Accueil » Geek » Nature et vie sauvage » Démystifier l’opossum : 5 mythes communs sur ce nouvel arrivant au Québec

Démystifier l’opossum : 5 mythes communs sur ce nouvel arrivant au Québec

L'opossum au Québec : 5 mythes débunkés sur ce nouvel arrivant surprenant 🐾❓

Mais qu’est-ce donc que cette bestiole étrange? Elle ne ressemble à rien qu’on connait au Québec, et pourtant il faudra se faire une raison: c’est bel et bien ici, dans notre belle province, que vous pourriez croiser l’opossum de Virginie!

Plusieurs fausses croyances circulent sur cet animal plutôt nouveau dans la région et comme il y en a de plus en plus, il faut arrêter d’un parler comme d’un croque-mitaine et apprendre à interagir avec eux. Alors sans plus attendre, je vous présente 5 mythes totalement faux qui entourent cet animal fascinant qu’est l’opossum de Virginie, aussi appelé opossum d’Amérique.

1. C’est notre meilleur atout contre la maladie de Lyme, car il dévore des quantités de tiques

Malheureusement, c’est faux.

Il y a quelques années, une étude a laissé entendre que l’opossum de Virginie était un grand prédateur de tiques et la reprise de l’information a fini par dénaturer totalement les propos de l’étude en question. En fait, l’opossum passe beaucoup de temps à se toiletter, ce qui permet, lorsqu’il a des tiques, de les remarquer et retirer rapidement.

C’est tout!

En plus, l’étude ayant été menée en captivité, il y a fort à parier que les opossums se toilettaient encore plus que ceux vivant en nature….

Tout cela pour dire que oui, l’opossum mange des tiques, mais il n’est pas un prédateur de tiques, loin de là.

Un bon point à lui accorder, c’est que s’il n’est pas un élément de lutte contre la maladie de Lyme, il n’est pas non plus un propagateur de tiques. En fait, son habitude de retirer rapidement les tiques permettent rarement à celles-ci de compléter leur cycle de vie et de pondre, ou de propager la maladie de Lyme. Opossum: 1. Cerf: 0!

2. C’est un animal immunisé contre la rage et on peut le toucher sans problème

Les seuls animaux immunisés sont ceux qui ont été vaccinés (par injection ou comprimé oral). Un opossum sauvage peut donc contracter la rage et la transmettre par morsure. Il ne faut pas, je répète: IL NE FAUT PAS toucher d’animal sauvage, contentez-vous de les observer de loin en respectant leur espace.

Bien que les opossums ne soient pas de grands porteurs de rage, il est conseillé de se rendre dans un établissement de santé en cas de morsure. Même si c’est une petite morsure, même si ce n’était qu’un bébé, même si… La rage, c’est mortel, on ne sensibilisera jamais assez les gens à ce sujet: un mammifère vous mord: HÔPITAL!

3. Donc, c’est très agressif; c’est comme un raton-laveur, mais avec une queue dégueue

Celle-là, elle me fait rire à chaque fois! C’est vrai, et pas vrai… Je m’explique: tous les animaux sauvages ont un côté «agressif». Ils défendent leur territoire, leurs bébés, leur vie! Mais l’opossum est plutôt du genre peureux. S’il n’a rien d’important à défendre, il va se sauver… contrairement au raton-laveur qui va farouchement garder le restant de spaghetti qu’il a trouvé dans votre poubelle!

Mais s’il ne peut pas se sauver? Il attaque? Eh bien… non. L’opossum qui voit qu’il n’arrive pas à intimider la menace en ouvrant grand sa gueule et en crachant va utiliser un moyen de défense tout à fait spectaculaire: il fait le mort!

Quoi? Comme dans «Pow pow, fais le mort! Bravo Fido!» ?

Ouais. Exactement.

L’opossum devient mou et complètement immobile et feint d’être mort. Il attend que le danger soit écarté et se relève, comme si rien n’était.

Pourquoi? Parce que les prédateurs ne mangent pas d’animal mort de manière «louche». Est-il mort d’un empoisonnement? D’une maladie? Dans le doute, le prédateur ira trouver une autre proie, bien vivante et en santé pour se nourrir.

Pardonnez-moi la qualité de cette vidéo, mais c’est la seule que j’aie trouvée montrant vraiment une attaque du début à la fin. Quel acteur cet animal! Même dans les situations les moins… disons confortables!

Pour ce qui est de la queue, sachez que les opossums s’en servent comme d’une cinquième main; elle leur permet de s’accrocher pour garder leur équilibre. Imaginez-vous essayer de grimper une échelle avec de la fourrure dans la paume des mains: ça glisserait. C’est une des raisons qui explique la queue nue des opossums: pour mieux s’accrocher.

Certaines espèces peuvent se suspendre aux arbres seulement avec la queue, mais ce n’est pas le cas de l’opossum de Virginie; il est un peu trop gros pour ça!

4. Les opossums viennent tous d’Australie

Il est vrai que les opossums sont des marsupiaux et que ceux-ci vivent presque tous en Australie. Un marsupial est un mammifère (un animal poilu qui donne du lait à ses bébés) qui donne naissance à des petits minuscules. Ils s’appellent des joey et ne sont pas encore développés. Ceux-ci terminent leur croissance dans la poche ventrale de la mère, ou dans un pli de peau au niveau de la cuisse. Ils y restent de quelques semaines à quelques mois.

Tout de suite, vous avez pensé : kangourou!! Alors pour le plaisir des yeux, voici l’intérieur de la poche d’un petit kangourou, le wallaby, avec un petit dit «joey».

Photo: Léodras

Pas si mignon hein! Si vous ne comprenez pas la photo, c’est normal: le petit n’a pas fini de se former! Sa tête est en haut de l’image (on voit un peu qu’il a une mamelle dans la bouche). Sa longue queue de kangourou et ses pattes adaptées aux sauts est en bas. Il a la grosseur d’un Jellybean. Vous parlez d’un accouchement facile!

En Australie, les mammifères sont quasiment tous des marsupiaux. Cependant, il n’y a pas d’opossum en Australie!!

Ne me lancez pas de roches tout de suite, je vous explique: l’opossum d’Amérique fait partie d’une famille nommée Didelphidae. En opo(ssum)sition, un autre groupe a colonisé l’Australie: les Phalangeriformes, qui regroupe plusieurs familles: les phalangers, les couscous, les acrobates, et autres animaux qu’on ne connait pas vraiment. En français, il n’y a pas de nom pour désigner ce groupe, mais en anglais, et c’est de là qu’arrive toute la confusion, on appelle les Phalangeriformes des «possums».

Ouais. Je sais…

Voici quelques «possums» australiens:

Tout ça pour dire que les opossums sont bel et bien des marsupiaux d’ici. Ce sont pratiquement les seuls marsupiaux d’Amérique et il en existe moins d’une centaine d’espèces, surtout en Amérique du Sud.

Je vous montre quelques espèces qui vivent plus au sud que notre opossum d’Amérique, question de parité.

Regardez la ressemblance avec les cousins australiens: on comprend d’où vient la confusion!

5. C’est une espèce qui va envahir le Québec et détruire les écosystèmes

Pas du tout, au contraire!

Il y a plusieurs espèces d’opossum en Amérique du Sud. L’opossum de Virginie est le seul qui s’aventure au nord du Mexique et il occupe maintenant une bonne partie de l’Amérique du Nord. Il n’aime pas particulièrement le froid, mais avec les changements climatiques, les hivers Québécois sont de moins en moins rigoureux, ce qui permet à plusieurs espèces de migrer lentement, mais surement, vers notre pays nordique. Parmi ces espèces, il y a beaucoup de proies (comme des insectes ou petits oiseaux) et il est important d’avoir aussi un ou deux prédateurs parmi ces nouveaux arrivants. Sans eux, il serait possible que les écosystèmes soient déséquilibrés.

Vous savez, les espèces animales ou végétales ont toujours migré et cherché à coloniser de nouveaux territoires. C’est tout à fait normal que notre environnement change! Il faut seulement que ça se fasse progressivement, et en équilibre. C’est pourquoi introduire un nouvel animal peut être catastrophique pour la nature, alors que lorsque ça se fait «tout seul», c’est correct, et même bénéfique!

J’en reviens à notre opossum; quel sera son rôle?

C’est un généraliste opportuniste qui se nourrit… eh bien d’à peu près tout. Insectes et petits animaux, charognes, petits fruits, restes de pizza, boîte comprise! Un peu à la manière d’un rat ou d’un raton laveur, il mange ce qu’il trouve. C’est un éboueur de la nature! Et comme il a de la compétition dans ce domaine, il ne risque pas de nous «envahir», mais plutôt de s’installer à côté du raton dans l’ordre des choses.



Saviez-vous que l'opossum a fait son apparition au Québec? Voici 5 mythes surprenants à son sujet
Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!
Moyenne de 5 sur 13 votes

Photo de profil de Audrey Martel

Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

On veut votre avis sur ce contenu québécois