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Qui était Jeanne Mance ?

Portrait d'une pionnière de la Nouvelle-France

Jeanne Mance, première infirmière laïque d’Amérique, est d’abord connue pour avoir fondé l’Hôtel-Dieu, le premier hôpital de la colonie. Depuis peu, elle est désormais aussi reconnue pour avoir cofondé Montréal avec Paul de Chomedey de Maisonneuve. Son dévouement, sa ténacité et sa compétence font d’elle une véritable pionnière de la Nouvelle-France.

Une jeunesse marquée par la foi et la fragilité

Jeanne Mance naît le 12 novembre 1606 à Langres, en France, au sein d’une famille bourgeoise profondément religieuse. Elle est la deuxième de douze enfants et grandit dans un environnement où la foi chrétienne et le devoir envers autrui occupent une place centrale. Sa jeunesse est marquée par une santé fragile, mais aussi par une grande détermination. Dès son plus jeune âge, elle ressent un profond désir de se consacrer aux autres.

La guerre de Trente Ans a ravagé l’Europe du 23 mai 1618 au 24 octobre 1648

Alors que plusieurs de ses contemporaines choisissent la vie monastique, Jeanne, elle, aspire à une vocation différente : celle du soin aux malades et de l’aide aux démunis. Inspirée par la Contre-Réforme et les mouvements missionnaires qui se développent en France, elle se forme aux soins infirmiers et se met au service des malades pendant la guerre de Trente Ans. C’est à cette époque qu’elle découvre sa véritable vocation et que germe en elle l’idée d’un engagement encore plus grand.

Le Nouveau Monde

Au début des années 1640, la Nouvelle-France attire de nombreux missionnaires et colons désireux d’évangéliser les populations autochtones et de bâtir une société chrétienne idéale. Jeanne Mance fait alors la rencontre d’Angélique de Bullion, une femme fortunée et profondément religieuse, qui cherche à financer une œuvre charitable en Amérique. Grâce à ce soutien, Jeanne décide de se joindre à l’expédition menée par la Société de Notre-Dame de Montréal, dont l’objectif est de fonder une nouvelle colonie dédiée à la foi chrétienne.

Paul de Chomedey de Maisonneuve, Jeanne Mance et des colons

En mai 1641, elle embarque pour la Nouvelle-France avec Paul de Chomedey de Maisonneuve et un petit groupe de colons. Après un difficile voyage transatlantique, elle arrive à Québec, où elle passe l’hiver avant de remonter le fleuve Saint-Laurent au printemps suivant. Le 17 mai 1642, elle pose enfin le pied sur l’île de Montréal et participe à la fondation officielle de Ville-Marie, future Montréal.

La fondation de l’Hôtel-Dieu

Dès son arrivée, Jeanne Mance comprend l’ampleur des défis qui l’attendent. Ville-Marie n’est alors qu’un poste avancé entouré d’une nature hostile et soumis aux attaques des Iroquois. Les conditions de vie sont rudes, et les maladies frappent durement les colons. Consciente de la nécessité d’un établissement de soins, elle consacre les fonds confiés par Angélique de Bullion à la construction de l’Hôtel-Dieu, le premier hôpital de Montréal.

Hôtel-Dieu de Montréal

En 1645, l’Hôtel-Dieu ouvre ses portes et devient un refuge pour les malades, les blessés et les nécessiteux. Jeanne Mance s’y dévoue sans relâche, soignant les colons, mais aussi les Autochtones qu’elle accueille sans distinction. Son engagement impressionne tous ceux qui la côtoient : malgré sa santé fragile, elle travaille sans relâche, administrant l’hôpital et recherchant constamment des fonds pour assurer sa pérennité.

L’Hôtel-dieu aujourd’hui

En 1653, un grave accident la contraint à retourner en France pour se faire soigner. Mais loin de se reposer, elle profite de ce voyage pour convaincre de nouveaux colons et obtenir du financement supplémentaire pour Ville-Marie. Elle revient à Montréal avec une centaine de nouveaux habitants et les ressources nécessaires pour renforcer la colonie.

Une administratrice hors pair et une femme de tête

Si Jeanne Mance est avant tout reconnue pour son travail auprès des malades, elle joue aussi un rôle clé dans l’administration de Ville-Marie. En l’absence de Maisonneuve, reparti en France à plusieurs reprises, elle prend en charge la gestion des affaires locales et veille au bon développement de la colonie. Elle s’impose comme une femme de tête, respectée tant par les colons que par les autorités françaises.

Elle veille également à ce que l’Hôtel-Dieu reste une institution stable et bien gérée. En 1659, elle fait venir les Hospitalières de Saint-Joseph, une congrégation religieuse spécialisée dans les soins de santé, afin d’assurer la continuité de l’hôpital après sa mort. Ce choix démontre son sens aigu de l’organisation et son souci du long terme.

La fin d’une vie de dévouement

Les années passant, la santé de Jeanne Mance décline, affaiblie par des années de labeur et de sacrifices. Elle s’éteint le 18 juin 1673 à Montréal, à l’âge de 66 ans. Avant de mourir, elle rédige un testament dans lequel elle confie officiellement l’Hôtel-Dieu aux Hospitalières, assurant ainsi la pérennité de son œuvre.

Son décès marque la fin d’une époque, mais son héritage perdure. Ville-Marie, qu’elle a contribué à fonder et à protéger, continue de croître et devient progressivement l’une des villes les plus importantes de la Nouvelle-France.

Une reconnaissance tardive

Pendant longtemps, le rôle de Jeanne Mance dans la fondation de Montréal est éclipsé par celui de Paul de Chomedey de Maisonneuve. Pourtant, son apport est indéniable, et de nombreux historiens reconnaissent aujourd’hui qu’elle est, à juste titre, l’une des véritables cofondatrices de la ville.

En 2014, le pape François reconnaît officiellement ses « vertus héroïques »,, une étape clé vers sa béatification. Cette reconnaissance témoigne du caractère exceptionnel de sa vie et de son engagement au service des autres.

Son nom est aujourd’hui immortalisé à travers divers monuments, rues et institutions. L’Hôtel-Dieu de Montréal, bien qu’ayant évolué au fil des siècles, est toujours en fonction. Le parc Jeanne-Mance, situé au pied du mont Royal, rend hommage à Jeanne Mance et soulige son rôle essentiel dans la fondation de la ville. Cela nous rappelle aussi que le Québec n’a pas que des bâtisseurs mais aussi des bâtisseuses, trop souvent oubliées par l’Histoire.



Grâce à son courage, sa ténacité et sa générosité, Jeanne Mance est devenue une héroïne de la Nouvelle-France.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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