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L’effondrement catastrophique du pont Duplessis

Un gouvernement corrompu... ça fait pas des ponts forts-forts !

Le pont Duplessis, situé à Trois-Rivières, est construit en 1948 en l’honneur de Nérée Duplessis, père de Maurice Duplessis, alors premier ministre du Québec. Ce pont, qui traverse la rivière Saint-Maurice, est emprunté régulièrement et est essentiel pour la région.

Le premier ministre Maurice Duplessis lors de l’inauguration du pont dédié à son père le 6 juin 1948

Toutefois, la structure ne résiste pas à l’épreuve du temps.  Dans la nuit du 31 janvier 1951, alors que des automobilistes empruntent le pont comme à l’habitude, une partie centrale du pont cède, précipitant les véhicules et leurs occupants dans la rivière Saint-Maurice. Au moins quatre personnes trouvent la mort dans les eaux glaciales.

Aussitôt, une enquête est ouverte pour déterminer les causes de l’effondrement. Les experts en ingénierie identifient des problèmes structurels majeurs. Des défauts dans la conception initiale, des matériaux de qualité inférieure et un entretien inadéquat sont pointés du doigt. En effet, des fissures avaient été détectée en février et en mars de l’année précédente. À cela s’ajoute une surcharge causée par des véhicules lourds qui fragilisent davantage la structure dont l’acier bon marché est affaibli par le froid. Certains soupçons de corruption et de favoritisme dans l’attribution des contrats de construction alimentent les discussions, renforçant l’idée que des choix politiques ont pu compromettre la sécurité du pont. Cette hypothèse concorde avec les façons de faire du gouvernement corrompu de l’époque.

Instrumentalisation

La catastrophe ne tarde pas à être instrumentalisée à des fins politiques. Maurice Duplessis, premier ministre au moment du drame, déclare que l’incident est le résultat d’un acte de sabotage perpétré par des communistes ayant pour but de discréditer son gouvernement. Évidemment, cette hypothèse ne repose sur aucune preuve. Duplessis a simplement saisi l’occasion d’inventer cette théorie de complot pour fomenter la peur rouge (peur des communistes), un peu comme le fait le président américain Donald Trump de nos jours. Les communistes sont sa cible favorite et il a l’habitude de les démoniser, même si leur influence est plutôt marginale dans la société québécoise.

Des fils qui avaient été installés par la compagnie de téléphone Bell sont interprétés à tort comme des preuves de l’usage d’un détonateur, ce qui alimente le mythe de l’acte terroriste de supposés communistes.

En réaction, ses opposants politiques ne manquent pas de critiquer sa gestion des projets d’infrastructure, l’accusant de favoriser des entreprises proches de son réseau politique au détriment de la sécurité publique. Certains vont même jusqu’à déclarer que le gouvernement Duplessis va s’effondrer comme le pont du même nom !

Pour en savoir plus sur Maurice Duplessis : https://quebecblogue.com/grande-noirceur-les-annees-duplessis/

Des solutions temporaires

Après l’effondrement, des mesures temporaires sont mises en place pour rétablir la circulation. Un pont de type militaire est construit rapidement pour permettre aux véhicules de traverser la rivière Saint-Maurice. Bien que rudimentaire, cette solution permet de rétablir la circulation entre Trois-Rivières et Cap-de-la-Madeleine. Un traversier, le Bienville, complète la liaison en reliant les deux rives ainsi qu’une passerelle de bois disposée sur la glace en hiver.

L’événement provoque également un examen approfondi des infrastructures à l’échelle provinciale. Des règles plus strictes en matière de construction et d’entretien des ponts sont adoptées, avec une surveillance accrue pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.

Dans les années qui suivent, un nouveau pont est conçu pour remplacer le pont Duplessis effondré. Ce nouveau lien, inauguré en 1953, est construit avec des matériaux de meilleure qualité et est renforcé par quatre solides poutres d’acier au lieu des deux sur le pont original.

Une leçon historique

Le pont Duplessis de nos jours

L’effondrement du pont Duplessis illustre les conséquences potentiellement tragiques d’une mauvaise gestion des infrastructures publiques. Elle montre aussi ce qui arrive quand un gouvernement est plus intéressé à remercier ses contributeurs à la caisse électorale qu’à mettre la sécurité publique en priorité.



Un contrat donné sans appel d'offre, des matériaux de qualité inférieure et un entretien inadéquat ont mené à une catastrophe.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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