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Offenbach: Pionniers du rock québécois

Comment Offenbach a écrit les premières pages du rock au Québec 🎶🎸

Offenbach est la version finale de plusieurs moutures d’un même groupe ayant évolué durant les années 60, avec essentiellement les mêmes musiciens. Gérald (Gerry) Boulet, Denis (Le Vieux) Boulet, Jean (Johnny) Gravel, et Michel (Willy) Lamothe (fils du chanteur country populaire Willie Lamothe) forment le groupe Les Gants Blancs.

Les Gants Blancs donnent quelques spectacles et tente de percer dans la musique yéyé.

Plus tard, la formation portera d’autres noms, notamment Opera Pop d’Offenbach et Offenbach Soap Opera qui aboutira à Offenbach tout court !

En 1971, le nouveau gérant du groupe présente le cinéaste, parolier et musicien, Pierre Harel, aux membres originaux. Il intègre rapidement Offenbach à titre d’auteur et de chanteur. Pierre Harel s’applique à convaincre le groupe de rocker en français québécois bien assumé ! C’est sous son influence que la phrase « Calling the blues » se serait transformée en « Câline de blues » !

Un premier opus prometteur

Le premier album officiel d’Offenbach paraît en 1972. Il porte le titre de Soap Opera et comprend des chansons en anglais et en français. Certaines sont chantées par Pierre et d’autres par Gerry. Deux titres de l’album deviendront des classiques : Câline de blues et Faut que j’me pousse.

Premier album live : Une messe des morts !

Le succès de ces deux pièces donne un élan certain au groupe qui doit cependant remplacer son batteur, Denis, le frère aîné de Gerry. Peu de temps après le départ de Denis Boulet, Roger (Wézo) Belval le remplace, à temps pour enregistrer le second disque et premier album live du groupe : Saint-Chrone de Néant. L’enregistrement a lieu le 30 novembre 1972 devant 3000 personnes à l’Oratoire St-Joseph. L’événement est une concrétisation du projet de Pierre Harel de faire une Messe des Morts. Le prêtre capucin Yvon Hubert, participe au projet en faisant montre d’une ouverture d’esprit peu commune pour l’époque ! La messe est composée d’un mélange étonnant de rock et de chants liturgiques en latin !

Les films

En 1973, Offenbach se consacre à composer la musique du film Bulldozer de Pierre Harel. Le film restera underground ainsi que l’album qui contient pourtant des pièces intéressantes comme Bulldozer, Kadrill et une version inédite de Câline de blues sur laquelle Gerry Boulet ajoute une piste de saxophone.

Tabarnac !

Une fois cette œuvre achevée, Offenbach prend la route des Vieux Pays après que le cinéaste Claude Faraldo soit parvenu à les convaincre de faire une tournée en France. Faraldo a l’intention de réaliser un documentaire sur le groupe québécois en comptant filmer leur quotidien durant leur séjour. Il en ressortira des scènes assez étonnantes. Il y a d’abord, des extraits de performances en spectacle mémorables. Il y a aussi beaucoup de scènes qui se déroulent dans la maison où est hébergé le groupe. Dans ce qui ressemble à un film amateur, on voit les membres d’Offenbach complètement défoncés à l’alcool et à la drogue festoyer nuit et jour et faire toutes sortes de conneries comme brûler du mobilier de la maison à l’extérieur. Lorsque les gendarmes, attirés par la consommation de drogue et les mœurs douteuses du groupe, se pointent sur place, ils sont accueillis par Gerry Boulet qui soulève sa robe de chambre pour présenter son cul (et même ses couilles !) aux policiers ! Rock ‘n roll lifestyle !

Tabarnac, le troisième album du groupe qui en ressort contient les titres L’hymne à l’amour, Promenade sur Mars et Ma patrie est à terre. Le film du même nom ne sera disponible que 20 ans plus tard en vidéocassette, au Québec seulement.

En 1974, Pierre Harel quitte le groupe. Toutefois, il continuera à écrire pour Offenbach jusqu’en 1977.

Faux-pas !

En 1976, Offenbach tente une percée anglophone. Ils s’exilent à Toronto pour réaliser Never Too Tender. Le Québec, plongé dans le nationalisme à la suite de l’élection du Parti québécois de René Lévesque, rêve d’indépendance. Évidemment, c’était sans doute le pire moment de l’histoire du Québec pour sortir un album en anglais. Il sera boudé des québécois.

Les choses s’arrangent 1977 avec le nouvel album éponyme du groupe. Les chansons « La voix que j’ai », « Chu’ un rocker » et « Le blues me guette » sont des succès. Cependant, le groupe continue de se morceler. Michel (Willie) Lamothe et Roger (Wézo) Belval partent rejoindre Pierre Harel au sein de la formation Corbeau avec l’explosive chanteuse Marjo.

Deux Ontariens prendront leur relève dans Offenbach. Il s’agit de Breen Leboeuf à la basse et au chant, ainsi que John McGale à la guitare et au saxophone. Pierre Lavoie soutiendra le rythme à la batterie de façon temporaire.

Pour son prochain album intitulé Traversion, Offenbach fait appel aux services du parolier Pierre Huet, un collaborateur du groupe culte Beau Dommage. Il écrit huit des dix chansons de l’album. Traversion paraît en 1979. Sur le disque, sont couchée les pièces « Ayoye », « Je chante comme un coyote », « Deux autres bières » et « Mes blues passent pu dans porte » chantée par Breen Leboeuf. L’album connaît un grand succès et il est même récompensé avec le trophée Félix de l’album rock de l’année au tout premier gala de l’ADISQ.

Cette même année, le groupe fait une fois de plus preuve d’audace et se lance dans un projet avec le Big Band de Vic Vogel. Le projet jazz-rock est immortalisé lors de concerts les 30 et 31 mars 1979. L’album live En Fusion devient le premier disque d’or d’Offenbach. Bob Harrison est à la batterie.

Le Forum

Le 3 avril 1980, Offenbach brise la glace du Forum de Montréal. L’amphithéâtre légendaire des Canadiens de Montréal, ou seuls des artistes étrangers de forte notoriété se produisent, accueille pour la première fois de son histoire en tête d’affiche, un groupe québécois. 10 000 fans d’Offenbach font un triomphe au groupe. Au sommet de sa gloire, Offenbach se produit un peu plus tard avec le légendaire Chuck Berry après une seconde tournée en France, moins chaotique celle-là.

Offenbach tente à nouveau de séduire le public anglophone avec un second album en anglais. Cette autre tentative est aussi infructueuse et Rock Bottom passe inaperçu. Le disque suivant, Coup de Foudre, dont la moitié des chansons sont l’œuvre de John McGale, fonctionne mieux, sans être un grand succès populaire.

Avec son nouveau batteur, Pat Martel, Offenbach sort Tonnedebrick en 1982. La puissance créative du groupe repose désormais sur John McGale qui signe huit des dix chansons de l’album. Pour en faire la promotion, le groupe repart en tournée, cette fois avec Plume Latraverse. La série de concerts culmine au Forum de Montréal le 17 septembre 1983.

Ce concert est immortalisé sur l’album live À fond d’train. Pierre Flynn du groupe Octobre, s’ajoute à l’expédition pour accompagner Plume.

La fin

Gerry Boulet sort son premier album solo, « Presque 40 ans de blues » en 1984. En parallèle, Offenbach produit son dernier album original intitulé Rockorama avec la collaboration de Michel Rivard, le leader de Beau Dommage. Deux succès se glissent sur ce dernier opus paru en 1985 : « La louve » et « Seulement qu’une aventure ».

Le 1er novembre suivant, Offenbach donne son spectacle d’adieu qui sera imprimé sur disque et sur DVD plus tard sous le nom « Le dernier show ».

L’hymne à l’amour d’Edith Piaf chantée par Gerry lors du Dernier Show au forum.

Gerry Boulet connaît enfin le succès en solo avec son album Rendez-vous Doux en 1988 alors qu’il combat un violent cancer. La maladie l’emporte le 18 juillet 1990 à l’âge de 44 ans.

Les autres membres ont continué leurs carrières musicales en se joignant à d’autres formations ou en solo.

Au cours de son existence, Offenbach remporte 5 Félix pour ses albums et ses spectacles. Toutefois, la plus grande gloire du groupe légendaire est certainement d’avoir prouvé que du bon rock, ça peut se faire en québécois et que l’audace fait tomber les barrières. Offenbach a défriché le terrain et ouvert la route pour les groupes qui ont suivis et leur influence s’entend encore dans la musique d’aujourd’hui.



Offenbach n'est pas un simple groupe de rock; il a ouvert la voie au rock québécois! Découvrez ceux qui ont façonné le son du rock au Québec.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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