Accueil » Geek » Santé » Traitements inefficaces ou dangereux – Partie 2

Traitements inefficaces ou dangereux – Partie 2

Méfiez-vous : ces traitements peuvent être inefficaces ou dangereux

Les cures détoxifiantes

Bouteilles de jus trop chères

Ces cures à base de jus sont censées nettoyer le corps de soi-disant toxines, accumulées notamment dans le foie.

C’est quoi une toxine ?

Une toxine est une substance toxique produite par un être vivant. Par exemple, le venin de certains animaux comme les scorpions, les serpents et même des bactéries ou des virus.

Le corps humain ne produit pas et n’accumule pas de toxines.

Dans le monde des cures « détox », le mot toxine est employé à tort dans un argumentaire pseudo-scientifique, pour insinuer une peur chez le consommateur mal informé afin qu’il achète des produits « détoxifiants » vendus à gros prix. Le but est de faire croire aux gens que leur corps est rempli de toxines accumulées et que ces supposées toxines peuvent causer des maladies si elles ne sont pas évacuées grâce à leurs produits.

Le mythe du filtre

Un homme montre le « foie » de sa voiture

Dans la rhétorique « détox », on compare le foie à un filtre encrassé par diverses substances que l’on retrouve dans la nourriture ou l’environnement. Il s’agit d’une vision simpliste et erronée de cet organe qui, contrairement à un filtre, ne s’encrasse jamais. Il est aussi propre et sain en janvier qu’avant le temps des fêtes.

Le foie n’est pas un filtre. Il n’accumule pas de toxines. D’ailleurs, la tourtière de votre tante Rita n’en contient pas.  

Il est bien connu que, lorsque l’on craint pour sa santé ou que l’on appréhende le vieillissement, on est plus enclins à payer des sommes élevées pour des produits ou des soins. Parce que la santé et la jeunesse, ça n’a pas de prix !

Les fabricants de produits « détoxifiants » sont bien au fait de ce phénomène et savent en tirer parti. Si bien que les cures « détoxifiantes », ou cures de jus, représentent un marché de plusieurs milliards de dollars en Amérique du Nord.

Leurs breuvages sont censés énergiser, détoxifier, renforcer le système immunitaire, compenser pour un manque de soleil et autres prétentions qui n’ont aucun fondement scientifique.

Pour suivre une cure « détoxifiante », il faut se priver d’aliments solides pendant plusieurs jours, boire beaucoup d’eau et consommer environ 6 bouteilles de jus magique quotidiennement… à 20$ la bouteille !

Ces jus sont effectivement très riches en vitamines, notamment en vitamine C. Mais le corps ne peut absorber plus d’une certaine quantité de cette vitamine par jour, soit environ 100 milligrammes. Le reste est évacué par l’urine. Autrement dit, une grande partie de votre investissement se retrouve aux toilettes. Les breuvages « détoxifiants » sont très pauvres en fibres et en protéines. Par contre, elles sont très riches en sucre.

Parce que… c’est du jus !

Rien que du jus.

En résumé, on vous vend à gros prix des jus plein de sucre, qui contiennent trop de vitamines et pas assez de nutriments pour nettoyer votre foie de toxines qui n’existent pas.

Dit comme ça, c’est moins vendeur, hein ?

L’urinothérapie

Calmez-vous, c’est juste du jus de pommes !

Une étrange pratique basée sur des croyances selon lesquelles l’urine aurait des vertus thérapeutiques. Des massages à l’urine, des cataplasmes, voire des inhalations, font partie des « traitements » à base d’urine.

Certains vont même jusqu’à se l’injecter !

Cependant, la pratique la plus répandue est simplement de boire de l’urine.

Les gens qui pratiquent, conseillent ou défendent l’urinothérapie affirment que l’urine est efficace pour combattre une panoplie de maladies comme l’asthme, la dépression, les migraines, la grippe, les otites, les maux de dos et même le cancer.

Cependant, aucune étude scientifique ne permet de telles affirmations. La popularité récente de « l’or jaune » est principalement due à l’endossement de cette croyance par quelques personnalités connues et à la recrudescence de la désinformation concernant la santé sur les réseaux sociaux.

L’urinothérapie tient plus du domaine de la croyance que de la science. Aucun résultat n’a été démontré pour cette pratique, dont les premières traces dans l’histoire remontent à plus de 5 000 ans.

Est-ce dangereux ?

La réponse simple est non. L’urine est composée d’eau à 95%. Les 5% restants sont composés de divers minéraux, d’hormones, de surplus de vitamines et autres déchets de l’organisme.

C’est à ces 5% que les buveurs de pipi attribuent toutes sortes de vertus farfelues.

Si l’urine est stérile et que son producteur ne souffre pas d’une infection, il n’y a aucun danger à la boire. Mais il n’y a aucun bénéfice non plus… sauf si vous en appréciez la saveur ! Comme on dit, tous les goûts sont dans la nature…

Le seul danger intervient quand une personne malade abandonne un traitement médical prescrit pour privilégier une approche non reconnue par la science, comme l’urinothérapie. Cette personne peut mettre sa santé, voire sa vie en danger, en plus d’enrichir des charlatans.

Finalement, la seule conséquence réelle de l’ingestion d’urine semble être de conférer à son consommateur… une haleine de pisse !

La lithothérapie

Une poignée de roches

Cette médecine (très) alternative est intimement liée au domaine de l’ésotérisme. Elle a été popularisée dans les années 70, durant la période New Age, un courant de pensée axé sur la spiritualité, l’astrologie, le spiritisme…

La mode a duré quelques années, mais rapidement, la lithothérapie est retournée en marge de la société, où elle n’était pratiquée que par quelques « tripeux » nostalgiques.

Jusqu’à ce qu’intervienne Internet. Avec une pléthore de sites de désinformation qui les propulsent, toutes les pseudosciences semblent connaître une seconde vie avec l’essor du Web.

Selon les préceptes de la lithothérapie qui, vous l’aurez deviné, n’a aucun fondement scientifique, certaines pierres précieuses ou semi-précieuses auraient la capacité d’emmagasiner et de libérer de l’énergie, des informations et même les sentiments de celui qui les porte.

De surcroît, on explique qu’il faudrait décharger les pierres des mauvaises énergies et des émotions négatives accumulées. On suggère de purifier les pierres en les exposant à l’air, à de la fumée d’encens, des vapeurs d’huiles essentielles ou des émotions positives, comme le rire.

Pour le rire, ça devrait bien aller !

Surtout lorsqu’on affirme que les cristaux se vident comme des batteries après avoir transféré toute leur énergie à leur porteur… d’autant plus si le porteur est malade ou malheureux. Ce minerai a pris des millions d’années à se former, mais après une semaine chez Raynald qui fait une gastro, il est vidé !

Raynald, lui, il peut dormir en paix, parce que ses pierres peuvent être rechargées en les exposant, selon les « modèles », à la lumière du soleil ou de la lune !  Et quand ça ne marche plus – ça marche jamais -, pas de problème ! Y’en a plein d’autres à vendre à la boutique ésotérique, au kiosque de la « diseuse de bonne aventure » du marché aux puces, ou en ligne sur le Web !

En plus de manger les émotions négatives et donner de l’énergie, ces petites garnottes seraient capables de guérir nombre d’afflictions.

En gros, ce sont des pierres magiques qui guérissent et qui rendent heureux.

Chose certaine, ça rend heureux le gars qui vend, à prix d’or, des roches sans valeur.

L’Homéopathie

Reconstitution dramatique d’un homéopathe à l’oeuvre

Après les roches magiques… l’eau magique !

L’homéopathie est beaucoup moins moderne que l’on puisse le croire. Cette pseudoscience (hé oui, encore !) fut imaginée par Samuel Hahnemann en 1796.

L’homéopathie repose principalement sur les principes de la similitude et de la dilution.

La similitude

On croit, par exemple, que la forme et l’aspect général des plantes déterminent leur fonction dans le corps humain.

La forme des haricots rouges rappelle celle des reins humains. Conclusion : les haricots sont bons pour les reins.

Les noix de Grenoble ressemblent à des petites cervelles dans leur coquille, que l’on peut comparer à un crâne. Conclusion : les noix nourrissent le cerveau.

Ben oui, c’est aussi niaiseux que ça !

Soigner le mal par le mal.

C’est aussi sur le principe de similitude que se basent les « médicaments » homéopathiques. On dit que si un produit toxique cause une maladie, le même produit, une fois traité selon la technique homéopathique, a le pouvoir de guérir la maladie qui en émane.

Quelle est cette mystérieuse technique qui inverse le pouvoir des produits toxiques ? Qui transforme le poison en antidote ? La toxine en médicament ? Le brocoli en bacon ? (N.D.L.R. Je me suis laissé emporter, oubliez le brocoli et le bacon) !

(Roulement de tambour…)

La haute-dilution !

Samuel Hanemann savait qu’il risquait davantage de tuer ses patients plutôt que de les guérir en leur administrant ce qui les avait rendus malades au départ. Ça, c’est logique !

Il a remédié à cette petite entrave en imaginant la haute-dilution. Selon ce principe, plus une substance est diluée, plus son pouvoir guérisseur est puissant. Donc, on dilue la solution, encore et encore, pour qu’il reste moins d’une molécule de la substance toxique dans l’eau, c’est-à-dire que la quantité de la toxine soit de 0%.

Autrement dit, il n’y a plus aucune trace de quoi que ce soit dans l’eau. Mais… il ne faut pas oublier de tenir compte de la mémoire aquatique !

Vous avez bien lu.

Les homéopathes, conscients qu’ils vendent ni plus ni moins que de l’eau, se rabattent sur une autre croyance loufoque : l’eau se souvient de la substance toxique de laquelle il n’y a plus aucune trace.

Ça ne fait pas de sens, dites-vous ? Vous avez bien raison !

Même si on en trouve les produits dans toutes les pharmacies, l’homéopathie ne repose sur aucun principe scientifique et son efficacité n’a jamais été prouvée. Les études sérieuses qui s’y sont attardées n’ont relevé qu’un taux d’efficacité comparable à l’effet placebo, auquel il est plus vraisemblablement attribué.

L’homéopathie est souvent présentée comme une médecine naturelle et bienveillante, une industrie artisanale, à l’inverse des compagnies pharmaceutiques diaboliques qui engrangent des profits indécents en vendant leurs « vrais médicaments » !

Mais même si la personne qui essaie de vous en vendre s’habille en chanvre et qu’elle a une haleine de thé-vert-bio-équitable dans sa boutique de produits naturels meublée en rotin, sachez que les produits homéopathiques sont fabriqués dans les usines d’une industrie qui génère des profits annuels de 3,8 milliards de dollars américains… pour des faux médicaments ! Une industrie en pleine croissance d’ailleurs.

La morale de l’histoire : on peut arriver à vendre n’importe quoi, tant qu’on trouve des gens qui nous croient !



On peut arriver à vendre n’importe quoi, tant qu’on trouve des gens qui nous croient !
Partager cette trouvaille!Partager!Envoyer par courrielEnvoyer!
Moyenne de 5 sur 5 votes

Photo de profil de François Paquette

François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

1 réflexion au sujet de « Traitements inefficaces ou dangereux – Partie 2 »

  1. On montionne souvent que les « complotistes » n’ont pas de références pour appuyer leur propos. Sa aurait été interessant d’avoir quelques références a vos propos, même si je sais que vous avez faites vos recherches avec « rigueur cali**e ». 😄.

    Répondre

On veut votre avis sur ce contenu québécois