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Deuxième Guerre mondiale : La bataille du Saint-Laurent

🛳️⚓ L'attaque méconnue du Canada pendant la Deuxième Guerre Mondiale : la bataille du Saint-Laurent!

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, la voie maritime du fleuve Saint-Laurent est régulièrement parcourue par des convois transportant des troupes et du matériel vers le Royaume-Uni. Afin d’empêcher le ravitaillement des forces alliées en Europe, des U-boots (sous-marins allemands) font des incursions régulières dans les eaux québécoises pour attaquer les convois alliés. De 1942 à 1944, 23 navires sont coulés par la marine nazie. Ces attaques font des centaines de victimes. Pour la première fois depuis la Guerre de 1812, des navires s’affrontent sur le Fleuve Saint-Laurent.

Un convoi remonte le Saint-Laurent durant la Deuxième Guerre Mondiale

À partir de 1942, les convois de renforts se multiplient sur le St-Laurent à mesure que la guerre s’intensifie en Europe. Les ports le long du littoral québécois, jouent un rôle crucial de ravitaillement des convois. Les navires transitent par les ports de Montréal, Trois-Rivières et Québec avant de se rendre en Nouvelle-Écosse aux ports de Sydney et Halifax qui agissent à titre de points de rassemblement avant la traversée de l’Atlantique.

Afin de protéger les convois, une nouvelle base navale est inaugurée le 1er mai 1942 à Gaspé, le NCSM Fort Ramsay. Toutefois, la base est gravement sous-équipée pour faire face à la menace des U-boots. Un seul vaisseau d’à peine 18 mètres y est stationné et le fort ne dispose d’aucun avion pour patrouiller la voie maritime.

Le NCSM Fort Ramsay

L’inefficacité des installations est rapidement révélée lorsque le sous-marin allemand U-553 s’invite dans le golfe du Saint-Laurent à peine quelques jours après la mise en opération de Fort Ramsay. Sa première cible est le SS Nicova un navire marchand en provenance de Montréal qui croise au large de la Côte-Nord. Le cargo est route pour Halifax où il doit se joindre à un convoi transatlantique. Malheureusement, il ne s’y rendra jamais. À 23h52 le 11 mai 1942, le U-553 lance une torpille qui frappe le SS Nicova de plein fouet. 19 minutes plus tard, alors que l’équipage est en train de mettre ses canots de sauvetage à la mer pour évacuer le navire en perdition, une seconde torpille atteint le navire marchand. 6 membres de d’équipage périssent.

À peine deux heures plus tard, le U-553 passe à sa prochaine cible, le SS Leto. Le cargo sans défense est coulé en quelques minutes seulement. Parmi les 43 membres de son équipage, 12 trouvent la mort durant l’attaque. Des témoignages de marin survivants ont révélé que la surveillance était plutôt relâchée et que personne n’était posté aux postes de défense du navire lorsque l’attaque est survenue. Déjà à l’époque, on connaissait le risque de rencontrer un sous-marin allemand dans le Fleuve. Peut-être l’avait-on sous-estimé…

Le SS Leto

Pris au dépourvu, le Commandement atlantique de la Marine interrompt temporairement toute circulation dans la voie maritime du Saint-Laurent. Celle-ci reprend quelques jours plus tard, mais les convois sont désormais escortés par des navires bien armés, appuyés par des avions de surveillance déployés le long du Fleuve.

Cependant, la menace des U-boots n’est pas éliminée pour autant. Quelques semaines plus tard, le 6 juillet 1942, le sous-marin U-132 s’attaque à un convoi de 12 navires en route pour Sydney en Nouvelle-Écosse. Le U-boot allemand coule trois navires avant de prendre la fuite.

Ce canon, toujours posté à Fort-Péninsule en Gaspésie, a une portée de 9 km

On renforce une fois de plus des défenses dans le Fleuve Saint-Laurent et on adopte des tactiques plus agressives. L’appui aérien passe de son rôle de surveillance à celui de chasseur actif de sous-marins. Les convois de ravitaillement ne sont plus sans défense.

Toutefois, les attaques continuent.

Le 6 septembre 1942, un autre U-boot, le U-165 attaque un convoi de huit navires marchands, pourtant protégé par cinq vaisseaux de guerre. Le sous-marin coule deux bâtiments, dont l’un des navires d’escorte, le yacht armé Racoon. Les 38 marins qui forment son équipage périssent.

Le Racoon

Dès le lendemain, le même convoi est la proie d’un autre sous-marin, le U-517. Cette fois, trois cargos finissent au fond du Fleuve. La supériorité des U-boots est écrasante et force le gouvernement fédéral à fermer le Fleuve Saint-Laurent à toute navigation en provenance ou en direction d’outremer. La tactique des nazis fonctionne, la chaîne d’approvisionnement en provenance de l’Amérique du Nord est rompue. Les ressources militaires qui défendaient le Fleuve auraient été redéployées en Méditerranée.

Le Fleuve qui n’est maintenant fréquenté que pour les besoins intérieurs du pays, n’a plus de réelle influence sur le déroulement de la guerre en Europe. Les Allemands cessent temporairement les attaques et la voie maritime redevient progressivement sécuritaire.

Alors qu’il se retire du Fleuve Saint-Laurent le matin du 14 octobre 1942, le submersible allemand U-69 repère le SS Caribou, un traversier qui relie North Sydney en Nouvelle-Écosse et Port-aux-Basques à Terre-Neuve.

Le SS Caribou

Lorsque la première torpille frappe le SS Caribou, le navire qui l’escorte, le NCSM Grandmère, riposte immédiatement. Il charge le sous-marin dans le but de l’emboutir. Le U-69 l’esquive de justesse et prend la fuite.

Le NCSM Grandmère

Après deux heures de poursuite, le NCSM Grandmère abandonne la chasse et se dirige vers le SS Caribou pour porter secours aux survivants. Sur 237 passagers et membres d’équipage, seuls 103 sont retrouvés vivants. Deux des rescapés succombent tout même d’hypothermie, s’ajoutant au nombre des victimes du U-69. Il s’agît de l’attaque la plus meurtrière de la bataille du Saint-Laurent.

Des survivants du torpillage du SS Caribou

En six mois seulement, 21 navires sont coulés par les U-boots allemands en eaux canadiennes, dont le SS Caribou qui transportaient des civils, hommes, femmes et enfants.

Les U-Boots ne lancent aucune attaque dans le Saint-Laurent jusqu’en 1944. Quelques-uns croisent toujours dans le fleuve, mais ils sont maintenant affectés à des missions de sauvetage de prisonniers ou à des activités d’espionnage.

Une carte allemande du fleuve et du golfe Saint-Laurent trouvée dans un U-boot capturé

La voie maritime sera de nouveau grandement sollicitée en prévision du débarquement du jour J qui aura lieu le 6 juin 1944. Les besoins sont énormes et les convois de ravitaillement reprennent le long du Fleuve. Cela donne lieu à seconde vague d’attaques de U-Boots.

Mais les choses ont changé depuis 1942. Les progrès en matière de renseignement et de communication compliquent la tâche des sous-mariniers allemands. Les navires sont même en mesure de naviguer sans escorte. On ne déploie les navires de défense que lorsque l’on sait que sous-marins sont présents.

Lorsque les Allemands prévoient un déploiement de U-boots dans le Saint-Laurent en août 1944, les Alliés interceptent les communications ennemies et attendent les marins nazis de pied ferme.

La surveillance intense et la chasse au sous-marin à l’entrée de l’estuaire est telle, que les U-boots sont confinés dans les profondeurs, d’où ils ne sont pas en mesure de mener d’attaques. Dès qu’il font surface, ils risquent d’être repérés et détruits. Durant cette seconde offensive, seuls trois navires alliés sont torpillés et seul l’un d’entre eux sombre dans les profondeurs. Il s’agît du NCSM Shawinigan qui est ancré au large de Port-aux-Basques.

Le NCSM Shawinigan

Le U-1228 lance une torpille fatidique qui cause des dégâts catastrophiques au SS Shawinigan qui sombre rapidement en entraînant ses 91 membres d’équipage dans la mort. Le SS Shawinigan est le dernier navire à être perdu dans les eaux du Saint-Laurent.

Un Monument à la mémoire des combattants canadiens qui ont péri en mer est érigé à l’entrée du port d’Halifax

Au cours de la guerre, la voie maritime du Saint-Laurent a permis à 440 convois composés de plus de 2 200 navires d’assurer le ravitaillement outremer des forces Alliées en Europe. Les marins qui ont risqué leur vie pour remplir cette mission cruciale ont eu un impact important sur l’issue de la Deuxième Guerre mondiale.



Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, la bataille du Saint-Laurent demeure un épisode peu connu mais déterminant du conflit global.
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François Paquette

Animateur de radio, podcaster et blogueur.

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