent rapidement comme un leader naturel.

Les Années 1950 et 1960 : La Montée de l’Action Syndicale

Michel Chartrand lors d’un de ses nombreux procès

Les années 1950 et 1960 sont marquées par une intensification des luttes syndicales au Québec. Chartrand est à la tête de nombreuses campagnes pour améliorer les conditions de travail, notamment dans les secteurs de la métallurgie et de la construction. Il est connu pour son franc-parler et son refus de faire des compromis sur les principes fondamentaux de justice et d’équité.

Michel Chartrand intervient dans la grève des travailleurs de l’Alcan de Shawinigan, dans la mobilisation des travailleurs et travailleuses de la Wabasso, et dans la grève des employés de Dupuis Frères. Le syndicalisme étant réprimé par les autorités de toutes les manières possibles à cette époque, Michel Chartrand subit plusieurs arrestations et procès au cours de la décennie.

La grève de Murdochville, 1957

Son leadership lors de la grève de Murdochville en 1957 est particulièrement notable. Cette grève, l’une des plus longues et des plus dures de l’histoire du Québec, met en lumière les conditions de travail déplorables dans les mines et l’absence de protections adéquates pour les travailleurs.

La crise d’Octobre 1970

L’armée débarque dans les rues de Montréal lors de la crise d’Octobre 70

L’année 1970 est un tournant pour Michel Chartrand. En pleine crise d’Octobre, il est arrêté sous la Loi sur les mesures de guerre, accusé d’être sympathisant du Front de libération du Québec (FLQ). Bien qu’il ne soit jamais prouvé qu’il ait eu des liens directs avec le FLQ, son emprisonnement de quatre mois le transforme en symbole de la répression étatique et renforce sa détermination à lutter contre l’injustice. Son incarcération attire une vaste sympathie publique et solidifie son image de défenseur inflexible des droits civiques et des libertés individuelles.

Un militant infatigable

Michel Chartrand en 1972

Au cours des années 1970 et 1980, Chartrand continue de militer avec une énergie inépuisable. Il s’attaque non seulement aux inégalités dans le milieu du travail, mais aussi aux injustices sociales plus larges, telles que le droit au logement et la lutte contre la pauvreté. Son engagement s’étend également au mouvement indépendantiste québécois, qu’il voit comme une voie pour une plus grande justice sociale. Chartrand participe activement à la création du Parti Québécois et soutient fermement les référendums sur la souveraineté en 1980 et 1995.

Le legs de Michel Chartrand

Dernière photo publique de Michel Chartrand peu avant sa mort

Michel Chartrand meurt à l’âge vénérable de 93 ans, le 12 avril 2010. Il laisse dans le deuil ses sept enfants. Il rejoint sa femme, la militante Simonne Monet-Chartrand, décédée en 1993, au terme d’une vie bien remplie.

Sa vie et son œuvre, ont profondément marqué le mouvement ouvrier et ont contribué à façonner le paysage social et politique du Québec contemporain. En tant que militant acharné, il a inspiré plusieurs générations de syndicalistes et de militants sociaux. Son nom est souvent évoqué comme synonyme de courage, de détermination et de dévouement à la cause des travailleurs.

La société québécoise rend hommage à Michel Chartrand avec diverses commémorations.

En 2010, le Parc Régional de Longueuil devient officiellement le Parc Michel-Chartrand.

Le pont Michel-Chartrand

En 2013, un pont de béton construit en 1963 qui enjambe la rivière Richelieu et qui jusque-là, ne portait pas de nom, a été nommé à la mémoire de Michel Chartrand.

La promenade Michel-Chartrand

En 2023, la ville de Montréal a baptisé une promenade du nom de Michel Chartrand dans l’arrondissement de LaSalle.

Une série télévisée a également été produite en 2000 sur la vie du syndicaliste.



Michel Chartrand a marqué l'histoire du Québec par son engagement inébranlable en faveur des droits des travailleurs.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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