Grâce à Hollywood, tout le monde connait bien l’histoire du Titanic. Avec un bilan de plus de 1500 morts et des circonstances particulières entourant son naufrage, cette catastrophe maritime majeure a inspiré plusieurs œuvres littéraires et cinématographiques.
N.D.L.R. On peut ajouter à ce bilan, les cinq touristes excentriques qui ont tenté d’aller visiter l’épave à bord d’un petit sous-marin de l’entreprise OceanGate en juin 2023.
Pourtant, à peine deux ans après la tragédie du Titanic, un autre transatlantique sombre dans les eaux froides de l’Amérique du Nord.
Des navires jumeaux
Les 11 novembre 1905 et 27 janvier 1906, l’armateur Canadian Pacific Railways (CPR), lance successivement l’Empress of Britain et l’Empress of Ireland.
Les deux navires assurent la liaison entre Liverpool et Québec. Dès leurs premières traversées, les navires jumeaux battent des records de vitesse, ce qui les rend vite célèbres. Modernes, luxueux, et rapides, ces deux transatlantiques flambants neufs connaissent tout un début de carrière. L’Empress of Britain remplira sa mission jusqu’en 1922. L’histoire de l’Empress of Ireland prendra cependant un tournant funeste en 1914.
Collision fatale
Vers 16h30, le 28 mai 1914, l’Empress of Ireland quitte le port de Québec pour entreprendre sa 192e traversée de l’Atlantique. Le paquebot transporte 1 477 passagers. Le lendemain, le navire s’arrête brièvement à Pointe-au-Père pour débarquer le pilote qui a pour tâche de diriger les grands bâtiments dans les eaux dangereuses du Fleuve St-Laurent.
L’Empress of Ireland reprend la mer la nuit-même pour se rendre à sa destination finale, Liverpool en Angleterre.
Plus loin à l’est, le navire norvégien Storstad remonte le Fleuve en direction inverse. Il doit se rendre à Montréal pour décharger sa lourde cargaison de charbon. Les deux navires longent la rive au large du village de Ste-Luce, tout près de Rimouski.
Le commandant nouvellement affecté à l’Empress of Ireland, Henry Kendall, aperçoit le Storstad à une distance de 8 milles dans la nuit. Cependant, il le perd de vue lorsque les deux bateaux sont enveloppés d’une de nappe de brume qui se forme soudainement. Les deux bâtiments naviguent à l’aveugle en tentant de deviner la position et la vitesse de l’autre. Le commandant Kendall repère le mât du charbonnier qui émerge de la brume. Il se dirige directement sur l’Empress of Ireland. Le transatlantique canadien tente vainement une manœuvre pour amortir l’impact imminent, mais le Storstad perce son flanc à tribord.
De son côté, le commandant norvégien avait eu le réflexe d’engager la marche arrière en voyant que son cargo fonçait sur l’immense paquebot. Cette décision qui semble juste, a malheureusement aggravé le problème. Lorsque la proue du Storstad a pénétré la coque de l’Empress of Ireland, la marche arrière toujours enclenchée l’a fait s’en retirer aussitôt comme le bouchon d’une bouteille. Cela a créé une ouverture béante dans laquelle l’eau s’est engouffré à une vitesse catastrophique.
Le paquebot a d’abord gité sur tribord pour ensuite chavirer complètement. La plupart des passagers n’ont guère eu le temps de fuir à bord des canots de sauvetage.
L’Empress of Ireland a sombré en moins de 15 minutes.
Seulement cinq ou six canots ont pu être utilisés. La majorité des passagers se sont retrouvés dans les eaux glaciales du Fleuve St-Laurent qui ne dépassent pas les 4 degrés Celsius.
Sur les 1 477 passagers, seulement 465 ont survécu. Le triste bilan de 1 012 victimes fait de ce naufrage, le pire de l’histoire du Canada.
La compagnie Canadien-Pacific fit appel à des scaphandriers pour percer la coque du navire coulé afin de récupérer des marchandises précieuses, dont 200 lingots d’argent.
Quant au Storstad, il fut finalement renfloué et vendu. Il poursuivit sa carrière avant de finir torpillé au nord de l’Irlande, par le sous-marin allemand U-62 le 8 mars 1917.
Un événement historique reconnu
L’histoire de ce naufrage sombra un peu dans l’oubli car peu après cette catastrophe, le monde s’enfonçait dans une horrible période de l’histoire de l’humanité : La Grande Guerre (Première Guerre Mondiale).
On redécouvrit l’Empress of Ireland en 1968 au large de Ste-Luce, à l’est de Rimouski. Pour éviter le pillage du site par d’éventuels touristes à la recherche d’artéfacts, l’épave du RMS Empress of Ireland fut classée comme un bien historique et archéologique le 15 avril 1999. Finalement, on reconnaît la valeur patrimoniale du site en le désignant sous le nom officiel de « Lieu historique national du Canada de l’Épave-du-RMS-Empress-of-Ireland ».
Découvrez l'histoire tragique de l'épave qui gît au fond du Fleuve St-Laurent depuis plus d'un siècle.Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!