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7 insectes insolites à découvrir au Québec

7 insectes bizarres du Québec qui vont vous laisser bouche bée! 🐛🦗

Avant d’être biologiste, je considérais les insectes comme «trop petits pour être intéressants». Grave erreur! Maintenant, plusieurs années plus tard, je les trouve fascinants. Sans joke! Je peux passer cinq minutes à suivre l’évolution d’un insecte en terrain difficile pour trouver de la nourriture! Parfois, j’en capture et je les regarde au microscope pour satisfaire ma curiosité.

Pourquoi je vous raconte tout ça? Parce que j’ai décidé de partager avec vous mon top 7 personnel des insectes les plus étranges sur lesquels je suis tombée. Voyez ça comme une initiation au monde du tout petit… ou un horror show! C’est selon 😉

Chrysope verte, ou: la genre de petite libellule verte

On commence doucement avec une bestiole vraiment mignonne. Sa couleur verte éclatante peut surprendre, mais ce que je trouve absolument magnifique chez elle, ce sont ses ailes transparentes qui ressemblent à de la dentelle.

Photo: Dirk Petersmann

Bien que la chrysope ne soit pas du tout une libellule, elle est un chasseur tout aussi efficace, et même plus! En fait, les larves** et les adultes sont des prédateurs de pucerons et d’autres insectes nuisibles aux cultures. Il n’est donc pas rare que les cultivateurs (ou les amoureux de plante d’intérieur comme moi!) les utilisent pour contrôler les pestes des plantes. Elles nous rendent donc un énorme service en protégeant notre nourriture. Alors tout le monde ensemble: MERCI LES CHRYSOPES!

**La MAJORITÉ des insectes font ce qu’on appelle la métamorphose. Vous êtes familiers avec la chenille, cocon/chrysalide, papillon? Eh bien c’est ça la métamorphose chez les insectes. Plus généralement, on appelle les différents stades larve, nymphe et adulte. Pourquoi c’est différent pour les papillons si c’est pareil? ……. Partez moi pas sur le sujet de la langue française et des puristes de l’entomologie!

Corydale, ou: l’espèce de grosse libellule laide avec des grosses pinces

Un autre sosie de libellule, mais qui est loin d’en être une, est le mégaloptère. Certains l’appellent aussi corydale ou chauliode.

En voyant cette bestiole de près de 7 centimètres, les gens, généralement, PANIQUENT ! Je vous l’accorde, elle n’est pas très engageante… ou plutôt: il. Seul le mâle a ces espèces de grosses pinces/dents/cauchemar dans la bouche. C’est en fait une partie de sa bouche qui est ultra-développée: les mandibules.

Permettez-moi de mettre fin à vos idées de brûler votre maison si vous en voyez: les mandibules ne servent pas à mordre chez le mâle, mais plutôt à tenir la femelle lors de la copulation! Oui, oui: fifty shade peut aller se rhabiller, les insectes faisaient du BDSM bien avant! La femelle, cependant, peut se servir de ses mandibules plus courtes pour mordre en cas de danger.

Ce qui est intéressant chez cet insecte, c’est que le cycle de vie complet (de la larve à l’adulte) prend de 2 à 5 ans. La plus longue partie est sous forme de larve (l’adulte ne mange pas alors… ce stade est assez court chez ce mégloptère!). Les larves sont aquatiques et sont prédatrices. Elles ont besoin d’une eau douce et peu polluée, ce qui en fait un bio-indicateur.

Un quoi?

Une espèce dont la présence témoigne d’un milieu en santé. Les pêcheurs capturent parfois ces larves pour les utiliser comme appât, mais attention! Elles mordent!

Tipule, ou: le maringouin géant

Il existe des MILLIONS d’espèces d’insectes et on n’en connait que quelques dizaines. Il est donc normal d’essayer de nommer un insecte selon ce qu’on connait. Vous me voyez venir? Eh oui, tout comme les chrysopes et mégaloptères n’ont rien à voir avec les libellules, la tipule n’est pas non plus un maringouin!

Photo: len-n-kayley

Elle est quand même une cousine pas trop éloignée de ce moustique piqueur puisque tous les deux font partie du même groupe. Vous pouvez deviner lequel? Les mouches! Je sais, je sais… on ne ressemble pas toujours à nos cousins.

La tipule, donc! C’est une mouche inoffensive qui ne pique pas. En Europe, c’est un ravageur important dans les champs, mais ici, elle cause peu de dommage. Sa larve vit dans la terre à quelques centimètres de la surface et se nourrit des jeunes végétaux. Elle mange les jeunes pousses de gazon et de graminées. C’est peut-être même à cause de leur présence que vous avez des «spots» de gazon jaune.

Larve de coccinelle, ou : kossé ça, ciboire!?

Larve de coccinelle asiatique. Photo: jynnyking

Tout droit sorti d’un film d’horreur hein? C’est moche une larve de coccinelle. C’est effrayant. Ça ressemble à un dinosaure et c’est beaucoup trop gros. Une autre info pour vous convaincre que c’est un monstre: elle mange tout ce qu’elle trouve et entre dans sa bouche. Ça inclut les autres larves de la fratrie. Ben oui, toé chose! Elles sont cannibales!

Les coccinelles à tous les stades sont des prédateurs de pucerons efficaces et elles sont largement utilisées dans les champs. Un autre petit soldat de la lutte biologique. Avez-vous une invasion de coccinelles (adultes) à l’automne? Ça veut dire que les champs alentour ont été tondus et qu’elles ont pris leur envol! Gardez la bouche fermée quand vous sortez 😉

Notonecte, ou: un alien dans le marais

Après le dinosaure, l’extraterrestre! Je vous assure pourtant qu’il s’agit d’un insecte. Une chose que je trouve très impressionnante dans le monde des insectes, c’est la capacité qu’ont certains d’entre eux à vivre dans l’eau. Pas dessus, comme les fameux patineurs, mais bien sous la surface! C’est le cas de plusieurs larves, comme mentionné plus haut, mais aussi de la notonecte.

Nageuse sur le dos confirmé, elle se laisse parfois flotter à la surface avec seulement l’abdomen qui émerge pour respirer. Les insectes ne respirent pas par un nez comme nous: ils ont des trous microscopiques un peu partout sur leur corps et l’air y circule librement. Je sais… c’est étrange. Dans l’eau, certains peuvent «retenir leur respiration» en bloquant les trous minuscules. D’autres trainent sur leur corps des petites poches d’aires, et d’autres encore, surtout au stade larvaire, ont des branchies. La notonecte appartient au deuxième groupe: elle a sur son abdomen des petits poils qui créent deux poches d’air. Ce n’est pas conscient cependant. Avec la tension de l’eau, il n’est tout simplement pas possible de mouiller ces poils!

(En passant, si vous voulez expérimenter à quoi ça peut ressembler, plongez un pissenlit blanc dans l’eau: c’est surprenant de le voir ressortir sec!)

Avez-vous déjà entendu dire qu’on doit faire tomber les insectes nuisibles (comme les scarabées japonais par exemble) dans de l’eau savoneuse? C’est que le savon annule la tension de surface de l’eau. Les insectes ne peuvent donc plus flotter ou accumuler de poches d’air.

Bref, la notonecte est une excellente nageuse, elle vole également, et elle est attirée par la lumière, ce qui explique qu’on en retrouve parfois dans la piscine. Attention en les sortant: ça peut piquer! Il vaut mieux utiliser le filet.

Longicorne, ou: une bibite avec des méchantes longues antennes

Une de mes préférées! Le longicorne n’a pas toujours des antennes siiiii longues; ça dépend de l’espèce et il y en a quand même 25 000 dans le monde. Mais quand j’en vois, c’est toujours le longicorne noir avec des antennes longues comme de deux fois son corps (pour le mâle). Peut-être qu’elles sont plus aventureuses?

Longicorne noir. Photo: Alexander Skevington

De toutes les fois où j’en ai vu, elles apparaissent toujours des deux mêmes façons. Soit il s’est installé sur l’épaule de quelqu’un sans qu’il ne s’en aperçoive — et il va éventuellement faire une mini crise cardiaque en le voyant —, soit mon chien l’a trouvée, joue avec et, éventuellement, va le manger… Un grand prédateur mon caniche! Plus les bestioles sont grosses, plus il les aime… Je crois qu’il est amateur de dedans fondants… Bref!

La larve peut être considérée comme un ravageur pour les exploiteurs de bois, mais son rôle écologique consiste surtout à décomposer le bois mort. Les larves creusent des trous dans les troncs, facilitant l’installation des champignons décomposeurs.

Dommage causé par le longicorne asiatique, un envahisseur nuisible au Canada. Photo: gouvernement du Canada

Pélécinide, ou: AAAAAAAAHHHH!!!!

Si on reste dans les parties de corps démesurées, je vous présente une guêpe unique au Québec car elle est la seule représentante de sa famille: la pélécinide.

Photo: juliachj

«Quoi? Une guêpe? Ça y est, on va tous mourir! Son dard se rend clairement jusqu’à notre cerveau si elle nous pique!!»

Minute papillon! Cette guêpe ne pique pas. En fait, ce n’est même pas un dard; c’est son abdomen. Un très long abdomen qui sert à aller pondre ses œufs dans les larves de hannetons qui se cachent sous terre ou dans le bois (oui, elle pond dans un autre insecte…!). C’est une guêpe parasite qui n’est nullement dangereuse pour les humains et, pour une fois, c’est la femelle qui a la forme la plus «impressionnante». Le mâle a un abdomen qui fait environ le tiers de celui de la femelle.

Voilà, ça fait 7! J’ai eu du mal à n’en choisir que 7, mais hey! Si vous en voulez d’autres, vous n’avez qu’à demander une suite à cet article, ou mieux: sortez observer les insectes par vous-même!



Aimez-vous les curiosités de la nature? Voici 7 insectes étranges que vous pourriez rencontrer au Québec!
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Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

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