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Prendre sa santé en main, une plante à la fois

🌿 Prenez soin de votre santé naturellement, une plante à la fois !

Difficile avec internet de différencier le vrai du faux quant on fait des recherches sur les différents moyens de prendre soin de sa santé. Un site web dit de boire du café, et l’autre dit le contraire. À gauche, un influenceur guéri d’une maladie nébuleuse en flattant une roche magique, et à droite une vedette jure que le secret de sa longévité est de manger un organe d’animal rare toutes les semaines! La médecine est un monde très, très vaste, et chaque culture, chaque personne a sa façon de l’approcher et de la consommer.

Avec les techniques modernes, tout est vendu en pharmacie, dans des petites fioles étiquetées qui donnent confiance. On se sent déprimé à l’automne? Une bouteille de vitamine D fera l’affaire. Une petite toux? Une bouteille de sirop.

Autrefois, les «petits bobos», on savait les soigner. On allait prendre du soleil dehors, on se faisait une tisane, un cataplasme, et le tour était joué.

Est-il possible aujourd’hui de trouver un équilibre? D’économiser temps et argent, de gagner en autonomie sur sa santé, et de ne pas croire tout ce qu’on voit sur internet? Les plantes médicinales que vous trouvez autour de chez vous peuvent remplacer bien des bouteilles de pharmacie: il suffit de savoir par où commencer pour s’initier à ce mode de vie.

Les pseudo-médecines

Avant toute chose, il faut clarifier certains points. La médecine alternative a parfois une bien mauvaise presse à cause de certaines branches plus ésotériques et de croyances ancestrales douteuses, mais elle n’est pas toujours synonyme de charlatanisme pour autant. 

Si c’était le cas, les colons français seraient morts du scorbut, et la majorité de nos médicaments actuels n’existeraient pas! Quand vous prenez une aspirine, c’est en fait une molécule copiée à partir du saule. Autrefois, et sans doute encore aujourd’hui pour certains, une tisane de saule pouvait soulager plusieurs symptômes. La version en comprimée est tout simplement plus facile à utiliser, plus «sécuritaire» (j’y reviens dans un instant), et surtout, plus rentable pour les compagnies pharmaceutiques!

Bref, quand on vous parle de vous soigner avec les «mauvaises herbes» qui poussent autour de chez vous, ne faites pas la grimace. Vous le faites probablement déjà, mais sans le savoir… et en enrichissant des compagnies qui ne sont souvent même pas québécoises!

Les dangers de l’automédication

Soyons clairs vous ne soignerez pas un cancer avec des racines de pissenlit. Mais vous pouvez sans aucun doute soulager les symptômes d’une maladie, diminuer votre diabète, désinfecter vos écorchures, et même améliorer l’aspect de votre peau!

Ce que je veux dire ici, c’est que nous avons la chance de vivre dans un monde où la médecine est très avancée, efficace et, merci le Québec, généralement gratuite. Si vous vous cassez une jambe, allez à l’hôpital. Le cataplasme de plantain ne peut rien pour vous. Mais pour une piqûre de moustique, n’allez pas chercher un produit chimique en bâton qui coûte 20$ si vous avez du plantain dans votre cour. On se comprend? Utilisez votre jugement.

D’ailleurs, le jugement est d’autant plus important que si vous choisissez de récolter les denrées de la nature pour vous soigner, vous êtes 100% responsable des risques. Si vous n’êtes pas certain que c’est du plantain, ne vous roulez pas dedans. Je n’ai jamais frotté une blessure avec de l’herbe à puces, mais j’imagine que ça ne fait pas du bien! Si vous ne voulez pas vous casser la tête, sachez qu’énormément de plantes médicinales se retrouvent dans les jardins et les aménagements paysagers. C’est l’occasion de repenser vos plates-bandes!

Mangez vos plates-bandes, année après année

Pareillement, informez-vous sur des sites et dans des livres fiables pour connaître le dosage adéquat. Ce n’est pas parce que ça vient de la nature que ce n’est pas dangereux. En fait, certaines concentrations de produits ou de molécules sont très fortes dans certaines plantes, alors soyez prudents.

En fait, la nature, c’est comme à la pharmacie: si on trouve un comprimé non identifié par terre, on ne le mange pas, et avant de prendre le pot de Tylenol au complet, on lit l’étiquette pour savoir combien en prendre. 

Mon ami, le placébo

J’adore l’effet placébo. L’important quand on se soigne, c’est d’aller mieux, non? Peu importe que ce soit l’action d’un médicament, ou de votre cerveau. Un bon exemple quand on a un mal de tête: quand on prend deux Advils, et deux minutes plus tard, c’est parti. Le médicament n’a pas commencé à faire effet: c’est bel et bien l’effet placébo qui vous a soulagé. Et alors? Vous n’avez plus mal, c’est tout ce qui compte, non?

Encore une fois, je mets un bémol: je ne parle pas de maladies graves, mais bien des douleurs et inconforts du quotidien.

Si flatter une roche ou visualiser l’énergie vous fait du bien: allez-y! Mais ne commencez pas non plus à importer illégalement des pénis d’éléphants parce que selon une médecine traditionnelle X, ça permet de guérir l’impuissance masculine… Ou à arracher une plante québécoise menacée d’extinction dont l’effet n’est même pas prouvé. On se comprend?

Bref, cet article est sur les plantes médicinales, mais j’insiste sur le fait de bien se renseigner: il y a beaucoup de croyances populaires dans ce domaine et toutes les plantes n’ont pas fait l’objet d’une étude approfondie. Vous ne perdez rien à essayer cependant: au mieux, ça marche parce que c’est efficace, ou parce que vous avez un effet placébo, et au pire ben… vous allez revenir à votre bon vieux flacon de pharmacie!

Il est aussi possible de se soigner avec des produits naturels achetés: un beau milieu entre la simplicité et le contact avec la nature.

15 plantes qui poussent ici* à découvrir

*La majorité des plantes suivantes poussent au Québec à l’état sauvage, soit parce qu’elles sont originaires d’ici, ou parce qu’elles ont été introduites. Quelques exceptions peuvent se glisser, mais ce sont alors des plantes ornementales ou potagères bien répandues chez nous. Dans tous les cas, vous pouvez les intégrer à vos aménagements paysagers. À noter également que toutes les vertus mentionnées dans cet articles ont été prouvées par au moins une étude scientifique.

Commençons par une plante utilisée depuis longtemps… Longtemps comment? On a retrouvé une très grande concentration de pollen d’achillée millefeuilles dans une sépulture néandertalienne. Oui, oui, ça fait si longtemps! L’Histoire ne dit pas quelles propriétés étaient à l’honneur à l’époque, mais c’est une plante qui a été découverte, redécouverte, et partagée par plusieurs peuples.

Aujourd’hui, on l’utilise pour soulager les troubles gastro-intestinaux, l’inflammation et les coupures, écorchures, peaux sèches en tout genre. C’est principalement en cataplasme que je vous propose de vous en servir: quelques feuilles mâchouillées lors d’une randonnée font des miracles sur les écorchures et piqûres d’insectes. Il suffit d’appliquer les feuilles mâchouillées sur la peau et le tour est joué. En plus, l’achillée est antifongique, antibactérienne et anti-inflammatoires: vos blessures seront désinfectées et leur gonflement sera moindre.

© lacerta_viridis

L’agastache est une plante magnifique à ajouter à vos aménagements. C’est un répulsif puissant contre les insectes, les bactéries et les champignons. Quelques branches séchées disposées dans les endroits de conservation de nourriture assurent une protection contre les insectes: une belle alternative aux pesticides!

Cette plante fait partie de la famille des lamiacées. C’est la cousine de la menthe, du basilic, du thym, etc., et ses vertus aromatiques et digestives sont à la hauteur de ces grands favoris bien connus.

© oan446

Parlant de fines herbes, vous utilisez de l’ail en cuisine? Eh bien c’est une plante bien connue en médecine alternative! Point bonus: la météo québécoise est PARFAITE pour la culture de l’ail, et comme c’est une plante qui se conserve longtemps, il n’y a absolument aucune raison d’en acheter si vous avez le pouce vert. Je plante environ une centaine de gousses (cailleux) à l’automne, et l’été suivant, je récolte autant de bulbes. Le quart se fait replanter, et le reste s’en va au sous-sol, sans autre préparation, et se conserve jusqu’à la prochaine récolte!

Ok, mais ça fait quoi à part effrayer les vampires? L’ail est un excellent gardien de votre santé cardio-vasculaire. Il contrôle les dépôts de graisse dans les vaisseaux sanguins, limitant les risques de crise cardiaque; il diminue la glycémie, et aide donc à lutter contre le diabète; il est aussi anti-toute : bactéries, champignons, virus, parasites. Bref, l’ail est notre sauveur au quotidien! Mettez de l’ail partout, puez, et restez en santé.

L’avoine est une autre vedette de la cuisine, surtout quand vous êtes un cuisinier habile pour la dissimuler! La farine, le son, et les flocons d’avoine aident à réduire le mauvais cholestérol (et donc à prendre soin de votre système cardio-vasculaire), et aussi à réguler la glycémie (les diabétiques, je vous parle ici!). Bien que la science n’ait pas encore démontré d’autres effets positifs chez l’avoine, il est utilisé en médecine traditionnelle pour une panoplie de raisons: nervosité, trouble du sommeil, constipation, problèmes de peau, et j’en passe! Le produit nettoyant que j’achète pour les oreilles de mes chiens est à base d’avoine: ça nettoie en douceur et apaise les démangeaisons. J’avoue que je l’utilise aussi parfois!

Dans tous les cas, l’avoine gagne à faire partie de votre alimentation. Que vous en ajoutiez dans vos plates-bandes (ça fait un remplissage magnifique), ou que vous l’achetiez à l’épicerie, apprenez à en cacher un peu partout. Dans le pain aux bananes, les muffins, ou même les gâteaux, vous pouvez remplacer une partie de la farine par de l’avoine. Vous aurez peut-être à mettre un peu plus de liquide si vous optez pour des flocons, mais ça passe inaperçu une fois cuit! Dans vos bouillons de soupe, faites infuser de l’avoine: ça ne goûtera pas, mais les vertus seront là. Dans vos yogourts, sunday, crêpes, ajoutez un crumble à base d’avoine comme garniture. Vous voyez? C’est facile!

© Галина Маруханян

Pour les yeux fatigués, rien de mieux que la centaurée bleuet. Ce n’est pas une plante originaire d’ici, mais elle s’est naturalisée ici. Elle est magnifique en aménagement paysager et ses jolies fleurs bleues peuvent servir à faire un hydrolat apaisant pour les yeux. Je n’entrerai pas dans la fabrication détaillée et, peur être honnête, je préfère acheter ce produit d’une compagnie québécoise plutôt que de le faire moi-même. Un hydrolat est obtenu en faisant s’évaporer de l’eau, qui passe à travers les plantes et capture ses propriétés. En faisant condenser cette vapeur, il en résulte une eau florale qui s’utilise un peu comme une huile essentielle, mais en plus doux.

© lebedeva_na

Si vous êtes un tousseux ou un asthmatique, vous devez découvrir la magnifique molène. Elle est plus efficace que les antitussifs commerciaux délivrés sans ordonnance! Elle peut se prendre sous forme de décoction: deux cuillères à thé de fleurs dans une tasse d’eau, laisser bouillir une dizaine de minutes. On peut en boire une à trois tasses par jour pour soulager la toux, la gorge irritée et l’inflammation des voies respiratoires. Sachez que la molène est également efficace contre le colibacille, les staphylocoques, la grippe, la grippe aviaire, et l’herpès.

© Phyllis Holst

Un grand favori des Québécois contre les maux de l’hiver est l’échinacée. Bien qu’elle ne soit pas d’ici, les plates-bandes en fousonnent! En consommer réduirait la durée des rhumes de trois à 6 jours selon des études! Moins connue, mais indigène et avec des vertus similaires, la rudbeckie hérissée est un peu comme l’échinacée québécoise! Points bonus: elle aussi est une vedette des aménagements paysagers!

Bien que la plupart des plantes mentionnées jusqu’ici existent en gélules, pommades, teintures mères et/ou huile essentielle, j’avoue avoir un grand faible pour la tisane quand on parle des rhumes et grippes. Le point positif, outre leur aspect réconfortant, c’est qu’on peut créer des super infusions selon nos symptômes, et envie du moment. 

Ainsi, on ajoute à son infusion d’échinacée de la menthe pour l’effet analgésique et apaisant sur les voies respiratoires, du gingembre, du thym et du miel pour la gorge, de la monarde pour son action anti-microbienne et contre la fièvre, sans oublier la panoplie de relaxants aidant le sommeil: lavande, mélisse, verveine, valériane, etc. Je pourrais faire un article complet sur les plantes qui soulagent les symptômes du rhume et de la grippe!

Je termine cet article sur une anecdote cocasse: quand mon conjoint est malade, il me demande de lui faire une potion de sorcière. Plus question de prendre des sirops et des comprimés commerciaux: sa copine est une magicienne! 

Est-ce qu’il trouve étrange quand je lui fais manger une gousse d’ail cru dans une cuillerée de miel, aromatisé avec du gingembre et du piment? Quand je lui fais prendre un bain au sel avec toutes sortes d’huiles? Boire une tisane de plantes amoureusement ramassée et séchées l’été précédent?

Bien sûr qu’il doute! Comment une plante pourrait guérir quoique ce soit? Eh bien le lendemain, quand il pète et que ça sent l’ail, il est toujours surpris de voir à quel point il a pris du mieux rapidement. Je ne fais pas de magie, mais presque!

Ce n’est pas difficile de devenir une sorcière des temps modernes! Pour prendre votre santé en main, vous n’avez pas besoin des produits dispendieux, chimiques, et/ou mystérieux.



Ce n'est pas difficile de devenir une sorcière des temps modernes! Prenez votre santé en main avec quelques plantes à cultiver chez vous.
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Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

3 réflexions au sujet de “Prendre sa santé en main, une plante à la fois”

  1. Super intéressant. Le mot « soin » prend tout son sens ici. Prendre le temps de se soigner c’est réconfortant. Je traite souvent mes maux de gorge avec du miel et du thym. J’ai pris des notes. Merci.

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  2. Merci pour cet article intéressant avec lequel je suis tout à fait en phase. L’ail et les oignons font partie de mon alimentation quotidienne, mais aussi le gingembre et le curcuma rappés bourrés d’antioydants dont je fais des infusions journalières parfumées au miel et au tamarin.( j’habite à Maurice). J’essaye au maximum de planter et utiliser le pouvoir de mes plantes. Je ne sais pas si c’est un effet placebo mais je ne suis jamais malade. je me suis dernièrement attelée à la fabrication du Kombucha, boisson ancestrale pétillante à base de thé assez à la mode en ce moment. Ma première cuvée sort dans quelques jours.
    Rien ne vaut la satisfaction de boire ou de manger quelque chose que l’on a fait soi-même. C’est déjà un médicament en soi pour le plaisir que cela procure. Marie :).

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