Ne mentez pas: même les plus endurcis, les plus virils, et les plus dégoûtés des insectes ne peuvent nier s’émerveiller à la vue d’un beau papillon. C’est comme ça! C’est vivant, coloré, pacifique, son vol est tout en douceur, et on ne les voit que quand il fait beau.
Papillon = bonheur.
Tout simplement.
Et comme j’ai envie de vous partager un peu de joie et de beauté aujourd’hui, je vous présente une compilation des plus beaux papillons du Québec (selon moi!). Préparez vos «waaaaw» et vos «ohhhh», et laissez-vous émerveiller et amuser par quelques photos, anecdotes et faits divers papillonnants!
Monarque
Inévitable. On doit le mentionner. On l’aime donc notre monarque!
Plus longue migration saisonnière chez les insectes, plus gros papillon diurne (vivant de jour) du Québec, la chenille se nourrit d’asclépiade et le papillon adulte est toxique: de quoi répugner à tout jamais un prédateur qui aurait eu l’audace d’en manger un! Une bonne indigestion et bam! Fini les collations volantes oranges et noire.
Ça profite d’ailleurs à plusieurs autres papillons québécois qui partagent le look du monarque. Plusieurs de nos papillons oranges et noirs se veulent des sosies du monarque pour profiter de sa réputation de «non comestible».
Avouez que vous vous êtes déjà fait avoir, vous aussi, à vous émerveiller d’un «monarque, mais plus petit». Ou bien d’un «monarque, mais avec des taches bizarres». Il y a fort à parier que ce n’était pas un original parmi l’espèce, mais tout simplement un imitateur. Le Québec: Vegas des papillons!
Funfact: le mâle monarque (en haut à gauche) a des taches noires sur les ailes postérieures. Celles-ci produisent un parfum qui excite la femelle. Prochainement dans les pharmacies: AXE à odeur de monarque! Surveillez-vous mesdames 😉
Pieride et coliade
J’ai appris les noms en français de ces papillons en rédigeant l’article. En tant que biologiste, j’ai appris que ces petits papillons blancs ou jaunes, avec des taches noires au bout des ailes, étaient tous de la famille des pieridae et c’est ainsi que je les appelle. La vérité, c’est qu’il y a beaucoup, BEAUCOUP de ces petits papillons qui nous semblent être pareils qui, en fait, ne le sont pas. Des variations infimes de nuance de jaune ou de la forme de la tache noire différencient les 14 espèces du Québec.
Il n’est pas spectaculaire, mais franchement, il est partout ce petit coquin de papillon! Parfois, ils volent à deux ou trois et paraissent se chamailler dans les airs dans un ballet estival et léger tout à fait plaisant à observer. Le soir, quand ils sont un peu endormis, on peut les attraper avec les mains.
C’est l’un des premiers papillons du printemps et je dois être prudente quand je laisse aller ma joie, car mon chien prend un malin plaisir à manger le premier papillon de l’année! Mais juste un par an, parce que c’est vraiment poudreux et pas si bon en fait… Je voulais imaginer comment ma joie de petite fille se transforme en incompréhension, en déception et en dégoût instantanément.
Papillon lune
Vous savez, ce papillon vert qu’on voit souvent dans les musées, épinglé derrière une vitrine, magnifique avec ses ailes postérieures allongées? Il est aussi spectaculaire que le morpho bleu dans la vitrine d’à côté, mais à mon sens, il a un petit plus: il vit au Québec! Eh oui, qui aurait cru que nous ayons un si gros et coloré papillon!?
Regardez les antennes en forme de peigne, c’est un signe qu’on ne retrouve que chez les papillons nocturnes. Surprenant, non? Bien qu’il ait l’air d’un papillon de jour, c’est en fait un papillon de nuit! Soulevez délicatement les feuilles dans une forêt de bouleaux; vous en trouverez peut-être un! Au repos, ses ailes sont ouvertes (comme la majorité des papillons de nuit), ce qui le rend très difficile à repérer: on dirait vraiment une feuille.
Cécropia
Selon moi le plus impressionnant de nos papillons de nuit. Il est GIGANTESQUE (pour un papillon); c’est notre plus gros papillon au Québec. C’est aussi le cousin du papillon lune. Ils ne se ressemblent pas hein? Et pourtant: regardez les antennes. Un soudain petit air de famille, non?
Bien que peu de gens l’aient déjà vu, il est assez commun. L’un d’eux a déjà voleté autour d’une lumière sur mon patio et je croyais qu’un oiseau ou une chauve-souris avait trouvé LE spot pour se nourrir des insectes attirés par la lumière. En fait, c’était justement un de ces insectes attiré par la lumière; un très gros insecte dans ce cas! De quoi émerveiller une biologiste, mais terrifier beaucoup de gens! Ne vous en faites pas si ça arrive chez vous, profitez en pour l’observer: c’est assez rare de pouvoir les admirer.
Papillon tigré du Canada
Petite, je les appelais des monarques jaunes! Durant mes études, j’ai dû faire une collection d’insectes et celui-ci fut mon premier papillon épinglé. (Ne me lancez pas de roches, ce n’est pas une espèce menacée! Et puis… c’est franchement difficile de bien ouvrir les ailes sans les abimer, c’est mieux de commencer avec un gros!)
Un éclat de soleil dans la brise de l’été. N’est-ce pas qu’il est magnifique?
Funfact: les chenilles de cette famille sortent des espèces de petites cornes orangées sur leur tête qui dégagent une mauvaise odeur en cas de danger. C’est un moyen de se protéger des prédateurs; franchement, mangeriez-vous un poulet qui se met à puer vous?
Papillon du céleri
Il ressemble beaucoup au tigré, mais en couleurs inversées: il a plus de noir que de jaune. Lui aussi est assez commun, mais ce qui est amusant, c’est qu’on peut facilement déterminer si le papillon est un mâle ou une femelle: le mâle a plus de jaune car il a deux rangées de gros points, alors que la femelle n’a qu’une seule rangée (ou deux) de très petits point. Mais ce manque de jaune ne lui enlève pas sa beauté, car elle a plus… de bleu! Elle est coquette, cette jolie demoiselle.
Si vous trouvez le nom de ce papillon cocasse, sachez qu’il le tient non pas de son apparence (un papillon qui ressemble à un céleri…), mais plutôt de son régime. Il se nourrit des feuilles de plantes ombellifères (dont les fleurs forment des ombelles). Donc céleri, mais aussi carotte, aneth et persil.
L’amiral blanc
Saviez-vous que chaque province du Canada a plusieurs espèces emblématiques? Oiseaux, fleurs, et même insectes peuvent avoir une signification particulière. Au Québec, l’insecte emblématique est l’amiral blanc. Je sais: vous auriez bien aimé que ce soit le monarque… mais la réalité, c’est qu’on le partage avec le Mexique! L’amiral, lui, il reste ici.
Un fait intéressant sur la chenille et la chrysalide (le cocon) de ce papillon: afin d’éviter de se faire manger par les prédateurs, il a un camouflage bien particulier… il ressemble à… eh bien… une fiente d’oiseaux… Vive l’emblème du Québec (qui n’a peut-être pas été choisie par des biologistes…!)
Lycaenidae
Ou «le p’tit papillon bleu qui disparaît dans le gazon». Ce papillon est comme le morpho bleu, si vastement connu, mais en miniature! Ses ailes sont d’un beau bleu électrique sur le dessus, le faisant miroiter au soleil quand il vole. Mais dès qu’il se pose, il semble devenir invisible, car le dessous de ses ailes est d’un brun ou gris terne et texturé, parfait pour le camouflage. Il vole souvent près du sol, à la recherche de petites fleurs de gazons où boire du nectar ou l’eau de la rosée.
Il y a près d’une trentaine d’espèces de lycaenidae au Québec et si certaines sont bleus, il en existe également des orangés, cuivrés ou noirs. Comme ils sont assez difficiles à identifier au premier coup d’œil, je ne me pose jamais la question à savoir si c’est un azure ou un bleu (je sais, original comme noms pour un papillon… bleu!). Du coup, je me contente de crier leur nom latin quand j’en vois un, avec mon petit accent québécois si charmant: LIQUAÉNIDÉ!!
Anisote de l’érable
Hein? Jamais entendu parlé!
Mais si un jour vous le croisez, vous le reconnaîtrez à coup sûr! Honnêtement, vous connaissez beaucoup d’autres papillons qui ressemblent à de la barbe à papa rose et jaune, vous? Certains individus seront moins colorés et plutôt blancs, ce qui est (entre vous et moi) un peu dommage pour les observateurs.
Chez cette espèce, qui se trouve plutôt dans les forêts de feuillus humides, c’est la femelle qui émet des phéromones pour attirer le mâle. Celui-ci capte l’invitation grâce à ses antennes plumeuses (en peignes).
Le Québec est riche en biodiversité, et cela comprend une variété de papillons à observer cet été. Découvrez 10 espèces fascinantes à chercher, en plus des monarques.Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!