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Des papes « pas catholiques » – Partie 1

Les papes les plus rebelles de l'histoire de l'Église catholique - Partie 1

Même si la religion catholique est encore bien présente et pratiquée de nos jours, la fonction de pape a perdu une part de son prestige au cours des dernières décennies. Cependant, cette position unique a longtemps été assortie d’un important pouvoir politique et donnait accès à une richesse impressionnante.

Pour ces raisons, le trône papal a toujours fait l’objet d’une grande convoitise.

Selon les croyances catholiques, le pape est moralement infaillible, puisqu’il est le représentant de Dieu sur Terre. Ses décisions sont censées incarner la volonté divine, et la façon dont il mène sa vie doit ainsi refléter les enseignements du Christ.

Attardons-nous à cette moralité infaillible des papes en nous intéressant à quelques-uns d’entre eux…

Alexandre VI – le chaud lapin

Le pape Alexandre VI

Rodrigo Borgia appartient à la célèbre famille qui fait l’objet d’une série télévisée populaire, disponible notamment sur la plate-forme Amazon Prime.

Le riche espagnol fut élu pape le 11 août 1492, par les deux-tiers des cardinaux votants. Cependant, pour s’assurer la victoire, on dit qu’il aurait soudoyé plusieurs d’entre eux.

Il prit le nom d’Alexandre VI.

Bien que, par son titre, il était désormais considéré comme la plus haute autorité morale après Dieu, on ne peut pas dire qu’il se soit illustré comme étant un exemple de chasteté.

En effet, Alexandre VI commettait le péché de la luxure avec excès, sans se soumettre à quelque limite que ce soit.

En plus de ses nombreuses maîtresses, auxquelles il fit environ huit enfants dont six furent officiellement reconnus, il couchait avec des femmes mariées, des eunuques, des jeunes garçons, des servantes, des chevaliers et même certains cardinaux.

Il organisait toutes sortes d’orgies auxquelles ont participé sa fille Lucrèce et son fils César.

Lors d’au moins l’une d’entre elles, on jetait des châtaignes sur le sol que des courtisanes nues devaient ramasser à quatre pattes. Les convives étaient alors invités à copuler avec elles, et Alexandre et ses enfants décernaient un prix au participant le plus viril et endurant.

Évidemment, son mode de vie fut rapidement connu et des scandales, autant sexuels que reliés à de la corruption, éclatèrent à Rome.

Un moine dominicain du nom de Jérôme Savonarole se risqua à critiquer le Saint-Siège publiquement, une décision audacieuse qui lui coûta très cher. Le pape fit arrêter ce dernier, lequel fut torturé puis exécuté.

La cause de la mort du souverain pontife, à 72 ans, est incertaine, mais l’hypothèse la plus crédible attribue à la malaria la responsabilité de la fin de son règne, en 1503.

Jean XIII – Le gambler

Le pape Jean XIII

Jean de Crescenzi devint le pape Jean XIII le 1er octobre 965, alors qu’il n’avait que 18 ans.

Dès le début de son règne, il sombra dans une décadence absolue, en transformant le Palais des Papes en véritable maison de débauche, où il pouvait satisfaire ses fantasmes avec les nombreuses prostituées qui fréquentaient l’endroit. Il aurait même repoussé les limites de la dépravation avec ses propres sœurs !

Jean XIII était aussi un incorrigible joueur de carte, qui se servait à même les offrandes de l’Église pour financer ses paris. Selon certaines sources, il n’hésitait pas d’ailleurs à invoquer des dieux païens, et même des démons, pour être favorisé au jeu.

En plus des vices déjà évoqués, « Johnny 13 » commit d’autres gestes dignes des pires criminels, dont le viol de pèlerines dans la Cathédrale St-Pierre et plusieurs meurtres.

Sa vie de perversion prit fin abruptement lorsqu’il fut surpris au lit par le mari de sa partenaire. Le cocu lui infligea alors une telle raclée que le pape mourut de ses blessures 3 jours plus tard.

Son règne fut si déshonorant pour l’Église que Jean XIII ne reçut pas les derniers sacrements avant de rendre l’âme.

Étienne VI – le pape macabre

Le pape Étienne VI interrogeant le cadavre du pape Formose

C’est en l’an 896 qu’eut lieu le bref et maladroit règne du pape Étienne VI, qui marqua tout de même l’histoire de façon morbide.

Alors que son prédécesseur, le pape Formose, avait promis la couronne d’empereur d’occident à une faction, celui-ci rompit l’alliance de la papauté en l’octroyant plutôt au représentant de sa rivale. Suite à la mort de Formose, la famille trahie était toujours en quête de vengeance. Selon cette dernière, cet affront ne devait pas rester impuni, et le fait que Formose était mort n’était pas un motif suffisant pour éviter d’être jugé ! Elle pousse donc le nouveau pape, Étienne VI, à tenir un procès posthume, connu sous le nom du concile cadavérique.

Étienne VI fit exhumer le corps de celui qui l’avait jadis nommé cardinal, pour le traduire devant son tribunal. Après avoir été déterré et vêtu des habits papaux, le cadavre de Formose fût installé sur un trône pour y subir son procès.

Étienne le fit comparaître, lui posant des questions qui restèrent sans réponse (vous devinez pourquoi !) et le déclara coupable ! Suite au verdict, on arracha trois doigts de la main droite du défunt pape et on annula toutes les décisions qu’il avait prises au cours de son règne. Le cadavre fut ensuite remis en terre, jusqu’à ce qu’on change d’idée pour finalement le jeter dans le Tibre (fleuve qui traverse la ville de Rome). Fait cocasse, le corps du défunt fut retrouvé pris dans des filets de pêche et on le remis en terre… pour une troisième fois !

Formose était grandement apprécié et ses partisans le vengèrent en étranglant Étienne VI, un an et demi après son accession au pouvoir.

Paul IV – L’antisémite

Le pape Paul IV

Élu en 1555, Paul IV a perpétué la tradition chrétienne de persécution des juifs, accusés de déicide (meurtre d’un dieu) par le Vatican. En effet, l’Église rendait responsable le peuple juif d’avoir fait condamner Jésus, en oubliant sans doute que ce dernier, ainsi que sa mère, son père et les apôtres, étaient aussi juifs !

Il commença par ordonner que soit brûlé tout ouvrage de littérature hébreu, tel que le Talmud.

Sa carrière d’antisémite de compétition prit son envol quand il décida que tous les juifs allaient devoir être identifiés d’un vêtement jaune.

S’enfonçant dans la haine, il confina la population juive dans des ghettos malfamés et limita les droits de ceux-ci. La propriété immobilière leur était désormais inaccessible et leur droit de faire du commerce fut réduit aux prêts sur gages et à la chiffonnerie. Il persécuta les populations juives de toutes les manières possibles. D’ailleurs, il se servi de la sainte Inquisition – dont il avait élargi les pouvoirs -, pour en faire exécuter plusieurs, notamment en les brûlant vifs.

Dans une bulle pontificale, Paul IV dit :

« Les Juifs… condamnés par Dieu à l’esclavage éternel à cause de leur faute… ont atteint un degré d’effronterie tel qu’ils s’enhardissent non seulement à vivre au milieu des Chrétiens, mais aussi au voisinage de leurs églises, sans aucune distinction d’habit, louant des Palais, et achetant ou possédant des terres, dans les rues ou les places principales… »

Les juifs, privés de leurs droits, le vêtement distinctif jaune, les ghettos… Ça vous rappelle quelque chose ?

Le 223e pape récolta les fruits de sa haine de façon posthume. Le peuple le détestait tellement qu’à sa mort, des célébrations eurent lieu, on mit le feu au Palais de l’Inquisition, on libéra plusieurs prisonniers du Vatican, on décapita et détruisit les statues à l’effigie de Paul IV. Son règne s’acheva donc dans le plus grand déshonneur.

La suite de l’histoire…


Dans cet article, découvrez les papes les plus rebelles de l'histoire de l'Église catholique, qui ont bravé les règles et transgressé les limites imposées par leur propre religion.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

3 réflexions au sujet de “Des papes « pas catholiques » – Partie 1”

  1. Incroyable, j’ai du mal à y croire ! C’est fou !
    Ces articles sont très intéressants, très bien écrits, et me font découvrir une face de notre Histoire, dont on ne parle pas, et pour cause !

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