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A-t-on des animaux intelligents au Québec?

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Qu’est-ce qu’un animal intelligent? Un chien, qui peut apprendre à gérer un troupeau de moutons? Un perroquet, capable de répéter ou de résoudre des casses-tête? Un ours, qui dort tout l’hiver sans devoir déneiger sa voiture??? (Avouez que niveau résolution de problème, dormir la moitié de l’année, ça règle la moitié des problèmes!)

La réponse à la question n’est pas simple! Un animal intelligent, est-ce que c’est un animal avec un instinct fort? Un animal innovant? Un animal qui apprend rapidement? À cela je vous répondrai: toutes ces réponses!

Laissez-moi vous expliquer mon point de vue: deux animaux considérés comme intelligents ne seront probablement pas capables de reproduire les prouesses de l’autre espèce. Demandez à une pieuvre de se rappeler les centaines de cachettes de nourriture d’un oiseau, elle risque de manquer de mémoire. Mais offrez un bocal fermé à cet oiseau, il ne pourra sûrement pas réussir à l’ouvrir.

On a aussi tendance à se comparer aux animaux. Vous avez déjà entendu dire que tel ou tel animal a l’intelligence d’un enfant de 3 ans? Qu’est-ce que ça veut dire? Sa logique? Sa mémoire? Son empathie? Sa curiosité?

Ce genre de comparaison est dangereux, car totalement fausse! On appelle cela de l’anthropomorphisme. C’est le fait de prêter à des animaux des émotions ou intentions humaines. Pourquoi c’est dangereux? Parce que je ne me suis jamais fait mordre par un enfant de trois ans, mais par un perroquet, oui! Peut-être qu’il raisonne comme un enfant pour résoudre un problème, mais il n’a pas les mêmes besoins, les mêmes émotions, et certainement pas les mêmes réactions.

Sachant maintenant ceci, je vous propose de découvrir différents animaux considérés «intelligents» au Québec… pour différentes raisons!

Les pros des réserves de nourriture

Au Québec, l’hiver a permis à quelques espèces d’oiseaux de développer une mémoire incroyable. Mais le mécanisme derrière l’est encore plus!

Si la majorité de nos oiseaux fuient l’hiver, certains, comme les mésanges à tête noire et les geais bleus, restent bien actifs et, étonnamment, ne meurent pas de faim. C’est qu’ils passent tout l’été à faire des réserves, à trouver des cachettes et à les mémoriser. Pourquoi pas une seule cachette? Parce qu’il suffirait qu’un autre oiseau la trouve et s’en serait fini pour se nourrir durant l’hiver! Alors combien de cachettes faut-il mémoriser? Chez le geai bleu, on parle de… plusieurs milliers!

Comment se rappeler tout ça? C’est là que ça devient étonnant!

La partie du cerveau responsable de se rappeler ces cachettes se nomme l’hippocampe. Chez ces oiseaux, l’hippocampe grossit de manière saisonnière pour pouvoir mémoriser où la nourriture est cachée en hiver, avant de retrouver une taille plus raisonnable à mesure que les capacités mémorielles sont moins nécessaires.

Il est probable qu’au printemps, ces oiseaux n’aient pas plus de mémoire que vous et moi (façon de parler!), mais l’hiver… Vous voyez, quand je vous dis que l’intelligence, c’est un concept flou!

Garou et Céline ont de la compétition

Les chanteurs les plus impressionnants au Québec selon moi sont ceux… qui vivent sous la surface! Oui, oui! Je vous parle des baleines.

Dans l’estuaire et le golfe du St-Laurent, plusieurs espèces de baleines se chantent des sérénades très complètes. En fait, bien que plusieurs études et plusieurs chercheurs aient enregistré et décortiqué ces chants, on ne sait toujours pas à quoi ils servent pour les cétacés. Moyen de se reconnaître? De communiquer? De séduire? Plusieurs hypothèses sont débattables, mais encore une fois, attention à l’anthropomorphisme!

Quelques sons de baleine, pour le plaisir des oreilles:

Des centaines de sons peuvent être produits sous la surface par les baleines. Chez la baleine à bosse, qui visite le St-Laurent, des chants complexes sont composés par chaque individu. Tout au long de sa vie, la baleine le modifie pour le rendre de plus en plus complexe, et il évolue sans jamais revenir à une version antérieure, ni être identique au chant d’une autre baleine à bosse. La création, ce n’est pas négligeable quand on parle d’intelligence!

L’union fait la force: l’instinct d’une colonie

On fait encore un pas pour s’éloigner de la perception humaine de l’intelligence ici en louant les colonies eusociales de fourmis.

Franchement, Audrey… pousse, mais pousse égal! Une fourmi… C’est pas intelligent!

Non non! Pas UNE fourmi, mais une COLONIE de fourmis.

Où est la différence? Comme chez les abeilles, une colonie peut être pratiquement considérée comme un individu. Il y a plusieurs castes, et chaque individu, qu’il s’agisse d’une ouvrière, d’une reine, ou d’un mâle, n’a d’autre but que de servir la colonie. Pas d’égoïste chez les fourmis: leur fonctionnement social s’effondrerait si certaines ne respectaient pas leur rôle.

On appelle ce mode de vie ultra-altruiste «eusocial». Grâce à cette machine bien huilée, les fourmis arrivent même à élever une autre espèce: les pucerons. Honnêtement, à part les humains qui élèvent les cochons et les poulets, vous en connaissez beaucoup qui ont une assez bonne organisation pour faire ça? Moi, non!

La communication est également impressionnante (et très importante) dans ce genre de colonie. Elles sont capables d’indiquer avec précision l’emplacement d’une nouvelle source de nourriture, ou encore de prévenir d’une menace!

Raton, moufettes et autres éboueurs

On dira bien ce qu’on voudra, l’intelligence, c’est aussi d’avoir une bonne capacité d’adaptation. Quand un nouveau problème se présente à vous, êtes-vous capable de le résoudre rapidement? De trouver plusieurs solutions et de choisir la meilleure?

Par exemple, si vos poubelles se font dévaliser par les animaux, que faites-vous? Vous les déplacez? Changez pour un modèle avec un fermoir? Mettez un élastique? Un épouvantail? Si vous êtes aux prises avec un de ces petits éboueurs à quatre pattes, je suis certaine que cette «course à l’adaptation» doit être assez cocasse à observer et à analyser!

Je vous taquine avec vos problèmes d’indésirables, mais c’est un fait: ces animaux qui vivent dans nos villes sont des petits futés. La forêt où ils vivaient, le lac où ils chassaient a été détruit ou envahit d’humains? Deux possibilités s’offrent: fuir, ou s’adapter. Il n’est pas toujours facile de trouver un nouvel endroit où vivre puisque la forêt voisine… a déjà des occupants. Qu’à cela ne tienne, les humains ont des restants de table et des dessous de cabanon pour tout le monde! Alors, qui est le plus brillant? Le rat qui s’est installé dans nos égouts, l’écureuil qui traîne près des cours d’écoles le midi, ou le goéland qui tourne autour d’un gros M jaune? 😉

L’utilisation d’outils, sans quincaillerie

Le fait d’utiliser une roche ou une branche pour trouver de la nourriture ou un abri a longtemps été considéré comme une preuve d’intelligence. Après tout, nous, les humains, avons pu évoluer en ce que nous sommes à l’aide d’outils! On chasse avec des bâtons, on allume des feux avec des roches, et puis boum! On a des voitures!

Les animaux en sont certes encore au stade d’utiliser des branches et des roches, mais leur débrouillardise est quand même notable! Castors et oiseaux bâtissent leur hutte et nids à l’aide de matériaux trouvés en nature comme des branches, de la boue et de l’herbe. Certains oiseaux mettent même des herbes aromatiques dans leurs nids pour éloigner les parasites, et d’autres arrivent même à sortir les insectes des trous dans les arbres grâce à des brindilles. Admirez ce vidéo:

Les loutres de mer qui vivent dans le Pacifique (elles ne sont pas au Québec, nous avons des loutres de rivière ici, mais je me permets de les mentionner quand même!) utilisent des roches pour briser la coquille des mollusques dont elles se nourrissent… Bref, plusieurs usages possibles aux outils de la nature!

Bref, y a-t-il un animal vraiment supérieur aux autres, au niveau de l’intelligence? Non! Tout est situationnel, et heureusement, nous commençons à le comprendre lorsque nous faisons des études sur le sujet. La mémoire, la création, la résolution de problèmes, les relations sociales, même la sensibilité des sens pourrait être un critère d’intelligence. La nature est un endroit plein de merveilles et de diversité!



L'intelligence ne se limite pas aux humains. Voici les animaux du Québec qui nous le prouvent!
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Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

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