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Grand dérangement : la déportation des Acadiens

Le Grand Dérangement expliqué : L'histoire douloureuse de la déportation des Acadiens

La déportation des Acadiens, surnommée le Grand dérangement, s’inscrit dans le déroulement de la guerre de Sept ans entre la France et ses alliés et la Grande-Bretagne et ses alliés. Le conflit fait également rage sur le Nouveau continent, notamment, en Nouvelle-France.

Dans le cadre du traité d’Utrech en 1713, la France cède le territoire de l’Acadie à la Grande-Bretagne tout en conservant l’ile Royale (Cap Breton). Les Anglais renomment le territoire acquis « Nouvelle-Écosse ».

Les Acadiens, maintenant sous l’autorité britannique, refusent de prêter serment d’allégeance au roi de la Grande-Bretagne. Tout au plus, ils acceptent de prononcer un serment de neutralité dans le conflit franco-britannique. Les hostilités reprennent entre les deux royaumes alors que la France construit la forteresse Louisbourg sur l’île du Cap Breton et le fort Beauséjour. En réaction, les Anglais établissent une base navale à Halifax et le fort Lawrence.

De 1713 à 1755, la population acadienne augmente considérablement et de nombreux colons britanniques convoitent les terres acadiennes. Les autorités britanniques songent à déporter la population acadienne qui s’élève à 13 000 personnes, alors qu’ils parviennent à prendre plusieurs forts français de la péninsule dont le fort Beauséjour et le fort Gaspareaux. Ils s’emploient à confisquer les armes des acadiens dont l’allégeance ne leur est pas acquise. Quelques centaines d’Acadiens ont notamment combattu pour le camp français au sein de milices. Pour l’empire, les acadiens sont problématiques en raison de leur refus de se soumettre et parce qu’ils occupent les meilleures terres de la région que l’on veut octroyer à des colons anglais. De plus, les Acadiens sont catholiques, alors que les Anglais comptent établir une colonie protestante et anglophone.

Le 28 juillet 1755, le gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Charles Lawrence, donne l’ordre à ses commandants d’encercler les églises un dimanche matin pour capturer les hommes acadiens. L’armée confisque les bateaux acadiens pour les empêcher de fuir et s’empare du bétail et des réserves de céréales afin qu’ils n’aient plus les moyens de subsister. Ils détruisent par le feu les maisons et villages pour les rendre inhabitables. La société acadienne est proprement détruite.

On entame la déportation de la population sans égard pour les familles qui sont séparées dans l’indifférence des Anglais. On les envoie dans plusieurs colonies éloignées les unes des autres. Plusieurs centaines d’Acadiens périssent dans les bateaux de déportation en raison des conditions misérables du voyage. Plus de 10 000 Acadiens sont ainsi déportés de force, arrachés à leur patrie.

La plupart se retrouvent dans des colonies anglaises, d’autres en France ou dans les Caraïbes. Les habitants des colonies où ont été envoyés les Acadiens n’ont pas été avisés de l’arrivée de tous ces gens et n’acceptent pas de les accueillir dans leur communauté. Nombre d’Acadiens, désormais réfugiés, sont contraints d’errer à la recherche d’un nouveau foyer comme dans le poème épique en langue anglaise Évangéline de Henry W. Longfellow. Ce célèbre poème fut traduit en français plus tard et adapté en chanson par le français Michel Conte et la chanteuse Abitibienne Isabelle Pierre.

Voici une magnifique interprétation par l’Acadienne Marie-Jo Thério :

Plusieurs Acadiens se regroupent d’eux-mêmes en Louisiane où l’on parle français. Ils donnent ainsi naissance à la culture Cajun. Le nom qu’on leur donne « les Cajuns » est une déformation anglaise de « les Cadiens ». Cette culture est encore bien vivante dans le sud de la Louisiane où l’on perpétue des traditions acadiennes comme « Courir le Mardi Gras ».

Après la signature du traité de Paris qui met fin à la guerre de Sept ans en 1763, certains Acadiens exilés de force tentent de revenir au bercail. Une fois sur place, ils réalisent que plus de 8 000 colons Anglais ont pris leur place. Les Acadiens s’installent tout de même dans ce qui est aujourd’hui, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et les Îles-de-la-Madeleine.

Beaucoup de temps a passé depuis le Grand dérangement quand en 2004, un juge de la Cour suprême du Canada, l’Acadien Michel Bastarache a fait valoir que la déportation était illégale parce qu’elle n’a pas été entérinée par une Assemblée dûment constituée et que la Common Law n’a pas été introduite correctement.

Les États-Unis ont reconnu les souffrances du peuple Acadien dans une résolution qui fut adoptée à la Chambre des Représentants.

À ce jour, Londres refuse toujours de présenter des excuses au peuple Acadien pour ce que l’empire Britannique lui a fait subir. Même si la déportation est aujourd’hui considéré par plusieurs comme un crime contre l’Humanité, voire une tentative de génocide.

La culture acadienne est aujourd’hui plus vivante que jamais et sa musique est bien présente grâce à des artistes comme le groupe 1755 dont le nom fait référence à l’année du début du Grand dérangement, Marie-Jo thério, le légendaire Cayouche et le groupe madelinot Salebarbes.



En 1755, un général britannique ordonne la déportation des Acadiens. Malgré cette épreuve, le peuple acadien est plus vivant que jamais !
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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