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MK-Ultra : Des expériences médicales inhumaines à Montréal

Les expériences terrifiantes de MK-Ultra : Une page sombre de l'histoire de Montréal 🧪

Lorsqu’on pense à des expériences médicales immorales et inhumaines, on associe le plus souvent ce genre de pratiques à l’Allemagne nazie. Cependant, il n’y a pas que le Troisième Reich qui s’est rendu coupable de ce genre de crimes. Cela a aussi eu lieu aux États-Unis et Canada. Notamment à Montréal à l’Institut Allan Memorial entre 1957 et 1964. Ces expériences controversées, dirigées par le psychiatre Donald Ewen Cameron et financées en partie par la CIA américaine et très probablement le gouvernement canadien, se déroulaient dans le cadre du programme MK-Ultra.

Initialement présentées comme des recherches sur la schizophrénie, ces expériences cachaient un but politique, voire militaire.

L’Institut Allan Memorial

Dans le contexte de la Guerre froide, les États-Unis ont développé un vif intérêt pour la manipulation mentale, craignant que leurs ennemis n’utilisent de telles techniques contre eux. Ils croyaient que la Corée du Nord, la Chine et la Russie avaient développé une expertise dans le domaine. Par peur d’être devancés par leurs ennemis communistes, ils ont lancé des expériences pour combler le retard qu’ils croyaient avoir.

Donald Ewen Cameron, un psychiatre renommé, a été chargé de diriger l’Institut Allan Memorial, où il a développé des méthodes radicales de « déprogrammation » et de « conduite psychique » visant à remodeler l’identité des patients.

Les expériences comprenaient des traitements brutaux qui ont souvent entraîné des traumatismes mentaux et physiques graves, comme une amnésie rétrograde et une perte de l’identité personnelle.

Dans le cadre de la « conduite psychique », on plonge certains patients dans un coma artificiel à l’aide de médicaments pour une durée aussi longue que 86 jours. On administre des doses massives de drogues psychotropes telles que le LSD aux patients. On leur fait subir des électrochocs 75 fois plus intenses que dans la pratique normale. Certains patients ont dû endurer les drogues et les électrochocs en même temps.

On soumet les cobayes à un lavage de cerveau intensif. On les force à entendre des messages diffusés en boucle durant plusieurs jours. Certains sont négatifs, d’autres sont positifs. On leur impose l’écoute de chacun de ces messages qui sont répétés plus de 100 000 fois sans que les patients puissent s’en échapper ou bénéficier d’un répit. Ce genre de lavage de cerveau s’apparente à celui que l’on peut voir dans le classique de fiction de Stanley Kubrick A Clockwork Orange (Orange Mécanique). Cependant, pour les cobayes de MK-Ultra, cette torture est bien réelle.

Une célèbre scène du film A Clockwork Orange

Au cours de ses horribles expériences, le docteur Cameron utilise également la privation des sens comme la vue, l’odorat et l’ouïe. Il limite l’accès à la nourriture et à l’eau, il bourre ses cobayes de sédatifs. Son but est de placer ses patients dans une situation de vulnérabilité extrême. Après quelques temps, ils sont incapables de marcher ou même de tenir debout. Certains deviennent incontinents durant l’expérience.

À la suite de leurs traitements, plusieurs patients souffrent d’amnésie rétrograde, c’est-à-dire qu’ils perdent accès à leurs souvenir antérieurs à leur séjour à l’institut Allen Memorial. Des patients ne reconnaissent plus leurs propres enfants et oublient tout ce qu’il savaient faire.

Le directeur de la CIA de l’époque ordonne la destruction des dossiers liés à l’expérience MK-Ultra de Montréal en 1973. Toutefois, on apprend, en 1977, que certains dossiers ont échappé à la destruction. C’est grâce à ces derniers que les liens entre la CIA et le docteur Cameron ont pu être confirmés. On estime aussi que le gouvernement du Canada aurait versé plus d’un demi-million de dollars en financement à Cameron.

C’est le journaliste Seymour Hersh qui dévoilera les activités illégales de la CIA dans les années 70.  Toutefois, ce n’est qu’en 2007 que le public apprend les détails des expériences horribles de MK-Ultra.

Des expériences similaires ont été menées ailleurs au Canada, illustrant l’étendue des violations éthiques dans la recherche médicale de l’époque. Beaucoup de membres des Premières Nations en ont notamment été victimes.

De plus, ces expériences ont été menées sans le consentement des patients, en violation flagrante de l’éthique médicale et des droits de l’homme. Pire encore, les familles des patients ont été tenues dans l’ignorance des véritables méthodes utilisées, et les dossiers médicaux ont été retenus, rendant le suivi médical impossible.

En dépit des révélations publiques dans les années 1970 et des excuses officielles des États-Unis en 1984, ni la CIA ni le gouvernement canadien n’ont pleinement assumé la responsabilité de ces expériences. Les victimes et leurs familles ont tenté d’obtenir des réparations, mais ont souvent été confrontées à des obstacles juridiques ou à des accords de confidentialité stricts.

Des victimes et leurs familles demandent des excuses et des compensations au gouvernement canadien

À ce jour, l’absence d’excuses et de compensations appropriées de la part des autorités responsables du Canada et de la CIA laisse la plupart des victimes et leurs familles sans réparation et l’impunité de ces crimes exacerbe le sentiment d’injustice justifié chez les victimes.

Rappelons que les expériences dans le cadre de MK-Ultra sont en infraction du code de Nuremberg mis sur pied après la Deuxième Guerre mondiale à la suite des expériences médicales des Nazis.



Lavage de cerveau, manipulation mentale, torture et expériences médicales immorales... ces expériences ont eu lieu, ici-même au Québec...
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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