Accueil » Art de vivre » Maison » Alimentation, cuisine et recettes » Le Pimbina: un petit fruit d’hiver que l’on retrouve au Québec

Le Pimbina: un petit fruit d’hiver que l’on retrouve au Québec

Autrefois, le pimbina était le rayon de soleil de l'hiver québécois!

Quand j’étais jeune, tous les petits fruits ronds, rouges ou violets, qui poussaient dans les buissons étaient «pour les oiseaux» et «poison pour nous». Du moins, c’est ce que me disait ma mère pour éviter que je ne m’empoisonne pour vrai!

Maintenant, biologiste franchement intéressée par notre patrimoine végétal comestible (ce qui se mange gratuitement dans ma forêt là!), je vois ces fruits d’un autre œil. Certains sont effectivement non comestibles. Certains ont un goût absolument horrible, mais ne sont pas toxiques et c’est franchement amusant à faire goûter aux gens durant les randonnées. Et d’autres sont tout simplement délicieux… et difficiles à trouver, car les oiseaux aussi en raffolent !

Dans cet article, je veux vous parler d’un de ces petits fruits qui faisait partie du patrimoine de nos grands-parents: le pimbina. Vous connaissez sans doute la gelée de pimbina si vous avez vécu en région rurale il y a quelques dizaines d’années, mais connaissez-vous le fruit en lui-même? Eh bien, peut-être qu’au fond, vous êtes mieux de vous en tenir à la gelée, car en toute honnêteté, le fruit goûte… le pet!


Le petit fruit rouge de l’hiver

Le pimbina, viorne trilobée, ou récemment renommée viorne Obier (Viburnum trilobum ou Viburnum opulus pour les très intimes), est assez facile à identifier. Une fois que vous l’avez reconnu, aucun risque de vous tromper, vous pouvez le manger!

1. Il se cueille en hiver. Oui, oui, le fruit est meilleur après avoir gelé et il perdure tout l’hiver sur son buisson. Il pousse généralement près de petits ruisseaux (voir directement dedans si c’est une petite rigole) et dans des endroits bien exposés au soleil.

2. Les fruits sont groupés sur une même petite grappe et ressemblent à un bouquet de ballon à l’envers. Ils sont d’un rouge éclatant, légèrement ovales, et pendent tous à la même hauteur.

3. Ouvrez un fruit: Il n’y a qu’une seule graine beige, elle est assez grosse et a une forme ovale aplatie. Un peu comme un grain d’orzo, en légèrement plus plat et large.

4. Finalement, quand vous êtes certains de votre identification, goûtez le fruit (en recrachant le noyau!). Ce n’est pas mauvais, c’est différent, ça rappelle un peu la canneberge, et puis ça arrive… Cette odeur de flatulence qui vient de l’intérieur de votre bouche et remonte dans votre nez!

Plaisir garanti à vivre cette expérience avec les enfants!


La gelée du terroir

Avant toutes les importations, quand on devait se contenter de nos récoltes, le pimbina était le rayon de soleil de l’hiver. Les jeunes allaient le cueillir, comme peut-être le faites-vous avec les fraises ou les framboises, et ramenaient leur récolte à la maison, la morve au nez et les joues rougies de froid. Maman, experte des fourneaux, pouvait alors concocter la délicieuse gelée écarlate. Des fruits frais en hiver au Québec, c’est assez rare, et ça faisait le bonheur de la maisonnée. Un bon boost de vitamine C en prime : le scorbut n’a qu’à bien se tenir!

Mais attention aux effluves durant la cuisson… Si la gelée n’a pas ce petit goût de «oups, je l’ai échappé», il en va autrement de l’odeur dans la maison! Car, voyez-vous, il faut souffrir pour profiter des bonnes choses, et ici, souffrir veut dire: endurer l’odeur rance de prout qui se répandra dans votre demeure pendant les quelque temps de la cuisson! Truc de pro pour amoindrir la pestilence: ajoutez quelques tranches d’agrume dans votre chaudron 😉

Je parle beaucoup de gelée de pimbina parce que c’est une recette bien connue, mais ce fruit peut également se cuisiner en tartes, en jus, etc. Le seul «hic», c’est le gros noyau qui rend son usage tel quel moins intéressant, c’est pourquoi on utilise principalement le jus. Autre élément à considérer si vous avez l’intention d’impressionner votre visite à Noël en remplaçant la fameuse gelée d’atocas par celle de pimbina: la teneur en pectine. Une gelée réussie doit se tenir un minimum et c’est la pectine contenue naturellement dans le fruit qui permet une texture plus solide que liquide. Seulement, dans le cas du pimbina, la pectine a tendance à disparaître à mesure que la saison avance. Si votre plan est d’en faire une gelée, tenez-vous le pour dit: cueillez-les tôt, mais idéalement après les premiers gels!

Voici notre recette de gelée de pimbina



Avant toutes les importations, quand on devait se contenter de nos récoltes, le pimbina était le rayon de soleil de l'hiver. Les jeunes allaient le cueillir, comme peut-être le faites-vous avec les fraises ou les framboises, et ramenaient leur récolte à la maison, la morve au nez et les joues rougies de froid.
Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!
Moyenne de 5 sur 14 votes

Photo de profil de Audrey Martel

Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

8 réflexions au sujet de “Le Pimbina: un petit fruit d’hiver que l’on retrouve au Québec”

    • Oui, c’est loin d’être une mauvaise idée… je pourrais en ajouter moi aussi !

      Merci et bonne semaine

  1. Bonjour, c’est dommage que nous n’en retrouvions plus partout car moi je me rappelle étant jeune, ma mère en faisait de la confiture en le passant au tamis pour enlever les noyaux, Nous en raffolions beaucoup. C’est un fruit qui se peut malheureusement. Merci pour la chronique.

    Répondre
  2. Hélène.
    Intéressant ,j’ai des pimbinas sur ma propriété mais je ne savais pas trop quoi faire des fruits. Pouvez vous un jour nous parler de l’aronie qui pousse bien un peu partout au Québec. Quel est le meilleur temps pour le cueillir et le cuisiner.

    Répondre

On veut votre avis sur ce contenu québécois