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Ordre du Temple Solaire : Autopsie de la pire secte de l’Histoire du Québec

L'Ordre du Temple Solaire au Québec : L'Histoire d'une secte qui a secoué la province 🌌

L’Ordre du Temple Solaire est sans contredit, la secte la plus meurtrière que le Québec ait connu. Des croyances qui vont de la vénération d’un enfant cosmique à un transit intersidéral vers Sirius en passant par des communications avec des êtres supérieurs ont permis aux dirigeants de la secte de s’enrichir avant de procéder à de véritables massacres et suicides collectifs lors de l’effondrement de l’organisation.

L’ensemble des croyances de l’Ordre du Temple solaire ont été imaginées par Joseph Di Mambro, un ancien bijoutier devenu escroc de faible envergure. Avant de devenir gourou, il avait déjà été condamné pour des petites fraudes telles que des chèques sans provision et avait fréquenté des groupes d’extrême droite. Passionné d’ésotérisme, il anime les réunions d’un petit groupe Nouvel-Âge recruté à travers des groupes de Yoga. Il organise des séminaires à Genève où se mélangent ésotérisme, médecine alternative et nourriture biologique. Il nomme ce mouvement « Golden Way ». Avec ses adeptes, ils essaient d’atteindre d’une sorte d’éveil collectif. Pour y arriver, Di Mambro incite ses membres à participer à des conférences, des formations et des activités dans des séminaires d’apprentissage qu’il organise dans sa propriété en Suisse. En principe, les formations sont gratuites… Mais lorsque les membres se joignent à son mouvement, ils doivent abandonner leurs possessions matérielles en les cédant à la secte. En d’autres mots, à Di Mambro.

Luc Jouret à gauche et Joseph Di Mambro à droite

Plus tard il s’allie avec Luc Jouret, un médecin suisse déchu qui s’est recyclé dans l’acupuncture et l’homéopathie, des pseudo-sciences notoires et Michel Tabachnik, un chef d’orchestre qui contribuera à l’idéologie du groupe.

Lors des cérémonies, Jo Di Mambro a recours à des supercheries et des effets spéciaux pour faire croire à ses adeptes qu’il communique des entités cosmiques qu’il nomme « les maîtres de Zurich ». Il utilise notamment une épée trafiquée avec un dispositif électrique qui illumine la lame, des effets sonores et autres trucages. Lors de ces mises en scène, les adeptes sont émerveillés par ces manifestations « surnaturelles » et son convaincus que Di Mambro communique avec des êtres supérieurs. Plus tard, il confie au charismatique Luc Jouret la portion spectacle de la secte. Mais c’est toujours Di Mambro qui tire les ficelles.

Un enfant communie selon les rites de l’Ordre

C’est en 1984 que l’Ordre du Temple Solaire s’installe au Québec dans une maison que les adeptes considèrent comme une arche de survie où ils viennent se réfugier. La secte se développe et fait de nouveau adeptes un peu partout dans le monde. Parmi ces adeptes, certains sont plutôt bien nantis. Leur énorme contribution financière permet à l’Ordre d’acquérir de vastes domaines en France, au Canada, en Suisse et même en Australie. Au Québec, la secte va même s’immiscer au sein de la société d’État Hydro-Québec. Grâce à des cadres devenus adeptes, l’Ordre donna même des conférences aux employé de la société.

La secte vit sa première crise lorsque Luc Jouret est arrêté au Québec en compagnie de deux autres adeptes lorsqu’il sont prit à tenter d’acquérir des armes à feu de façon illicite. L’étoile de la secte et de son fondateur pâlit. Di Mambro dont les adeptes commencent à douter, sombre dans la paranoïa. Voyant son « entreprise » décliner, il imagine cette idée de voyage interstellaire. Il convainc ses victimes les plus fidèles qu’ils sont destinés à quitter la Terre pour l’étoile Sirius. Pour ceux qui commencent à douter de lui ou qui tourne le dos à sa secte, il prévoit un autre traitement.

Pour atteindre Sirius, les membres de l’OTS doivent quitter leurs corps physiques par le suicide afin que leur esprit puisse voyager vers l’étoile. Quant à ceux qu’il considère comme des traitres, la peine de mort s’impose.

Di Mambro, enragé par la traîtrise de certains de ses membres échafaude ses plans de vengeance. Son ire se dirige en particulier envers un couple d’adeptes et leur enfant. Il voulait se venger du père qui avait tourné le dos à la secte après avoir découvert la supercherie et les trucages. La mère aussi l’avait profondément offensé en baptisant son bébé Emmanuel, le même nom que la fille du gourou qu’il faisait passer pour un enfant-lumière ou un messie que devait vénérer les adeptes. Di Mambro décrète que le bébé est l’antéchrist et qu’il doit mourir. Le gourou mandate quelques adeptes convaincus d’inviter la petite famille dans la maison de Morin Heights dans les Laurentides, afin de leur tendre un piège. La famille accepte l’invitation qui semble amicale sans se douter que la mort les attend dans cette maison. Les parents sont battus à coups de bâton et poignardés. Le bébé, âgé de quelques mois seulement, est transpercé d’un pieu de bois plusieurs fois dans un meurtre rituel.

Le chalet de Morin Heights au lendemain de la tragédie

Deux des meurtriers quittent le Québec dès le lendemain tandis que deux autres, nettoient la scène du crime et mettent en place un système qui incendiera la propriété après que le couple se sera suicidé pour transiter vers Sirius le lendemain en même temps que les autres adeptes qui prévoient aussi quitter la Terre.

Le jour suivant, 48 cadavres sont découverts dans deux foyers d’incendie. Parmi les victimes, on retrouve les corps de Luc Jouret, de Joseph Di Mambro et celui de sa fille, l’enfant cosmique. 9 québécois sont aussi identifiés dont Lyne Grand’Maison, journaliste au Journal de Québec et Robert Ostiguy, maire de la municipalité de Richelieu.

Un an plus tard, le 23 décembre 1995, un deuxième drame lié à la secte moribonde survient. On découvre, en France cette fois, 16 cadavres. Les corps de 13 adultes et trois enfants sont retrouvés disposés en forme d’étoile à St-Pierre de Chérennes. Les victimes ont été exécutés par arme à feu après qu’ils aient ingéré de puissant tranquillisants.

Les dernières victimes de l’Ordre du Temple solaire perdent la vie le 22 mars 1997 à St-Casimir de Portneuf, au Québec. 5 corps sont retrouvés dans une maison mais 3 adolescents survivre à la tragédie. Le suicide était prévu 2 jours plus tôt, mais les dispositifs incendiaires n’ont pas fonctionné. Les ados ayant réussi à convaincre leurs parents de les laisser vivre, ont eux-mêmes activé le système incendiaire pour leurs parents. Ils se sont ensuite réfugiés dans un atelier où ils ont consommé des somnifères pour éviter d’assister à la mort des adultes.

En tout, l’Ordre du Temple Solaire a fait plus de 74 victimes en Europe et au Québec.



L'Ordre du Temple Solaire est la secte la plus meurtrière de l'Histoire du Québec. Découvrez le fil des événements et la nature de l'Ordre.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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